Décrire, figurer, imaginer : (d)écrire le monde

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Légende de la leçon

Vert : définitions

Introduction

La description, la figuration et l’imagination sont trois formes de représentations. Elles font référence au monde, mais de différentes manières. Décrire le monde, c’est représenter quelque chose fidèlement à la réalité. Les descriptions sont des représentations précises d’objets : la taille d’un arbre, l’aspect d’un fruit, le nombre de moutons… Lorsqu’on ne peut pas décrire un objet fidèlement car il est trop loin ou trop complexe, on fait appel à la figuration et à l’imagination. Figurer, c’est représenter une idée ou un objet sous une forme visible. On peut figurer la mort par une faux, ou l’infini par un huit couché. Pour figurer, il faut se servir de l’imagination, qui est la faculté de pouvoir créer des images.

Objectifs : Cette leçon s’intéresse en particulier à la description comme forme de représentation du monde. Elle montre que décrire le monde fidèlement, c’est notamment pouvoir écrire, c’est-à-dire fixer une description sur un support. La leçon s’arrête ainsi sur la naissance de l’écriture.

I. L’écriture pour décrire le monde

1) Écrire pour fixer la pensée

Il est de coutume dans les programmes scolaires de distinguer les matières littéraires et les matières scientifiques. Néanmoins, ces matières renvoient toutes à des formes d’écriture. En effet, écrire, c’est avant tout dessiner des signes, qui peuvent être des lettres de l’alphabet, des idéogrammes, des nombres ou des formules.

Les premières formes d’écriture humaines apparaissent aux alentours de 3300 av. J.-C. en Mésopotamie, région de l’actuel Moyen-Orient. Elles servent à mesurer, partager et distribuer les richesses.

« Nous appelons écriture tout système employé par les hommes pour fixer l’expression de leurs pensées par des signes matériels, de manière à pouvoir se les communiquer entre eux autrement que par la parole et à leur donner une durée », écrit l’assyriologue François Lenormant dans Introduction à un Mémoire sur la Propagation de l'Alphabet Phénicien dans l'Ancien Monde, Forgotten Books, 2019.

Définitions

Idéogramme. Signe graphique exprimant directement une idée, une notion, une unité de sens, et non pas un son isolé ou une syllabe. Exemple : les idéogrammes issus de la signalisation routière en France.

Assyriologue. Personne qui étudie les civilisations de Mésopotamie et leurs langues.

2) Les trois écritures de l’humanité : la langue, le nombre et le code

L’historienne et archéologue Clarisse Herrenschmidt parle ainsi des « trois écritures » de l’humanité : celle de la langue, celle du nombre et celle du code. Il y a, d’une part, l’écriture des langues orales, d’autre part le langage mathématique des nombres, et enfin l’encodage informatique qui s’est développé au XXe siècle. Chaque façon d’écrire correspond à une façon de penser et de décrire le monde.

Définition

Informatique. Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l'information considérée comme le support des connaissances humaines et des communications dans les domaines technique, économique et social.

II. Fixer la langue

1) La naissance de l’alphabet

Les plus anciennes langues écrites dont nous ayons retrouvé la trace sont le sumérien, écrite en Mésopotamie entre les IVe et IIIe millénaires avant notre ère et l’égyptien ancien, écrite au moyen des hiéroglyphes dès le IVe millénaire avant notre ère. L’égyptien ancien présente des ressemblances avec le copte, langue encore parlée et écrite en Égypte aujourd’hui.

L’alphabet phénicien est considéré comme le premier alphabet de l’humanité. Il est composé de 22 signes et s’est stabilisé aux alentours de 1000 av. J.-C.

Grâce à l’alphabet, l’écriture phonétique devient possible : chaque signe représente un son.

Définition

Phénicie. Ensemble de cités-États indépendantes situées sur la côte méditerranéenne entre les actuels Liban, Syrie et Israël. Les Phéniciens étaient de grands commerçants.

2) Le mythe de la Tour de Babel

Dans le langage commun, la Tour de Babel désigne un lieu où l’on parle toutes les langues, et où la confusion règne. L’expression fait référence à un passage de la Bible dans lequel il est écrit que les descendants de Noé tentèrent d’élever une tour pour atteindre le ciel, et qu’ils furent punis par Dieu pour leur orgueil. Dieu diversifia les langues et rendit impossible la communication à l’échelle de l’humanité.

Depuis l’Antiquité, les hommes ont fantasmé l’idée d’une langue unique originelle commune à toute l’humanité. Les recherches archéologiques ont montré que différentes langues sont apparues à plusieurs endroits en même temps. Les archéologues ont aussi prouvé l’existence d’une véritable « tour » en Mésopotamie, qui influença sans doute le récit biblique. La tour se situait à Babylone et était étonnement élevée. L’image de la tour, fondée sur l’existence d’une tour réelle, a ainsi permis de figurer la relation entre les hommes et le divin. Le mythe s’est fondé sur un mélange d’imagination et de description.

Définition

Mythe. Récit relatant des faits imaginaires non consignés par l'histoire, transmis par la tradition et mettant en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d'ordre philosophique, métaphysique ou social.