Sur le marché, le vendeur ou l’acheteur peut avoir une meilleure information dont il tire profit. On parle d’asymétrie d’information. Celle-ci se présente sous la forme de la sélection adverse ou de l’aléa moral.
I. La sélection adverse
1) La notion de sélection adverse : le cas des voitures d’occasion
Mot clé
Le prix de marché est, en principe, un indicateur de qualité des produits échangés. Un prix élevé signifie que le produit vendu est de bonne qualité (et inversement).
Il y a sélection adverse (ou antisélection) sur un marché lorsque l’asymétrie d’information conduit à éliminer les produits de meilleure qualité. L’acheteur ne connaît pas bien la qualité du produit qu’il veut acquérir et il peut ne pas l’acheter s’il considère que le prix n’est pas un bon indicateur de la qualité du produit.
Pour illustrer le phénomène de sélection adverse, l’économiste George Akerlof prend l’exemple du marché des voitures d’occasion. L’acheteur peut douter de la qualité de la voiture vendue. Si le prix est trop élevé, il s’abstiendra, même si l’automobile est de bonne qualité. Dès lors, sur le marché, le prix moyen est trop faible pour inciter les vendeurs de voitures de bonne qualité à vendre leur bien.
2) La sélection adverse et l’équilibre de marché
La situation de sélection adverse existe sur de nombreux marchés. Ceux-ci ne peuvent parvenir à un équilibre de marché satisfaisant car les « mauvais produits chassent les bons », incitant ainsi les acheteurs à se retirer du marché. Dès lors, le fonctionnement du marché conduit à une situation inefficace, ou même à la disparition du marché.
Pour répondre à la sélection adverse, le vendeur et l’acheteur peuvent instaurer des moyens pour rétablir la confiance entre eux. Par exemple, le vendeur propose des garanties à l’acheteur, comme le service après-vente. Quant à l’acheteur, il peut s’informer, à partir de données observables, sur le produit vendu ou l’entreprise.
II. L’aléa moral
1) La notion d’aléa moral : le cas de l’assurance
L’aléa moral (ou hasard moral) est la situation d’un agent économique qui, sur le marché, prend un risque inconsidéré car il est certain d’être couvert contre ce risque. L’aléa moral se distingue de la sélection adverse car, au moment de l’échange, il n’y a pas d’asymétrie d’information.
L’aléa moral est d’abord apparu dans le domaine des assurances : un assuré pouvait augmenter sa prise de risque puisqu’il n’allait plus supporter entièrement les conséquences négatives de son comportement (comme l’assuré ne paie pas en cas de problème, il augmente sa prise de risque).
2) Aléa moral et marché
Dans le cas de l’assurance, l’assureur ne peut contrôler les comportements des assurés, ce qui a pour effet d’accroître le prix de l’assurance. Celui-ci ne permet pas une situation d’équilibre optimale. Dans les cas extrêmes, l’aléa moral peut entraîner la disparition du marché.
Mot clé
Les « subprimes » sont des prêts immobiliers bancaires accordés à des clients ayant de faibles revenus.
L’aléa moral a joué un rôle central dans la crise financière de 2008. Aux États-Unis, les grandes banques ont pris des risques importants en accordant des prêts, dits « subprimes », à des ménages aux revenus peu élevés. Cette prise de risque des banques a été encouragée par le principe du « too big to fail » : jouant un rôle essentiel dans l’économie, elles étaient à peu près assurées d’être secourues par l’État si elles se retrouvaient au bord de la faillite.