L’Union européenne face aux citoyens et aux États

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La construction européenne repose sur l’idée d’une association de pays souverains partageant des valeurs communes : la démocratie, la volonté de vivre en paix, la supériorité de l’économie de marché. Or, cette union fait face, depuis 1992, à de remises en question.

I. Union européenne et souveraineté des États

1)  Intégration européenne et souveraineté nationale

Mot clé

Une clause d’exemption permet à un État membre de l’UE de ne pas appliquer le droit communautaire en vigueur. En 1992, le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède refusent ainsi d’adhérer à la zone euro.

Institution supranationale, l’UE a pour objectif de renforcer l’intégration de l’Europe tout en respectant la souveraineté nationale de ses membres.

En 1992, la création d’une monnaie unique, entérinée par le traité de Maastricht, est rejetée à ce titre par certains États : ils refusent de perdre leur pouvoir monétaire, élément essentiel de souveraineté nationale. Des clauses d’exemption, ou de retrait, sont alors négociées.

Néanmoins, l’UE connaît aussi des avancées en termes de souveraineté partagée : en 2001, le traité de Nice prévoit ainsi le vote à la majorité qualifiée, et non plus à l’unanimité, au Conseil européen.

2)  Le repli souverainiste

Face aux crises, les États de l’UE sont tentés également de privilégier leurs intérêts nationaux au détriment de la solidarité européenne. Ainsi, en 2003, ils se divisent face à l’intervention américaine en Irak. La crise financière de 2007 puis celle de la dette en 2010 mettent à mal l’unité de l’UE.

À partir de la seconde moitié des années 2000, avec l’arrivée au pouvoir de forces politiques conservatrices et nationalistes en Europe centrale puis en Italie, certains principes de la démocratie libérale semblent remis en cause : contrôle du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif, limitation de la liberté d’expression, non-respect du droit d’asile.

II. Une remise en cause par les citoyens

1)  Entre défiance et rejets

En 1992, les débats sur le traité de Maastricht révèlent un revirement des opinions publiques : la part des citoyens considérant que l’UE est bénéfique tend à baisser. Le traité est même refusé par les Danois.

Mot clé

L’euroscepticisme désigne les formes de défiance des citoyens vis-à-vis de la construction européenne. L’europhobie renvoie quant à elle à une opposition plus radicale à l’UE.

Symptomatique de cette remise en cause croissante de l’UE, le projet d’une Constitution européenne est rejeté en 2005 par les électeurs français et ­néerlandais.

Cet euroscepticisme se manifeste plus fortement encore avec le Brexit : en 2016, appelés à se prononcer par référendum, 51,9 % des Britanniques choisissent de quitter l’UE.

2)  Une crise de légitimité

Les citoyens reprochent à l’UE son déficit démocratique. La Commission européenne, non élue, apparaît ainsi comme une instance prenant des décisions à la place des gouvernements démocratiquement élus, ces décisions pouvant aller à l’encontre des intérêts des peuples.

Les politiques européennes sont par ailleurs remises en cause. Sont ainsi décriées les mesures d’austérité mises en place dans certains pays après la crise financière de 2007, mais également l’incapacité de l’UE à traiter la question migratoire depuis 2015.

Cependant, cette défiance touche inégalement les pays : elle est plus importante dans le sud de l’Europe. Surtout la confiance des citoyens européens dans l’UE reste élevée : en 2018, 43 % d’entre eux en ont une image positive.

Vérifiez que vous avez bien compris les points clés des fiches 7 et 8.