La déviance est une construction sociale : sans norme partagée, il n’y aurait pas de transgression et donc pas d’acte déviant. Fruit d’un travail d’élaboration de la part de groupes sociaux déterminés à faire reconnaître leurs valeurs comme légitimes, la déviance est aussi le résultat de processus sociaux multiples pouvant conduire à une carrière de déviant.
I. La déviance : une construction sociale
1) Les normes créent les actes déviants
La déviance se définit par rapport à une norme sociale collectivement adoptée. Le déviant est donc celui qui la transgresse. Il se peut qu’il néglige la norme car elle est trop éloignée de celles qu’il connaît. Par exemple, la déviance peut naître dans les espaces urbains marqués par l’isolement économique et culturel. Dans ces quartiers, le déficit d’intériorisation des normes sociales dominantes serait à l’origine de comportements déviants, tel que celui des jeunes des gangs.
La déviance peut aussi être analysée comme le résultat d’un affaiblissement des normes qui se traduit par un moindre contrôle social, de sorte que les individus ne savent plus comment orienter leur conduite. Ce type de déviance survient principalement dans les périodes de crise économique ou de forte et rapide prospérité. On observe par exemple que le taux de suicide augmente en cas de crise économique prolongée.
2) Le rôle clé des entrepreneurs de morale
Mot clé
Les entrepreneurs de morale sont les individus ou groupes d’individus cherchant à influencer un groupe social afin de lui faire adopter ou maintenir une norme.
Les normes sociales sont le produit d’une construction sociale : elles sont définies par des individus qui vont chercher à les faire respecter et à désigner comme déviants ceux qui ne s’y conforment pas.
Ces individus, appelés entrepreneurs de morale, établissent la norme. Pour cela, ils cherchent à participer à l’élaboration de la loi ou à attirer l’attention des médias sur un sujet qu’ils considèrent comme un problème social.
II. La carrière déviante
1) L’entrée dans la carrière déviante : processus d’étiquetage et stigmatisation
La déviance n’est pas définie par ceux qui transgressent la norme, mais par ceux qui désignent le comportement comme déviant. C’est par l’étiquetage que l’individu fait son entrée dans la déviance.
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La stigmatisation désigne la mise à l’écart d’un individu en raison de son comportement ou de ses caractéristiques.
L’étiquetage peut devenir de la stigmatisation lorsqu’un individu est désigné comme déviant en raison d’une caractéristique qui le rend différent. Ce qui conditionne le jugement porté n’est pas ce que l’individu fait ou est, mais ce que les autres pensent de lui au regard de cet attribut distinctif. C’est le cas des personnes tatouées au Japon qui sont perçues comme des yakuzas et n’ont pas accès à certains lieux publics comme les piscines.
2) L’appropriation d’une sous-culture
Lorsque l’individu est désigné comme appartenant à un groupe déviant, il en adopte les règles et les codes de comportement, ce qui lui donne un sentiment d’appartenance. Par exemple, les jeunes des gangs trouvent dans leur groupe un refuge leur fournissant un cadre et des règles structurant leur nouvelle identité.
Cet étiquetage (ou stigmatisation) est le résultat d’une série d’interactions sociales. L’individu est désigné comme déviant, il va alors s’approprier l’identité déviante qu’on lui assigne, ce qui peut le conduire à rentrer dans une « carrière déviante ». Dans ce cas, c’est le contrôle social qui crée la déviance.