D’abord forgée autour de la notion de risque et d’innovation, la figure de l’entrepreneur a évolué avec les mutations des économies capitalistes : elle intègre désormais des dimensions managériales, financières et juridiques.
I. Un créateur d’entreprise qui engage sa responsabilité
D’un point de vue juridique, lorsqu’il crée une entreprise, l’entrepreneur peut la créer comme entreprise individuelle (propriété du seul entrepreneur) ou sous la forme d’une société (comprenant éventuellement des associés au capital).
1) Une responsabilité juridique et financière
L’entrepreneur, s’il est chef d’entreprise, possède le pouvoir d’agir au nom et pour le compte de l’entreprise. Sa responsabilité civile ou pénale peut ainsi être engagée en cas de préjudice ou d’infraction.
La responsabilité financière de l’entrepreneur s’applique lorsque l’entreprise est incapable de faire face à ses créances. Ainsi, dans le cas d’une entreprise individuelle, l’entrepreneur est lui-même responsable des dettes de façon illimitée (le patrimoine personnel peut être saisi). Dans les autres cas, la responsabilité est limitée à ce que l’entrepreneur a apporté au sein de la société.
2) Une responsabilité fiscale et sociale
Mot clé
Un régime fiscal et/ou social est le système de fiscalité et de protection sociale auquel est soumis un travailleur (paiement des cotisations et des impôts, remboursement des prestations sociales).
Lorsqu’il crée son activité, l’entrepreneur choisit également un régime fiscal et social (ex. : régime micro- entrepreneur, pour les entreprises individuelles).
L’entrepreneur, en tant que chef d’entreprise, a des responsabilités envers ses salariés (respect du droit du travail), ses partenaires (respect des contrats) et plus largement la société (éthique et respect de l’environnement par exemple).
II. Les rôles de l’entrepreneur dans l’économie
1) L’innovateur (XIXe s.)
Selon l’économiste Joseph Schumpeter, l’entrepreneur est l’agent économique qui introduit le changement technique et industriel dans l’économie, grâce à la mise en œuvre de nouvelles combinaisons productives. En cela, il incarne le capitalisme industriel du xixe siècle.
Mot clé
Une innovation désigne l’application réussie d’une invention dans le domaine économique et commercial (nouveaux procédés techniques, nouveaux produits, nouvelles formes d’organisation).
L’innovation, certes rémunérée par le profit, récompense surtout l’esprit d’aventure et le dynamisme de l’entrepreneur.
2) Entrepreneurs vs managers (XXe s.)
Selon d’autres conceptions, l’entrepreneur est également un organisateur coordonnant et optimisant les moyens de production. Schumpeter avait d’ailleurs prédit l’avènement de grandes entreprises marquées par la dissociation entre la propriété (actionnaires) et la gestion de l’entreprise (managers).
Au XXe siècle, le pouvoir économique est transféré au manager, considéré comme plus apte que l’entrepreneur à générer de l’innovation et du profit.
3) Un renouveau à la fin du XXe siècle
Depuis la fin du XXe siècle, l’entrepreneur retrouve sa place dans le capitalisme actionnarial. C’est le cas notamment avec le développement des technologies de l’information et de la communication et l’intervention d’investisseurs financiers dans des entreprises naissantes à fort potentiel de croissance (« start-up »).
Ces différentes figures de l’entrepreneur se mêlent : si l’entrepreneur peut être manager et actionnaire, la réciproque n’est pas forcément vraie.