Légende de la leçon
Vert : définitions
Introduction
En Europe, le développement de la navigation, à la fin du XVe siècle, a permis la découverte puis l’exploration à des fins commerciales de nouveaux territoires en Asie, en Afrique et en Amérique. Dès lors, les échanges d’objets et d’idées se sont densifiés, suscitant de nouvelles représentations de l'homme et du monde.
Objectifs : Cette leçon a pour objectif de montrer que ces nouvelles représentations du monde sont également la conséquence d'un certain nombre d'innovations techniques et scientifiques. Elle souligne les liens qui unissent les grands voyages de découverte, l'extension du commerce mondial et celle des empires coloniaux européens.
I. Le développement de la navigation européenne à partir de la fin du XVe siècle
1) Des progrès et innovations techniques au service des grands voyages de découverte
Jusqu’au XVe siècle, il était rare pour les navigateurs européens de s’aventurer en pleine mer, à l’exception des marins bretons ou basques qui partaient pêcher jusque sur les côtes de l’actuel Canada, ou des pêcheurs anglais qui naviguaient jusqu’en Islande. Ils avançaient « à l'estime », autrement dit, sans l'aide de cartes et d'instruments de navigation modernes.
À partir du XVIe siècle, l'élaboration de nouveaux instruments et la formation des marins permirent à la navigation de réaliser des progrès considérables. Fruits des progrès et innovations techniques les plus récents, les cadrans solaires et les sabliers furent utilisés pour calculer le temps, les sondes pour établir une mesure plus exacte des fonds marins. D'autres instruments empruntés aux astronomes antiques et médiévaux (quadrant, astrolabe, bâton de Jacob) servirent à situer et suivre la trajectoire des navires en fonction de la position des étoiles.
Au début du XVe siècle, le prince portugais Henri le Navigateur réunit autour de lui à Sagres, à l'extrémité sud du pays, les meilleurs cartographes, astronomes et mathématiciens européens afin de préparer de futures expéditions. Celles-ci auront pour but d’établir des colonies portugaises en Afrique de l’Ouest et en Amérique. Les savants mirent au point un nouveau type de navire, la caravelle, légère et plus maniable, capable de naviguer avec et contre le vent.
Définitions
Quadrant. Ancien instrument dont les marins se servaient pour prendre les hauteurs du soleil, l'observateur tournant le dos à celui-ci. (définition CNRTL)
Astrolabe. Appareil en forme de disque plat servant à déterminer les longitudes et les latitudes. (définition La Langue française)
Bâton de Jacob. Règle servant à mesurer la hauteur d’une étoile.
2) Les progrès de la cartographie : une connaissance plus précise du monde
Les premières cartes marines qui nous sont parvenues datent du XIIe siècle et concernent l’espace méditerranéen. Des ateliers cartographiques de grande renommée étaient installés à Gênes ou à Venise. Les cartes et atlas manuscrits étaient dessinés sur parchemin, un matériau très résistant.
À partir du XVIe siècle, les cartes se font plus précises : elles indiquent les différents vents, localisent les courants maritimes, les fonds marins, les îles et les récifs dangereux aux abords des côtes. Néanmoins, tous les marins à l’époque n’en maîtrisaient pas forcément la lecture !
II. De l’exploration aux empires coloniaux
Définitions
Empire. Autorité politique souveraine exercée par une personne, parfois par une collectivité ou une personne morale, sur une partie du monde. (définition CNRTL)
Colonie. Groupe d'émigrants qui ont quitté leurs pays pour cultiver, peupler, exploiter une terre étrangère conquise et par extension territoire étranger placé sous la dépendance politique d'une métropole qui a assumé la tâche de le mettre en valeur et d'en civiliser les habitants.
1) Des routes commerciales
L’expression « route de la Soie » a été inventée par un géographe allemand du XIXe siècle pour désigner les échanges commerciaux qui, dès l'Antiquité, se sont formés entre les pays d'Extrême-Orient et ceux de l'espace méditerranéen. La soie faisait en effet partie des produits de luxe qui transitaient entre ces deux parties du monde. Les routes terrestres et maritimes étant nombreuses, il serait plus pertinent de parler « des routes » de la Soie.
Dès la fin du XVe siècle, le Portugal puis l’Espagne tentent de découvrir de nouvelles routes commerciales pour s’approvisionner en soie, épices, or, argent et autres objets précieux sans l’intermédiaire des commerçants du monde arabe. Par les grands voyages d'exploration tout autour du monde, ils font basculer le centre de gravité de l’économie européenne de l’espace méditerranéen à l’océan Atlantique.
Le génois Christophe Colomb obtient le soutien de la couronne espagnole pour monter une expédition vers les Indes. Alors qu'il pensait rejoindre l'Asie par l'Ouest, Colomb débarque en 1492 sur une petite île de l'archipel des futurs Bahamas. Cette première expédition, bien documentée, fut suivie de trois autres excursions vers l’Amérique, jusqu’en 1504.
En 1497, le navigateur portugais Vasco de Gama part pour « les Indes » en contournant le cap de Bonne-Espérance, à l’extrême sud de l’actuelle Afrique du Sud. Il est le premier marin à franchir ce cap périlleux. Trois ans plus tard, une expédition portugaise atteint les côtes du Brésil.
En 1494, à la suite du traité de Tordesillas, l’Espagne et le Portugal se partagent le monde : les souverains déterminent deux zones au sein desquelles ils auront le monopole de la découverte, de la navigation et du commerce.
2) Le commerce triangulaire
Les conquêtes européennes de nouveaux territoires débutées au XVe siècle ont également pour conséquence l'exploitation et la destruction des peuples qui occupaient à l'origine ces territoires : Amérindiens, Africains réduits en esclavage.
Entre le XVe et le XIXe siècle, 34 850 expéditions négrières traversèrent l’Atlantique, conduisant à la déportation aux Amériques de plus de douze millions d’Africains. Comme l’écrit l’historien portugais António de Almeida Mendes, le Portugal et l’Espagne ont joué un rôle précurseur dans ce commerce humain, mais « il revient à l’Angleterre, à la France et aux Pays-Bas d’avoir implanté dans leurs possessions d’outre-mer les systèmes les plus intensifs de travail forcé et d’avoir développé une culture capitaliste fortement dépendante du commerce des produits coloniaux : café, sucre, alcool, tabac, indigo » (António de Almeida Mendes, « Les réseaux de la traite ibérique dans l’Atlantique nord (1440-1640) », in Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 63, no. 4, 2008).
Définitions
Traite négrière. Commerce des esclaves noirs d'Afrique.
Commerce triangulaire. Commerce maritime qui s'est développé entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, reliant trois continents, l'Europe, l'Afrique et l'Amérique.