Légende de la leçon
Vert : définitions
I. Un accès inégal aux ressources dans le monde
1) Une pression croissante sur les ressources
De 1950 à 2016, la population mondiale a triplé pour atteindre 7,4 milliards d’habitants et frôlera les 10 milliards en 2050. Les démographes s’inquiètent d’une croissance trop forte, qui empêcherait la planète de répondre aux besoins de tous, et encouragent des politiques de ralentissement des naissances, notamment en Afrique, où la croissance est la plus forte, et en Asie, où la population est la plus nombreuse.
La pauvreté a reculé dans le monde, grâce à une croissance économique globale au cours du XXe siècle. La part des individus en dessous du seuil de pauvreté a été divisée par 2 entre 1990 et 2015, passant à environ 800 millions d’habitants. Le recul est spectaculaire en Asie du Sud et de l’Est, mais la pauvreté reste forte en Afrique. Une partie des habitants des pays émergents et des pays pétroliers connaissent une nette amélioration de leurs conditions de vie, mais les inégalités sociales restent fortes. Dans les PID, 15 % de la population en moyenne a des difficultés à subvenir à ses besoins de base.
Sigle
PID : pays industriels développés.
La croissance démographique mondiale entraîne des besoins croissants en services vitaux dans les domaines de l’alimentation, de l’eau potable, de l’énergie, de l’éducation, de la santé, du logement et de l’emploi. La consommation énergétique mondiale a triplé depuis 1960. Plus des 2/3 de la consommation d’eau viennent de l’agriculture, mais les besoins industriels (20 %) et domestiques (13 %) sont croissants. Ce phénomène de pression sur les ressources pose la question de leur disponibilité en quantité et en qualité, et de leur accessibilité à court, moyen et long termes.
2) Des ressources inégalement accessibles et disponibles
Les inégalités de richesse sont fortes dans le monde. Les PID (Amérique du Nord, Europe, Australie, Japon) sont plus développés, concentrent plus des 2/3 de la richesse mondiale pour seulement 17 % de la population mondiale. À l’inverse, près de la moitié de la population des PED vit avec 2 $ par jour. L’espérance de vie y est plus courte, l’accès aux soins et à la scolarisation est plus difficile. L’Afrique est le continent le plus pauvre.
L’énergie est indispensable pour l’industrie, les transports, le chauffage, l’éclairage et la vie quotidienne. La part des énergies non-renouvelables (pétrole, gaz, charbon, nucléaire) reste largement dominante, or ces réserves s’épuisent. Les PID sont les plus grands consommateurs (plus de la moitié de la consommation mondiale), mais les besoins des pays émergents augmentent rapidement (ex. : Chine). Plus d’un milliard d’Africains et d’Asiatiques, à l’inverse, n’ont pas accès à l’électricité.
L’eau douce (lacs, fleuves, nappes d’eau souterraines) est abondante sur Terre. Elle est inégalement répartie selon les zones climatiques et selon les saisons. L’accès à l’eau dépend aussi du niveau de développement des pays et de leur capacité à capter l’eau, à la traiter puis à la distribuer. Les PID parviennent à fournir de l’eau à toute la population, parfois à l’aide d’aménagements hydrauliques coûteux (barrages, réseaux). Les pays pauvres n’ont pas toujours les moyens de réaliser de tels aménagements. L’accès aux ressources et leur disponibilité peuvent devenir des sources de conflits entre usagers (agriculteurs et citadins, agriculteurs et métiers du tourisme pour obtenir suffisamment d’eau pour leur activité…) ou entre États : les querelles sont rudes autour de la question de l’eau ou du pétrole au Moyen-Orient (ex. : guerre du Golfe en 1991).
