« Liberté, c’est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens, qui chantent plus qu’ils ne parlent » (Paul Valéry). La liberté est une valeur, un idéal, qu’il est difficile de définir. D’autant que ce terme s’applique autant à la physique des corps qu’aux mouvements de l’âme ou de la volonté. Cette notion est pourtant au centre des questions de politique et de morale.
I. La liberté physique
Au sens physique, la liberté signifie l’absence de contrainte. Un animal ou un homme est libre dans la mesure où il n’est pas enchaîné ou enfermé. La liberté physique est liberté de mouvement et spontanéité de l’action.
Il existe néanmoins des contraintes naturelles auxquelles on ne peut échapper : l’homme n’est pas libre de voler ou de marcher sur l’eau, par exemple. L’homme réduit à la seule liberté physique n’est pas plus libre qu’une pierre qui tombe sans rencontrer d’obstacle. Il est soumis au déterminisme naturel : tout, dans la nature, résulte de causes nécessaires.
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Le déterminisme s’oppose à la liberté. Il désigne une conception scientifique selon laquelle il n’y a pas d’effet sans cause, et où tout phénomène obéit à des lois naturelles.
La liberté physique, pour Aristote ou Leibniz, consiste dans la spontanéité de ses mouvements dus à une cause interne, et non à une contrainte externe. C’est faire ce que je veux et peux sans contrainte.
II. La liberté politique
1) La liberté comme indépendance
Au sens politique, la liberté désigne d’abord l’indépendance à l’égard de tout pouvoir. Elle suppose d’être soi-même son propre maître. Une cité libre n’obéit qu’à ses propres lois ; un homme libre n’obéit qu’à sa propre volonté.
2) Les conditions d’une liberté politique
Mais l’homme, « animal politique » (Aristote), ne vit pas seul. En société, il est un citoyen libre à la condition d’obéir à une loi égale pour tous. L’isonomie (égalité devant la loi) est la première condition de la liberté politique.
Il faut aussi que la loi soit l’expression d’une volonté générale qui dépasse les égoïsmes individuels au profit de l’intérêt commun. À cette condition, le citoyen obéit librement à une loi qu’il s’est lui-même donnée (Rousseau).
3) La liberté comme résultat d’un processus
Pour Hegel et Marx, cette liberté purement légale reste formelle. La liberté n’est pas un statut juridique, mais le résultat d’un processus historique de libération par le travail. Le maître qui ne travaille pas est condamné par l’histoire, et c’est l’esclave qui devient le nouveau maître en transformant la nature et sa propre nature grâce à son travail.
À noter
L’inscription « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre ») figure sur la grille d’entrée du camp d’Auschwitz. Les nazis ont détourné cette phrase de son sens originel, Hegel l’ayant écrite car il était favorable à la libération des opprimés.
III. La liberté morale
Au sens moral, la liberté suppose la responsabilité de ses actes et la possibilité de choisir entre le bien et le mal, ce qu’on appelle le libre arbitre.
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La responsabilité désigne le fait de rendre compte de quelque chose devant quelqu’un. Je ne suis responsable que de ce qui dépend de moi.
Pour les Anciens est libre une volonté indépendante de toute contrainte. Est libre celui qui agit selon sa volonté, et non selon la volonté d’autrui. Les stoïciens soutiennent qu’une volonté libre peut résister à la torture ou à la tyrannie, à condition de savoir que la liberté réside dans la volonté intérieure, et non dans le corps. Pour rester libres face aux coups du destin, nous devons détacher la volonté des biens extérieurs qui ne dépendent pas de nous : non pas « faire ce que je veux », mais vouloir ce que je peux.