Un poème est une forme souvent brève et parfois déroutante. Comment procéder pour l’appréhender ?
Étape 1 : Identifier les caractéristiques du poème
Même si l’analyse d’un poème ne peut se réduire à l’étude de sa forme, il est nécessaire de commencer par repérer les caractéristiques formelles.
• Comment s’inscrit le poème sur le blanc de la page ? A-t-il une forme ramassée, allongée ? Est-ce en relation avec son sens ? Veut-il mimer le thème dont il parle, comme un calligramme par exemple ?
Conseil
Pour analyser un sonnet, rappelez-vous que les quatrains ont un contenu plus abstrait que les tercets, dont le rôle est illustratif. Le dernier vers (la chute) peut donner la clé du poème.
• Quel est le système de strophes ? Peut-on reconnaître une forme fixe ? Si oui, le poète respecte-il les règles ou les retravaille-t-il à sa manière ?
• Quel est le type de rimes (plates, embrassées, croisées) ? Y a-t-il une alternance dans le choix des rimes ? Au contraire, le poème est-il tout en rimes suivies, par exemple ?
• Quel est le mètre employé (octosyllabes, décasyllabes, alexandrins…) ?
Toutes ces caractéristiques vous permettent-elles de reconnaître l’influence d’un courant littéraire auquel le poète appartiendrait ou duquel il se démarquerait ? Faites appel à vos connaissances et aux informations données par le paratexte.
Étape 2 : Cerner le propos du poète
1) L’énonciation et les thématiques
Le poème est-il à la première personne ? Est-il adressé à quelqu’un (la femme aimée, le lecteur, une allégorie…) ?
On retrouve, à travers l’histoire de la poésie, des grandes thématiques comme l’amour (rencontre amoureuse, coup de foudre), le passage du temps, le deuil, la beauté, la poésie elle-même. Mais n’oubliez pas que tout est permis à l’écriture poétique : laissez parler le texte et laissez-vous surprendre.
2) Les tonalités
À noter
Si le poème lyrique célèbre la beauté de la nature, il peut aussi célébrer la beauté de la ville, son mouvement, son bruit, ses couleurs (ex. : « Zone » d’Apollinaire).
La poésie est généralement associée au lyrisme, qu’il soit expression du bonheur ou du malheur (dans ce cas on parle de lyrisme élégiaque). Mais il peut être aussi épique, didactique, satirique, burlesque.
Le poème défend-il une cause, une opinion ? S’inscrit-il dans un débat d’idées ? Incite-t-il à l’action comme les poèmes de la Résistance, par exemple ? On parle alors de poésie engagée.
Étape 3 : Affiner la lecture
1) Musicalité
Une fois repéré le type de rimes, on doit regarder quels mots elles servent à mettre en écho. Cet écho provoque-t-il la surprise ?
Il faut être attentif à tous les jeux d’allitérations et d’assonances qui tendent à mimer ce dont le poème parle.
À noter
Le vers libre est un vers libéré de la régularité du mètre, des césures et des coupes. Il remplace souvent les rimes par des assonances.
Pour l’analyse des poèmes en prose, il faut mettre en évidence les rimes internes, les alexandrins cachés, etc., tout ce qui relève de la musicalité poétique.
2) Images
En tant qu’art du langage, la poésie en utilise toutes les possibilités. Il est nécessaire d’analyser les images, métaphores, analogies, comparaisons et d’en exploiter le sens, voire la multiplicité des sens.
Les images peuvent aussi être suggérées par le jeu des connotations, par la description d’une atmosphère : le lecteur semble percevoir ce que décrit le poème.
3) Jeux de langages
Un poème possède souvent plusieurs sens : soyez particulièrement attentif à la polysémie des mots pour comprendre toutes les dimensions du poème.
« Nos pieds glissaient d’un pur et large mouvement. » (Verlaine)
[« pied » renvoie à la fois à la partie du corps et à l’ancienne unité de mesure du mètre poétique : ce qui semblait le récit d’une anecdote devient ainsi un poème sur la poésie]