La croissance de la population et les besoins alimentaires
Pour répondre à l’accroissement des besoins alimentaires, il a fallu augmenter les ressources disponibles : étendre les surfaces cultivées, améliorer les rendements (ex. : révolutions vertes en Inde). En dépit des progrès réalisés, la sécurité alimentaire n’est pas assurée pour toutes les populations en raison de la répartition inégale des ressources, ou des guerres et des épidémies qui désorganisent la production et le commerce alimentaires. Par opposition à l’agriculture productiviste des PID et pays émergents, l’agriculture vivrière (rendements faibles, travail manuel, peu d’engrais et de pesticides) n’arrive pas à nourrir tous les paysans pauvres ou les habitants des bidonvilles. La malnutrition progresse dans le monde, sous la forme du surpoids et de l’obésité dans les PID et pays émergents, et de carences alimentaires liées à une trop faible diversité alimentaire dans les PED, en particulier en Afrique.
Définitions
Accessibilité : capacité d’une population à obtenir les ressources nécessaires.
Disponibilité : présence de ressources sur un territoire.
3) Des inégalités dans l’accès au logement et aux transports
Un fort étalement urbain se développe dans le monde au détriment de l’espace rural : c’est la périurbanisation. Dans les PID, les citadins et les entreprises quittent le centre pour s’installer en périphérie, à la recherche d’espaces plus étendus et moins coûteux. De vastes banlieues résidentielles, organisées le long des réseaux routiers, se mêlent à des zones d’activités (centres commerciaux, industries, bureaux…). Dans les PED, l’exode rural augmente l’étalement urbain sous la forme de couronnes de bidonvilles car les migrants, à la recherche d’un emploi ou de services, s’installent en périphérie, où il reste de l’espace ; l’habitat est précaire, sans confort ni hygiène, bâti illégalement sans plan d’ensemble.
L’expansion urbaine, mal gérée, conduit à de forts problèmes de pollution et de transports. Les réseaux sont souvent saturés dans les agglomérations du monde entier, en raison de flux intenses entre les centres et les périphéries. S’ajoute le problème des services urbains, très insuffisants dans les PED, faute de moyens (électricité, eau…).
Les PID (Amérique du Nord, Europe, Asie-Pacifique) et les pays émergents sont au cœur des échanges de ressources de la mondialisation ; ils disposent des sites de production, des marchés de consommateurs et d’aménagements adaptés (zones industrialo-portuaires, aéroports…). Par opposition, les PED et surtout les pays les moins avancés (Afrique, Asie centrale…) se trouvent à l’écart de la mondialisation et participent peu aux échanges.
II. Les changements globaux (climat, sociétés)
1) Les effets du changement global
Le réchauffement climatique se manifeste par une augmentation de la température de la Terre et des océans : les scientifiques estiment qu’elle est due à l’accumulation des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Ces GES existaient déjà naturellement, mais les actions humaines aggravent cette accumulation, en raison de l’exploitation massive des ressources liée à la croissance démographique et de la pollution liée aux espaces productifs (agriculture productiviste, industries…). Les sociétés urbaines augmentent la pollution et la dégradation de l’environnement par l’emploi d’énergies fossiles, par l’urbanisation et par les transports stimulés par la mondialisation (flux matériels de biens et d’individus, flux immatériels liés à Internet et aux télécommunications)…
Le changement climatique s’accompagne d’une multiplication de catastrophes naturelles extrêmes : cyclones, pluies intenses, sécheresses, perturbations des activités agricoles… Il aboutit à la fonte des glaciers des océans (Arctique) et des continents (Asie avec l’Himalaya, Antarctique…). Cette réduction des glaciers aboutit à une élévation du niveau des océans, qui transforme les espaces littoraux et les archipels à l’échelle mondiale. Des villes littorales et des États insulaires risquent de disparaître (Maldives, Bangladesh, Pays-Bas…). La modification de l’environnement transforme la faune et la flore, menaçant certaines ressources alimentaires. 250 millions d’individus risquent, d’ici 2050, de devenir des réfugiés climatiques, obligés de fuir des territoires devenus inhabitables. De nouveaux modes de vie, de production, de consommation, de logement et de transport semblent nécessaires pour répondre aux besoins de la population mondiale.
