Comment la science-fiction aide-t-elle à penser les dangers qui menacent l'humanité ?
Un tel sujet croise littérature, philosophie et questionnements sur les évolutions de nos sociétés. Cela pourrait t'intéresser si tu te destines à des études mêlant plusieurs domaines du savoir, comme les CPGE littéraires.
I. Présentation d'une question (5 minutes)
Introduction
Accroche
L’inquiétude face aux évolutions de nos sociétés n’est pas nouvelle, mais elle s’intensifie au cours des XXe et XXIe siècles.
Présentation du sujet
La littérature de science-fiction s’empare de questionnements qui agitent les consciences, en explorant ce que nous pourrions devenir. Les récits se muent en machines à penser stimulantes, capables d’aiguiser le regard du lecteur sur le monde qui l’entoure.
Formulation de la problématique
J’ai choisi de m’interroger sur les ressources de la science-fiction pour penser les dangers qui menacent l’Humanité.
Annonce du plan
Je montrerai d’abord comment la science-fiction tente d’anticiper les dérives possibles de nos sociétés actuelles ; j’envisagerai ensuite la manière dont le genre questionne notre vision du progrès.
1) Anticiper les dérives de nos sociétés
La science-fiction s’appuie sur le réel, dont elle pousse à l’extrême certaines caractéristiques pour mieux réfléchir à leur impact.
Les expériences politiques du XXe siècle nourrissent une littérature qui met en garde contre l’instauration d’États puissants qui broient l’individu. Dans 1984 (1949), George Orwell décrit un régime totalitaire incarné par l’inquiétant Big Brother : une police de la pensée rappelle des techniques de surveillance et de contrôle en germe dans nos propres sociétés.
La littérature se fait l’écho d’angoisses liées à la dégradation des écosystèmes à cause des actions humaines. Dans Sécheresse (1964), James Graham Ballard imagine un monde dévasté par une pénurie d’eau.
À noter
Aujourd’hui, la « cli-fi » (climate fiction) constitue un sous-genre de la science-fiction : elle présente un monde où la crise climatique et écologique a atteint un stade ultime, qui pose la question de la survie de l’être humain.
La science-fiction questionne les valeurs sur lesquelles se fondent nos sociétés et les buts qu’elles se fixent. Dans Ravage de René Barjavel (1943), une immense panne d’électricité donne un brutal coup d’arrêt à une société arc-boutée sur la technique, dès lors forcée de revenir à l’essentiel.
Transition
Si la littérature s’intéresse à l’évolution globale possible de nos sociétés, elle se focalise également sur la question du progrès humain.
2) Questionner notre vision du progrès
La science-fiction esquisse des réflexions éthiques et existentielles sur le progrès humain, sur ses objectifs et sur les moyens de les atteindre.
Le genre dénonce volontiers un certain engouement pour des inventions d’abord perçues comme des progrès, mais qui peuvent se retourner contre nous. Dans Le cycle des robots (1950-1985), Isaac Asimov s’interroge sur la place des humains par rapport aux robots dotés d’une forme d’intelligence aussi fascinante qu’inquiétante, susceptibles de prendre l’ascendant sur leurs propres créateurs.
La science-fiction explore aussi les conséquences philosophiques d’une manipulation du vivant au nom du progrès social. Dans Le Meilleur des mondes (1932), Aldous Huxley décrit des êtres créés en laboratoire, conditionnés pour répondre à la priorité de l’État mondial : la stabilité. Les opérations menées sur certains embryons au profit d’une caste supérieure mettent en lumière le problème éthique de l’eugénisme. Cette dystopie montre combien la science doit être contrôlée.
Conclusion
Bilan
La science-fiction ouvre des espaces de débat et aide à se prémunir des dangers qui nous menacent ; elle joue selon moi un rôle important dans l’éveil des consciences. C’est un outil séduisant pour penser le monde de demain, en dessinant des visions expérimentales du futur, entre imaginaire et possible.
Citation
« L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution. » (Albert Einstein)
Ouverture
La science-fiction inspire également les cinéastes qui utilisent les ressources audiovisuelles pour enrichir la réflexion sur ces mondes imaginaires.
II. Échange avec le jury (10 minutes)
Voici quelques-unes des questions que le jury pourrait poser en lien avec ta présentation, ainsi que les réponses possibles. N’oublie pas qu’on peut t'interroger sur d’autres thèmes du programme.
Qu’est-ce qu’une dystopie ? En quoi peut-elle stimuler la réflexion ?
Une dystopie est un récit de fiction qui décrit une société oppressante, souvent tyrannique ou totalitaire. Elle s’oppose à l’utopie, caractérisée par son aspect idéal. Elle permet de réfléchir aux dangers qui menacent les sociétés humaines, et aux avenirs sombres qui peuvent les attendre.
Que pensez-vous du titre du roman de Huxley, Le Meilleur des mondes ?
Ce titre est bien entendu ironique : le monde décrit par le roman est un monde très peu désirable, où les êtres humains, soumis à un contrôle social permanent, sont produits en laboratoire et vivent en castes hiérarchisées à l’extrême. Huxley, lui-même pétri d’humanisme, cherche à alerter ses contemporains sur les dérives qui peuvent menacer leurs sociétés.
Le cinéma de science-fiction s’est largement emparé de questionnements sur les dangers menaçant l’humanité : pouvez-vous donner quelques exemples ?
- Blade Runner (Ridley Scott, 1982) trouble la frontière entre humains et robots anthropomorphes : des « Réplicants », êtres humains de synthèse doués de conscience, s’y rebellent contre leurs créateurs.
- Soylent Green (Richard Fleischer, 1973) montre la raréfaction des ressources dans un monde dystopique où les cadavres humains sont secrètement transformés en nourriture.
Conseil
Attends-toi à ce que le jury te demande d’approfondir des idées ou des exemples que tu abordes brièvement au cours de ta présentation, par exemple dans l’ouverture de ta conclusion.
III. Échange sur le projet d'orientation (5 minutes)
Le jour J, il te faudra bien sûr développer la réponse.
Comment avez-vous choisi le sujet de votre exposé ? Celui-ci est-il en lien avec votre projet d’orientation ?
- J’aime la littérature en grande partie pour sa capacité à explorer des mondes imaginaires, à nous emporter dans des histoires dépaysantes qui peuvent nous aider à mieux comprendre notre monde. Le chapitre « L’humain et ses limites » m’a particulièrement intrigué.
- J’envisage une carrière dans les sciences politiques, pour participer à la prise de décision collective en portant des projets citoyens. Travailler sur la question que j’ai traitée m’a permis d’approfondir des enjeux éthiques qui me paraissent essentiels pour mieux comprendre le monde de demain.