L'Île des esclaves de Marivaux : fiche de lecture

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Nous te proposons cette fiche de lecture pour t’aider dans tes révisions de l’épreuve anticipée écrite de français, qui se déroulera à la fin de ton année de première (en juin, pendant 4 heures). Pour la voie technologique, un commentaire ou une contraction de texte + un essai. L'épreuve est notée sur 20 points, avec un coefficient 5.

Grâce au cours réalisé par notre professeur (voir ci-dessous), tu peux réviser plus d'éléments attendus dans ton examen lors de l’évaluation. Tu trouveras d'abord un bref résumé de cette pièce de théâtre. Nous verrons aussi ce qu'il faut retenir sur l'auteur, ainsi que sur les contextes littéraire et historique de L'Île des esclaves. Nous nous intéresserons aussi aux problématiques majeures concernant ce roman et aux passages qu'il faut maîtriser. 

I. Résumé de l'œuvre

L’Île des esclaves est une comédie en prose d’un acte de Marivaux. Iphicrate, le maître, et Arlequin, le valet, font naufrage sur une île. Trivelin les accueille et leur explique que les règles sont ici inversées : le maître devient valet et inversement. Voilà qui nous plonge immédiatement dans une utopie.

Sur cette île, le pendant féminin de ces deux hommes, Cléanthis et Euphrosine, se trouve dans la même situation.

Après quelque temps de rééducation, les maîtres peuvent enfin reprendre leur statut et chacun se tombe dans les bras. Trivelin les libère tous et compte sur l’honnêteté de chacun pour que les inégalités n’existent plus. C’est en quelque sorte une happy end et les héros peuvent rentrer dans leur ville, Athènes.

II. Présentation de l'auteur

Marivaux a une biographie compliquée car de nombreuses zones d’ombre l’entourent. En effet, pour commencer, se pose le problème de son  nom : Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux n’est référencé nulle part. On sait qu’il est né sous le nom de Pierre Carlet. On ne connait pas non plus sa date exacte de naissance. Elle est déduite de celle de son baptême : il est baptisé le 8 février 1688 et meurt le 12 février 1763 à Paris. 

Il est issu d’une famille noble et fera ses études chez les Oratoriens à Riom en Auvergne. Diplômé avocat, il n’exercera jamais et épouse Colombe Bologne, une riche héritière, ce qui lui permettra de vivre dans l’aisance. 

Son œuvre est variée ; roman, parodie, journalisme et théâtre, Marivaux touche à tout avec un succès inégal. 

Dans le domaine théâtral, ce sont les comédies morales et amoureuses qui lui réussissent le mieux. Ainsi, L’Île des esclaves relève des premières et Le Jeu de l’amour et du hasard des secondes.

III. Présentation du contexte (littéraire, culturel, etc.)

Marivaux écrit dans un contexte de transition. Il commence à produire sous le règne de Louis XIV et termine sa vie sous celui de Louis XV. Qui plus est, la Révolution se prépare et se lit déjà dans ses œuvres ; L'Île des esclaves est une pièce considérée comme insolente pour l’époque car malgré son dénouement qui remet les choses à leur place initiale, elle donne une leçon à la noblesse et n’hésite pas à la critiquer.

Le siècle des Lumières s’affirme dans l’œuvre de Marivaux et l’on ne peut faire l’économie d’une lecture de ses pièces à travers ce prisme.

IV. Problématique majeure de l'œuvre

La problématique de l’œuvre est très claire. Il s’agit de proposer une réflexion sur les rapports entre les maîtres et les valets, ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés, ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien. C’est ce qui donne à cette pièce son étonnante vitalité  et la rend actuelle. Marivaux interroge le spectateur et le pousse à réfléchir lors d’une critique de la noblesse qui va déranger à l’époque, en 1725. Nous sommes environ soixante ans avant la Révolution française. Comment ne pas lire cette pièce à la lumière des idéaux révolutionnaires ?

V. Passages phares de l'œuvre

  • La scène d’exposition : la situation insulaire et l’inversion des valeurs qui donnent l’occasion de se livrer à une critique de la société des Lumières.
  • La parodie amoureuse : dans la scène 6, Cléanthis et Arlequin vont parodier leurs maîtres dans une discussion amoureuse, un badinage maladroit. Cette scène est intéressante pour deux raisons : d’une part, elle moque la noblesse et les codes amoureux mis en place dans ce monde mais d’autre part, elle nous montre deux valets incapables de toucher à une forme de finesse dans l'expression de leurs sentiments amoureux ; Marivaux semble se rappeler que la condition sociale des valets est inférieure et le montre dans cette scène.
  • La scène finale : les bons sentiments y débordent. Les maîtres ont compris qu’ils agissaient mal et les valets peuvent reprendre leur rôle. La pièce n’est donc pas si dangereuse que cela car l’ordre social reste le même ; Marivaux ne plaide pas pour une révolution mais pour des évolutions.