I. Les évolutions de la politique et des objectifs de santé publique
Les objectifs de santé publique ont évolué avec le temps parallèlement à la représentation du concept de santé.
1) L’hygiène publique
De l’Antiquité à la Renaissance, les épidémies sont considérées comme des punitions divines. Elles sont par conséquent subies. À cette époque, la toilette corporelle et les thermes sont les principaux moyens de lutte contre les maladies. C’est l’hygiène publique qui permet de se maintenir en bonne santé.
2) La promotion de la santé
Sa prise en compte débute avec la forte épidémie de tuberculose qui sévit au début du XXe siècle et la première loi de santé publique promulguée en 1902. Toutefois, dès le XVIIIe siècle, les découvertes médicales ont permis une prise de conscience de l’importance de l’hygiène. La prévention est au cœur des préoccupations.
Le XIXe siècle est marqué par les découvertes de Pasteur sur les microbes et les vaccins.
En 1920, le premier ministère de la Santé publique est créé.
En 1946, la Constitution pose le droit à la santé comme un droit fondamental : « Toute personne a le droit d’avoir accès à la santé, d’obtenir le meilleur état de santé possible. »
3) La gestion des risques sanitaires collectifs
Dans les années 1980, de grandes crises apparaissent : le sida, l’affaire du sang contaminé, la vache folle… On s’aperçoit d’une part qu’il n’y a pas de moyens de soigner les personnes qui en sont atteintes et d’autre part, que les actions des pouvoirs publics sont remises en cause. De ce fait, un système de gestion des risques sanitaires est créé avec la formation des agences sanitaires.
II. Les objectifs et les stratégies de santé : du préventif au curatif
1) La prévention
Sa mise en œuvre débute dès l’Antiquité et prend fin avec l’épidémie de tuberculose de 1914 qui se caractérise par une mortalité très élevée. La prévention se manifeste par l’hygiène corporelle, souvent publique (bains, thermes, douches, premières vaccinations…).
La loi de santé publique du 15 janvier 1902 relative à la santé publique réaffirme le rôle du maire en cas d’épidémie et précise quelles sont les précautions à prendre pour prévenir la contagion.
2) La prépondérance du soin (curatif)
Les stratégies curatives sont privilégiées dans le courant du XXe siècle entre les fléaux sanitaires relatifs à la propagation de maladies non maîtrisées (tuberculose 1914) et les crises sanitaires des années 1980.
En effet, la prévention n’a pas suffi à éradiquer la tuberculose. On s’aperçoit de l’utilité des découvertes de Pasteur (pénicilline et antibiotiques). C’est une période où l’on soigne toutes les maladies après coup ; la prévention n’a à cette époque que très peu de place.
3) Le retour à la prévention
Dans les années 1980, le sida apparaît. Cette maladie se caractérise par un virus qui mute et les chercheurs ne parviennent pas à guérir les personnes contaminées. Le seul moyen de ne pas décéder du sida reste de ne pas être contaminé par le virus. La prévention occupe de nouveau une place privilégiée. Par ailleurs, d’autres crises ébranlent les pouvoirs publics (la vache folle, le sang contaminé) et remettent en cause le manque de prévention.
La loi du 9 août 2004 est la deuxième loi de santé publique relative à la politique de santé publique. Elle met l’accent sur la surveillance de l’état de santé de la population, sur la lutte contre les épidémies, sur l’information et l’éducation à la santé. En outre, elle s’attache également à la réduction des inégalités de santé. De plus, elle propose 100 objectifs de santé publique à atteindre.
La loi du 26 janvier 2016 est la troisième loi de santé publique. Elle modifie profondément le système des agences sanitaires qui avaient été mis en place. On l’appelle aussi « loi de modernisation du système de santé ». Elle crée l’agence santé publique chargée de gérer toute la prévention, l’éducation à la santé mais également la sécurité sanitaire.