En quoi le « made in france » peut-il être considéré comme une forme de protectionnisme ?
I. Présentation de la question
Introduction
Je vais m'intéresser à une problématique sur le made in France et, pour illustrer mes propos, je prendrai l’exemple de l’entreprise Le Slip français, qui est un des fleurons de la fabrication 100 % française avec plus de deux millions d’articles vendus.
La totalité de ces produits est fabriquée en France et elle fonctionne en circuit court.
La société a été créée en 2011 par Guillaume Gibault. Cette société a pour mission de faire vivre les entreprises françaises en leur confiant la totalité de la chaîne de production, de la production de laine jusqu’au packaging en passant par le tricotage et la distribution. Elle permet de mobiliser 300 emplois indirects en France.
Le Slip français a même développé un service de consulting pour aider d’autres entreprises à relocaliser leur production en France.
La crise du Covid-19 a permis de voir les risques liés à une trop forte dépendance de l'extérieur et nous avons perçu les conséquences de ce manque d’autonomie. Le made in France est de plus en plus apprécié par les français et cela peut amener à un retour du protectionnisme.
Mon intérêt pour le 100 % français m’a conduit à dégager une problématique qui est : « En quoi le made in France peut-il être considéré comme une forme de protectionnisme ? »
Dans une première partie, nous verrons que le made in France entrave le marché unique ; puis, dans une seconde partie, nous étudierons le fait de favoriser le made in France.
1) Le made in France entrave le marché unique
En premier lieu, le made in France entrave le marché unique qui a été créé en 1986. En effet, ce dernier garantit la libre circulation du travail, du capital, des biens et des services et cela grâce à des traités sur le fonctionnement de l’Union européenne. Ce marché unique a de nombreux avantages tels que la baisse des prix. Le libre-échange qui est garanti dans le marché unique a pour but de faire baisser les prix puisque nous allons avoir une internationalisation de la chaîne de valeur qui va entraîner une hausse de productivité et conduire à une baisse des coûts unitaires de production, donc à une baisse des prix et, de manière mécanique, à une hausse du pouvoir d’achat des ménages.
Cependant le made in France, qui est une mention apposée sur des produits manufacturés pour renseigner le consommateur sur le lieu de fabrication, empêche le bon fonctionnement de ce marché unique puisque les prix vont augmenter. Cela est une caractéristique du protectionnisme. Certes, les prix ne vont pas augmenter suite à des barrières tarifaires comme aux États-Unis mais parce qu’il n’y aura pas d’internationalisation de la chaîne de valeurs et donc aucune économie d'échelle. Les français vont donc perdre de leur pouvoir d’achat suite aux coûts de production qui vont augmenter car la main d’œuvre et les matières premières sont plus chères en France qu’en Chine, par exemple. En effet, si je compare le tarif d’un boxer Le Slip français à un produit similaire proposé par de grandes chaînes de prêt-à-porter, on s’aperçoit que pour le premier il faut compter entre 25 et 45 € alors que pour le deuxième, il est vendu entre 9 et 13 €, soit 2 à 5 fois moins cher. Ainsi, nous pouvons voir que le made in France est anti-européen puisqu’il n’est pas conciliable avec l’esprit de la construction européenne. Le made in France rompt avec le marché unique et donc le libre-échange, ce qui peut s’apparenter à du protectionnisme.
2) Les français favorisent le made in France
Les français plébiscitent le made in France, ce qui peut nous conduire à une certaine forme de protectionnisme.
Depuis quelques années, on remarque que les Français préfèrent acheter des produits locaux, des produits fabriqués en France puisqu’ils respectent une certaine qualité et qu’ils respectent des normes de fabrication. Selon une étude de l’INSEE datant de 2018, 81 % de la consommation des ménages, en 2015, était du made in France.
Nous mettons un accent particulier sur le respect des normes et la sécurité du consommateur. La majorité des produits fabriqués dans l’hexagone porte des labels représentatifs de la qualité des produits. Nous pouvons citer entre autres : l’AOC (appellation d’origine contrôlée) ou encore La Belle Empreinte et France terre textile pour le prêt-à-porter.
Suite à la promesse de qualité qu’apportent ces labels, les Français se tournent vers le made in France plutôt que vers des produits importés de l’étranger. Outre cela, les Français sont de plus en plus sensibles à l’écologie et au réchauffement climatique. Ces personnes veulent des produits qui viennent de chez eux et qui n’ont donc pas traversé la Terre entière. Ils vont donc favoriser les produits fabriqués en France et refuser ceux qui sont importés.
De plus, pour ces consommateurs, cela va permettre de renforcer l’économie française, ce qui est du patriotisme économique qui a pour but de favoriser les activités nationales.
Pour illustrer cela, il suffit de regarder la hausse de chiffre d'affaires produite par Le Slip français qui atteint les 23 millions d’euros en 2023 malgré des baisses successives d’environ 10 % chaque année.
La concurrence est rude par rapport aux enseignes d’ultra fast fashion comme Shein ou Temu mais l’enseigne française reste « dans le vert » et se bat pour rester dans la course.
Ainsi, le protectionnisme est ici bien présent mais il n’est pas aidé par l'État qui n'octroie aucune aide. Ce sont les consommateurs qui ont installé cela pour protéger l’économie française et ses emplois.
Conclusion
Ainsi, pour conclure au terme de cette étude, nous avons développé, dans une première partie, le fait que le made in France allait à l’encontre du marché unique européen ce qui, par conséquent, nous pousse vers le protectionnisme puisque nous n’allons plus échanger avec le reste de l’Europe comme avant. Puis, dans une seconde partie, nous avons vu que les Français mettaient en place une certaine forme de protectionnisme qu’on peut appeler du patriotisme économique pour sauvegarder l’économie française et ses emplois.
Nous pouvons nous demander si le made in France signe réellement le retour du protectionnisme ?
Pour ce fait, nous mobiliserons :
- Le site exafrance.fr « le made in France est-ce plus cher ? »
- Le site de RTL, « Pourquoi le made in France coûte-t-il aussi cher ? »
- Le site de NetExplorer « le made in France est-il plus cher ? »
II. Échange avec le jury
Que veut dire l’acronyme INSEE et à quoi sert-il ?
L’acronyme INSEE veut dire Institut national de la statistique et des études économiques.
Il collecte et analyse des informations économiques sur la société française et publie des statistiques officielles en France. Il a été fondé en 1946.
Quels sont les inconvénients du protectionnisme ?
- L’absence de concurrence ;
- L’absence de baisse des prix ;
- Perte de la compétitivité ;
- Peu de choix dans les produits proposés ;
- Prix élevés donc baisse du pouvoir d’achat des ménages