Étudier l’énonciation

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L’énonciation est l’acte individuel de production d’un énoncé par un locuteur. On peut chercher à analyser les textes en fonction de leur type d’énonciation.

I. La situation d’énonciation

Tout énoncé s’inscrit dans une situation d’énonciation. Un locuteur produit un énoncé, dans un lieu et temps donné, adressé à quelqu’un (l’allocutaire ou destinataire). On peut définir deux types d’énonciation.

Quand il est nécessaire de connaître les conditions de l’énonciation pour comprendre l’énoncé, on parle d’énoncé ancré dans la situation d’énonciation. Pour comprendre l’énoncé je suis ici, l’allocutaire doit savoir qui est le « je » et où il se trouve, c’est-à-dire la situation dans laquelle l’énoncé a été produit.

Quand il n’est pas nécessaire de connaître les conditions de l’énonciation, on parle d’énoncé coupé ou d’énonciation historique. Pour comprendre l’énoncé Louis XIV est mort en 1715, il n’est pas nécessaire de connaître les conditions de l’énonciation.

II. L’énoncé ancré dans la situation d’énonciation

On le reconnaît à la présence des éléments suivants :

Le système de la 1re et 2e personne : pronoms personnels (je, me, tu, te, nous, vous), déterminants et pronoms possessifs (mon, ma, mes, notre, nos, le mien… ; ton, ta, tes, vos, votre, le tien…).

À noter

Certaines grammaires regroupent sous l’appellation « déictiques » tous les termes qui ne se comprennent qu’à l’intérieur d’une situation d’énonciation.

Les déictiques : termes qui ne se comprennent que s’ils sont accompagnés d’un geste. Prends ce livre ne se comprend que si le locuteur désigne du doigt le livre en question. Les déterminants et les pronoms démonstratifs (ce, cet, cette, ces, celui-là) et les adverbes de lieu (ici), et de temps (maintenant) sont typiquement des déictiques.

Les temps verbaux : le présent d’énonciation correspond au moment même de l’énonciation ; le passé composé est utilisé pour évoquer un moment du passé.

Les modalisateurs : ils indiquent le degré d’adhésion de l’énonciateur à son énoncé : il pleuvra sans doute, peut-être, certainement… Les modalisateurs peuvent être des adverbes (probablement, certainement…), des locutions adverbiales (peut-être, sans doute…), des auxiliaires de mode (devoir, pouvoir, vouloir…), certains adjectifs qualificatifs (possible, certain, probable…). Le conditionnel peut aussi indiquer une distance de l’énonciateur à son énoncé : On pourrait dire qu’il a raison, mais…

Les marques de la subjectivité : utilisation d’un lexique appréciatif, évaluatif, affectif.

Les marques du jugement : verbes de jugement (je pense, je crois, j’affirme…).

III. L’énoncé coupé de la situation d’énonciation

Il s’oppose point par point à l’énoncé ancré dans la situation d’énonciation. On le reconnaît à la présence des éléments suivants :

Le système de la 3e personne : pronoms personnels (il, ils), déterminants possessifs (son, sa, sien ; leurs).

Les temps verbaux : le présent de narration et le passé simple.

Des indices spatio-temporels : dates et lieux précis qui permettent un repérage absolu dans le temps et dans l’espace.

Conseil

Dans un texte apparemment objectif, il faut être attentif à la présence de modalisateurs qui révèlent une prise de position de l’auteur, du narrateur, ou du locuteur.

L’absence de modalisateurs, de déictiques et de marques de la subjectivité et du jugement.

Zoom

L’implicite

On appelle implicite ce qui n’est pas énoncé clairement mais ce que le récepteur du message doit comprendre par lui-même. On distingue deux sortes d’implicite : le présupposé et le sous-entendu. En voici des exemples tirés de À la Recherche du temps perdu de Proust.

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