Définitions
Changement global : ensemble des changements durables qui affectent les conditions de vie sur la planète, incluant les changements climatiques et les changements des sociétés.
GES : gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique, en empêchant les rayons solaires réfléchis à la surface de la Terre d’être renvoyés dans l’atmosphère.
2) 17 ODD pour répondre au changement global
Les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies ont été fixés en 2015 pour définir des progrès à atteindre d’ici 2030, afin de s’adapter face aux changements globaux : réduire la pauvreté sous toutes ses formes et dans tous les États, protéger l’environnement, favoriser la paix et le respect des droits de l’homme, et garantir un développement satisfaisant pour tous, qui passe par un accès aux ressources vitales.
Mais certains États n’en ont pas les moyens ou manquent d’information sur les solutions ; certaines populations souhaitent profiter du présent sans modifier leur confort quotidien, et ont du mal à changer leurs habitudes, d’où la nécessité d’une éducation au développement durable. Les 17 objectifs proposent de limiter le gaspillage des ressources, de consommer et de produire de manière plus économe.
Les ODD sont fondés sur l’entraide entre les différents acteurs mondiaux, au-delà des intérêts divergents : organisations internationales gouvernementales (ONU, Union européenne) ou non-gouvernementales (ex. : association Greenpeace engagée dans la protection de l’environnement), États, entreprises, citoyens…
Définition
Développement durable : développement qui répond aux besoins de la population actuelle, sans priver les générations futures des moyens de satisfaire leurs propres besoins. Il implique le développement économique (production de richesses), social (niveau de vie de la population), une gestion raisonnée des ressources et le respect de l’environnement.
3) Vers une gestion durable des ressources
Les énergies fossiles polluent et s’épuisent progressivement, le nucléaire pose les problèmes de la gestion des déchets radioactifs et du danger lié au vieillissement des installations. De nombreux États développent les énergies renouvelables, c’est-à-dire fournies par la nature (eau, vent, soleil, sol) ou se régénérant rapidement (carburants issus de la transformation de productions agricoles comme le colza). Mais ces énergies renouvelables représentent en 2020 à peine 13 % des besoins mondiaux. Les nouvelles normes européennes par exemple pour l’habitat durable proposent des normes antipollution pour les industries ainsi qu’une isolation performante et l’emploi d’énergies « vertes » (ex. : pompe à chaleur à énergie géothermique)… Certains États apportent des solutions techniques pour donner un accès accru à l’eau potable : recyclage de l’eau, économie par emploi du goutte-à-goutte, améliorer les réseaux pour limiter les pertes…
L’agriculture doit concilier sécurité alimentaire, qualité des produits et développement durable. La politique agricole commune de 1992 freine dans toute l’Union européenne l’usage de pesticides et d’engrais chimiques qui ont un impact sur la santé. L’ONU encourage une agriculture durable et solidaire, équitable (il faut que les agriculteurs puissent vivre de leur travail dans le monde entier), qui n’épuise pas les sols. L’agriculture urbaine se développe aussi dans les écoquartiers et les toits végétalisés.
Définitions
Équitable : qui profite à tous.
Écoquartier : quartier urbain construit dans le respect du développement durable : protection de l’environnement, mélange des catégories sociales, fonctions économiques nécessaires à une bonne qualité de vie (logement, emplois, services, transports propres…).
4) Vers des villes et des mobilités durables
De nombreuses aires urbaines ont entrepris de rénover ou de réhabiliter leurs quartiers défavorisés, parfois composés d’immeubles dégradés, afin de les rendre à nouveau attractifs. Elles investissent dans l’implantation de rues piétonnes agréables, et d’espaces verts. Des écoquartiers apparaissent, selon les règles du développement durable. Nantes a ainsi lancé en 2010 un grand programme de rénovation de 90 hectares de son île centrale, destiné à ramener les catégories modestes et moyennes en plein centre, à proximité des catégories aisées. Ce quartier s’accompagne du développement de services et d’emplois de proximité, de la création d’espaces verts et de l’usage de transports propres (bus ou tramway électrique, pistes cyclables, voies piétonnes…).
