Des conditions différentes selon les familles

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La socialisation ne s’exerce pas de façon identique pour tous les enfants et dans toutes les familles. Ainsi, la composition du foyer, le groupe social, les modèles éducatifs ou encore le sexe de l’enfant ­influent sur les conditions et le résultat de la socialisation.

I. Le poids des configurations familiales

1) Les effets de la structure interne de la famille

Mot clé

Les configurations familiales désignent les différentes formes de famille et leur composition : présence d’un ou de deux parents, de sexes différents ou de même sexe, nombre de frères et sœurs, rôle des grands-parents et des autres membres de la parenté.

Les configurations familiales jouent un rôle essentiel. La famille ne se réduit pas au couple parental : la fratrie et le reste de la parenté participent à la socialisation. Par exemple, la présence d’une sœur étudiante chargée de surveiller les devoirs de son frère peut modifier le rapport à l’école et à la culture de ce dernier, notamment dans les familles de milieu populaire.

Le couple parental ne forme pas un tout unifié : les parents peuvent venir de milieux sociaux différents et être porteurs de valeurs différentes, voire contradictoires.

2) L’influence des modèles éducatifs

On distingue deux modèles théoriques. D’une part, le modèle « autoritaire », qui repose sur un contrôle parental élevé, un usage fréquent des punitions et une relation asymétrique entre enfant et parents. D’autre part, le modèle « permissif », reposant sur un contrôle faible, un recours limité à la punition et une relation d’égal à égal entre l’enfant et les adultes.

Plusieurs enquêtes récentes ont montré que, dans la réalité, ces deux modèles se juxtaposent. Le modèle « autoritaire » favoriserait la transmission de valeurs telles que l’obéissance, tandis que le modèle « permissif » encouragerait le développement de l’autonomie, c’est-à-dire la liberté de choix de l’enfant.

II. Des différences selon les sexes et les milieux sociaux

1) Une socialisation genrée

Les filles et les garçons ne sont pas éduqués de la même manière, car les adultes ont des représentations de la façon dont ils doivent se comporter. Ainsi, dès la naissance, les réactions des parents face à leurs comportements sont différentes. Par exemple, les pleurs sont souvent moins tolérés chez les garçons, dont les adultes attendent davantage de force et de courage.

De même, les jouets choisis pour l’enfant favorisent le développement, par exemple, de la motricité pour les garçons et de l’intérêt porté à soi pour les filles.

2) Une socialisation de classe

Les conditions de vie matérielle induisent un rapport aux contraintes économiques et à l’espace qui diffère selon les milieux sociaux. Vivre dans un espace réduit peut être vécu comme de la « promiscuité » d’un point de vue bourgeois, mais interprété comme de la « solidarité familiale » dans les ­milieux populaires.

Mot clé

L’intériorisation est un mécanisme assurant l’intégration des normes et valeurs à la personnalité des individus.

L’intériorisation bourgeoise du contrôle de soi, qui se réalise dans la maîtrise des espaces, s’oppose à l’apprentissage de l’affrontement physique des milieux populaires. Ce dernier est transmis au travers du modèle des pères en accord avec l’idéal populaire de la virilité. L’origine sociale des parents est donc un facteur de différenciation.

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La lecture, une pratique liée au milieu social

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La catégorie socioprofessionnelle d’appartenance est une des variables explicatives des différences de pratiques sociales et culturelles entre individus.

La socialisation différenciée entre milieux sociaux influence en effet les ­comportements. Ainsi, la part des cadres déclarant n’avoir pas lu de livre dans l’année est nettement inférieure à celle des ouvriers ou des agriculteurs.