Dans cette fiche, nous parcourrons certaines œuvres littéraires autobiographiques écrites par des femmes, en nous intéressant à certains thèmes particulièrement abordés dans les œuvres autobiographiques rédigées par des auteures.
- L’enfance
- La mère
- La sexualité
- La folie
Légende de la leçon
Vert : définitions
Prérequis
Pour aborder cette fiche, tu dois...
- Savoir ce qu’est une autobiographie.
- Te situer dans les différentes catégories d’autobiographie littéraire.
Objectifs
À l'issue de cette fiche, tu sais...
- Nommer certaines œuvres autobiographiques écrites par des femmes.
- Catégoriser ces œuvres, selon le type d’écriture autobiographique dont elles relèvent.
- Isoler certaines particularités des œuvres autobiographiques écrites par des femmes.
Introduction
Si certains thèmes sont présents dans l'autobiographie, indépendamment du genre de l'auteur, d'autres thèmes semblent être spécifiquement abordés dans les romans autobiographiques écrits par des femmes.
I. L’enfance
Pour les femmes, comme pour les hommes, le récit d'enfance est un topos de l'écriture autobiographique.
Définition
Topos. En littérature, on appelle topos une image récurrente. Ce mot vient du grec, au pluriel, on parle donc de topoi !
1) Dans le roman...
De nombreux romans autobiographiques reviennent particulièrement sur les jeunes années de son auteure.
Ainsi, Simone de Beauvoir choisit le titre du premier volet de son autobiographie, Mémoires d'une jeune fille rangée (1958), en écho au roman de Tristan Bernard, Mémoires d'un jeune homme rangé. L'auteure et philosophe y narre les vingt-et-une premières années de sa vie.
En 1983, la romancière Nathalie Sarraute publie une autre œuvre autobiographique, sobrement intitulée Enfance, dans laquelle elle revient également sur ses jeunes années.
2) ... et en bande dessinée !
Ce thème, souvent abordé en littérature, est également présent dans les bandes dessinées !
Ainsi, l'auteure et réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi publie, entre 2000 et 2003, les quatre tomes de son autobiographie Persepolis, dans laquelle elle raconte son enfance en Iran, pendant la Révolution islamique.
Plus récemment, dans le roman graphique Fun home, l'auteure nord-américaine Alison Bechdel évoque ses années d'enfances, vécues dans une maison funéraire. La jeune fille, qui vit une relation compliquée avec son père, cherche à comprendre les enjeux de sa sexualité, et à apprendre à vivre … Pas facile, lorsqu’on vit si proche des morts !
II. La mère
La mère, la maternité, est un thème universel, également présent dans les autobiographies écrites par des hommes – pensons, notamment, à Le Livre de ma mère, d'Albert Cohen. Pourtant, l'image de la mère prend une autre dimension dans les autobiographies écrites par des femmes : portrait de femme dans un portrait de femme, les autobiographies se penchant sur le personnage maternel se prêtent à une forme de mise en abyme.
Les autobiographies écrites par des femmes et abordant la figure maternelle trouvent une autre manière de dire l'origine de la féminité.
Définition
Mise en abyme. C'est une figure de style qu'on utilise lorsqu'on place, à l'intérieur d'une œuvre principale, une œuvre qui reprend cette même œuvre principale. Ainsi, dans le cas de l'autobiographie au féminin, une femme se raconte... en racontant la femme qui lui a donné le jour.
1) La mère problématique
Souvent, la mère décrite dans les romans autobiographiques est une mère problématique, voire une mère à l'origine d'un traumatisme.
Violette Leduc illustre parfaitement cela dans plusieurs de ses textes autobiographiques, et notamment dans la Bâtarde : la petite fille, qui n'avait pas été voulue par sa mère, cherche sans cesse une affection que cette dernière ne peut lui donner.
C'est également le cas dans le roman Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan, publié en 2011 : dans ce texte, l'auteure alterne les passages de narration biographique, dans lesquels elle décrit la vie de sa mère, et les passages autobiographiques, dans lesquelles elle explique sa difficulté à affronter la figure maternelle. En effet, sa mère, Lucile, souffrait de bipolarité : après avoir vécu une vie marquée par les troubles psychiatriques, elle choisit la mort, et se suicide.
2) La mort de la mère
La mort de la mère est également une thématique présente dans la littérature autobiographique écrite par des femmes. Ce thème est très intéressant, dans la mesure où dire la mort de la mère, c'est dire la mort de l'origine, mais aussi la mort de la féminité.
a) Décrire la mort
En 1964, Simone de Beauvoir publie un court récit autobiographique, intitulé Une mort très douce, dans lequel elle raconte les derniers instants de sa mère. Depuis son hospitalisation, elle décrit le lent déclin vers la fin. Ce texte, fort de simplicité et de beauté, était considéré par Jean-Paul Sartre comme le plus beau texte écrit par de Beauvoir.
b) Faire revivre une morte
D'autres auteures, après la disparition de leur mère, s'attachent à la faire revivre, en faisant d'une œuvre autobiographique une forme de portrait de la mère disparue. C'est le cas de Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan, mais aussi de Une femme d'Annie Ernaux.
