Légende de la leçon
Vert : définitions
Introduction
L’homme est-il totalement différent de l’animal ou est-il un animal particulier ? Autrement dit, y a-t-il une différence de nature ou seulement une différence de degré entre l’homme et l’animal ? Les animaux ont-ils des droits ? L’homme a-t-il des devoirs envers eux ? Peut-on sortir de l’anthropomorphisme, c’est-à-dire d’un discours qui prête des sentiments et des pensées humaines au monde animal ? Autant de questions que l’on peut se poser en abordant les relations de l’homme et de l’animal. Cette leçon portera sur les récits religieux qui traitent de la création du monde, de l’homme et de l’animal.
Objectif : Dans cette leçon, nous nous intéressons à la manière dont les religions, et principalement les livres saints des trois religions monothéistes que sont le christianisme, l’islam et le judaïsme, décrivent la relation homme-animal. Il semble que l’homme soit au centre de la création divine. Nous aborderons ces textes comme des textes historiques qui font partie de l’imaginaire collectif.
I. L’animal pourvoit aux besoins de l’homme
1) La création du monde dans les livres saints monothéistes
Les livres des trois religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam décrivent la création du monde. La Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui commence par le livre de la Genèse, récit mythique de la création du monde. Ce récit est commun au judaïsme et au christianisme, puisqu’il se trouve dans la partie dite de l’Ancien Testament, partie de la Bible que reconnaît le judaïsme.
Le premier livre de la Genèse mentionne : « Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit : "Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre." »
Ainsi, seul l’homme est fait à l’image de Dieu. Il « domine » les autres créatures animales. C’est un être à part.
Dans le Coran, il est aussi question de la création du monde, à des moments disséminés au fur et à mesure de sourates, des formes de chapitres. La sourate 36 mentionne : « Ne voient-ils pas que nous avons créé pour eux, parmi les œuvres sorties de nos mains, des troupeaux dont ils se sont rendus maîtres. Nous les leurs avons soumis : certains d'entre eux leurs servent de montures et d'autres, de nourriture.
Ils en retirent des produits utiles et des breuvages.
Ne seront-ils pas reconnaissants ? [...] »
Les animaux sont ici décrits comme étant à disposition des hommes. Grâce à l’animal, l’homme se nourrit et se déplace.
2) L’arche de Noé : l’homme doit protéger l’animal
L’arche de Noé est un épisode connu de l’imaginaire collectif : dans la Genèse, Dieu, en colère contre la méchanceté des hommes, prépare un déluge. Il ordonne à Noé de rassembler des couples de chaque espèce animale afin d’assurer leur survie. Les animaux seront ainsi sauvés, de même que la famille de Noé. Dans ce récit, l’homme est le protecteur de l’animal.
Les textes religieux qui nous sont parvenus et que nous connaissons sous la forme de livres, la Bible, la Torah, le Coran, ont de multiples auteurs et ont été écrits sur plusieurs siècles. Certains chapitres sont inédits, d’autres sont des réinterprétations de textes plus anciens.
Ainsi, l’histoire de l’arche de Noé racontée dans la Genèse s’inspire d’un texte antérieur aux monothéismes : l’épopée de Gilgamesh, un roi qui cherchait l’immortalité et qui aurait vécu vers 2600 ans avant J.-C. Son histoire est retracée sur des tablettes d’argile datées elles du XIIIe siècle av. J.-C., et retrouvées en 1872. Une des tablettes raconte comment les dieux, en colère contre les hommes, provoquent un déluge. Ea, le dieu de la sagesse, qui se place du côté des hommes, avertit le héros Uta-Napishtim : « Démolis ta maison pour te faire un bateau ! Renonce à tes richesses pour te sauver la vie ! Détourne-toi de tes biens pour te garder sain et sauf ! Mais embarque avec toi des spécimens de tous les animaux. »
Dans ces textes anciens voire très anciens, l’animal pourvoit aux besoins de l’homme et l’homme est tenu de protéger l’animal, à la fois parce que sa propre survie en dépend (grâce à l’animal, l’homme peut se nourrir) et parce que l’animal, comme lui, est l’œuvre sacrée de la création divine.
II. L’animal comme l’égal de l’homme ?
1) Les animaux comme métaphores vers le divin
Les animaux qui peuplent les livres saints monothéistes sont, pour la plupart, les animaux domestiques : les animaux d’élevage comme la brebis, la chèvre ou la vache. Ce sont des animaux très proches de l’homme et de son intimité. À plusieurs occurrences dans ces textes, les animaux aident les hommes à trouver une voie vers la vie éternelle. Ils servent de métaphores pour la relation à Dieu.
Dans la Bible, les hommes sont ainsi souvent comparés à des brebis. Certaines brebis sont dociles et suivent leur berger (Dieu), d’autres sont égarées ou croient en de faux bergers. L’homme, comme la brebis, est censé avoir besoin d’un berger pour avancer dans la vie.
Par ailleurs, les dieux de l’Égypte ancienne sont d’apparence mi-animale mi-humaine, tel Anubis l’embaumeur, dieu des morts à la tête de chien, ou Horus, dieu du ciel à la tête de faucon. L’animal fait ainsi le lien entre l’humain et le divin, il n’est pas « moins qu’un homme ».
2) L’animal dans l’animisme
L’animisme est une croyance selon laquelle un souffle anime les êtres vivants, qu’il s’agisse des hommes, des animaux ou des éléments naturels. C’est une forme de croyance très ancienne, et encore actuelle chez certains peuples.
L’anthropologue Philippe Descola (né en 1949) s’est, par exemple, intéressé à l’animisme des peuples amérindiens d’Amazonie. Pour le peuple Achuar, depuis des milliers d’années et aujourd’hui encore, les êtres non-humains ont une âme, une intériorité. Il est possible de communiquer avec un oiseau ou un poisson.