Les investissements portent également sur le déploiement de meilleures liaisons avec le pôle urbain, pour réduire les temps de transport entre le domicile et le travail. Les élus luttent contre la pollution et les embouteillages en diversifiant l’offre de transport durable (ex. : le projet du Grand Paris Express crée depuis 2011 des lignes de tramways et de RER pour desservir des espaces périphériques éloignés d’ici 2030). Certains créent des pôles d’activité dans les zones périphériques pour réduire les migrations avec le pôle urbain.
Des sommets environnementaux mondiaux réunissent chaque année les États du monde pour les inciter à adopter des politiques communes de réduction d’émission de gaz à effet de serre (ex. : COP21 à Paris en 2015) : les transports durables sont encouragés à l’échelle urbaine ; à l’échelle internationale, les transports maritimes sont privilégiés par rapport aux transports aériens, plus polluants et plus grands consommateurs d’énergie ; des zones protégées, pour la faune et la flore, sont délimitées et l’activité maritime y est interdite. L’urbanisme des villes littorales tient maintenant compte d’une possible élévation du niveau de la mer. Mais les politiques environnementales, appliquées aux transports, sont coûteuses : elles sont surtout le fait des PID et des pays émergents.
Définitions
COP (conférence des parties) : assemblées annuelles de représentants des États du monde qui déploient des moyens pour réduire les effets des changements globaux.
Transports durables : transports respectueux de l’environnement, peu polluants (vélo, véhicules électriques comme le tramway, transports en commun…).
III. Mieux accéder aux ressources en France
1) Les enjeux de l’aménagement des territoires français
L’aménagement du territoire s’efforce d’assurer à tous un égal accès aux services (éducation, santé, transports), aux emplois, sur l’ensemble de la France. Les élus investissent pour compenser les déséquilibres entre les territoires, en particulier pour réhabiliter les espaces défavorisés, à toutes les échelles. Concrètement, il s’agit de favoriser la création d’emplois, d’activités modernes et de faire cohabiter les différentes catégories sociales dans des espaces respectueux du développement durable (ex. : les écoquartiers).
Des projets d’amélioration des réseaux de transport permettent également de désenclaver certains territoires (ex. : l’aménagement du quartier Euratlantique à Bordeaux crée un pôle d’activités moderne autour de la nouvelle gare TGV, sur le site d’une ancienne friche industrielle). Les plans locaux d’urbanisme définis par les communes évaluent les espaces non constructibles, dans l’intérêt de la sécurité des populations et délimitent ainsi les espaces urbains à aménager et à valoriser. Les élus s’impliquent dans les partenariats urbains et les pôles de développement pour stimuler le dynamisme local et encourager l’innovation et la compétitivité des territoires,
L’État s’engage dans une politique d’éducation au développement durable (EDD). Les diplômes professionnels intègrent les enjeux du développement durable.
Définition
Aménagement des territoires : action volontaire d’une collectivité sur l’organisation de son territoire (répartition de la population et des activités).
2) Les acteurs de l’aménagement des territoires
L’État initie les projets à l’échelle nationale et coordonne les relations entre les territoires. L’Union européenne soutient par des subventions les projets qui harmonisent les territoires. L’État, décentralisé depuis 1982, délègue une partie de ses compétences et de son budget aux collectivités territoriales, qui financent ensemble des aménagements que des communes isolées n’arriveraient pas à financer seules. La décentralisation contribue ainsi à améliorer l’accès des Français aux ressources. (ex. : communauté de communes Châtillon-Montrouge et la construction d’un centre sportif, l’Aquapôle).
Les attentes et les besoins des populations en matière de ressources déterminent de plus en plus les choix d’implantation et d’aménagements, et justifient une consultation régulière des citoyens et des entreprises, par exemple lors de débats démocratiques.