Dans le roman d'Annie Ernaux, la romancière forme une sorte de biographie de la figure maternelle : elle la décrit dans son entièreté, et seul l'adéquation entre l'auteure, la narratrice et le personnage principal vient rattacher cette œuvre au genre autobiographique. Le titre de ce court roman, Une femme, nous montre assez comment la romancière insiste sur les caractéristiques de féminité essentielle de sa mère : en racontant sa mère disparue, elle raconte toutes les mères, mais elle raconte aussi toutes les femmes qui ont eu une mère.
III. La sexualité
La sexualité féminine est un thème récurrent et spécifique de la littérature autobiographique féminine. La sexualité peut être libératrice ou, au contraire, traumatique.
1) La sexualité libératrice
La sexualité est souvent perçue comme une dimension libératrice dans la littérature autobiographique au féminin. À quels égards ?
a) Échapper à la pression familiale
Dans les écrits autobiographiques évoquant l'adolescence, la description des premières expériences sexuelles peut être décrite comme une expérience libératrice.
Ainsi, dans l'Amant (1984), roman d'inspiration autobiographique, situé en Indochine, Marguerite Duras évoque sa passion érotique pour un jeune chinois, dans un contexte familial très lourd.
b) Vivre la sexualité comme une expérience
La sexualité, vécue comme un acte libérateur, peut parfois être explorée comme s'il s'agissait d'une expérience sans cesse renouvelée. C'est le cas d'une des œuvres autobiographiques les plus étonnantes qui soit : la Vie sexuelle de Catherine M., écrit par Catherine Millet. Dès sa parution, en 2001, ce texte a défrayé la chronique...
En effet, l'auteure y raconte crûment l'histoire complète de sa sexualité.
2) La sexualité traumatique
Si la sexualité empreint la littérature autobiographique féminine, elle n'est pas toujours abordée de manière positive... La sexualité peut aussi prendre une dimension traumatisante.
a) Le travail de la sexualité : la prostitution
Ainsi, la thématique de la prostitution est assez récurrente dans la littérature féminine d'inspiration autobiographique ; on le retrouve notamment dans le roman autobiographique Putain, de la québecoise Nelly Arcan.
b) Les écueils de la sexualité : l’expérience de l’avortement
Si la sexualité est traumatique, elle l'est aussi par ses conséquences : dans nombre de ses ouvrages autobiographiques, Annie Ernaux revient sur le traumatisme qu'a représenté pour elle l'avortement qu'elle a dû subir, dans des conditions très difficiles, dans les années 60. C'est dans les Armoires vides que l'auteure explore le plus précisément ce thème.
IV. La folie
Enfin, le thème de la folie est également régulièrement abordé dans les œuvres autobiographiques écrites par des femmes.
1) La folie en actes
Nombre d'écrits autobiographiques ou d'inspiration autobiographiques féminins évoquent précisément la folie en actes, en train de se faire.
C'est le cas de la Folie en tête, de Violette Leduc, ou encore de la Cloche de détresse de l'écrivaine nord-américaine Sylvia Plath, qui aborde notamment une dépression.
2) L’écriture thérapeutique
C'est pourquoi l'écriture apparaît alors comme un cadre thérapeutique, un lieu de soins... ou un lieu où l'on raconte sa guérison !
L'exemple le plus intéressant à cet égard est sans doute le texte de Marie Cardinal, les Mots pour le dire. Dans cette autobiographie, l'auteure évoque un trouble psychologique et physique qui l'empêcha de vivre durant des années. Grâce à la thérapie, elle trouve enfin les mots pour trouver son mal, le nommer, et s'en libérer.
Conclusion
Les thèmes abordés par la littérature autobiographique ou d'inspiration autobiographique féminine sont multiples, et nous n'en présentons ici qu'un échantillon : il s'agit d'un champ littéraire riche et en perpétuelle évolution, qui ne manquera pas de vous intéresser.
Le petit + dans ta copie
Lorsque tu évoques un livre autobiographique, n'oublie pas de préciser à quel registre de l'autobiographie il appartient, quelle est la nature du pacte autobiographique, etc.
Pour aller plus loin …
N'hésite pas à lire les textes évoqués dans cette fiche ! Il n'y a rien de tel, pour pouvoir parler précisément d'un livre...