La connaissance d’un lexique adapté est nécessaire tant pour la compréhension et l’analyse des textes que pour la précision de l’expression écrite et orale.
I. Champ lexical et réseau lexical
Les mots du langage désignent des réalités du monde, qu’elles soient concrètes ou abstraites (les idées).
On appelle champ lexical l’ensemble des termes désignant une même réalité : guerre, arme. Les termes peuvent être reliés entre eux par dérivation, guerre, guerrier. Attention, il ne suffit pas de relever un champ lexical, il faut l’analyser pour mettre à jour les sous-thèmes et les relations de sens.
Mot-clé
Connotation : charge affective et subjective ajoutée à la dénotation d’un terme (la définition du dictionnaire) en fonction de la culture personnelle du lecteur.
Le réseau lexical est un champ lexical étendu aux autres termes qui, par leur connotation ou leur emploi en contexte, relèvent de la même thématique. Ainsi guerrier, armes, munition, fusil font partie du champ lexical de la guerre et mutilation, hôpital, panique font partie de son réseau lexical.
II. Polysémie, synonymie, antonymie
Un même terme peut avoir plusieurs sens, il est dit polysémique. La polysémie permet de jouer sur différents niveaux de sens.
… formaient une harmonie telle qu’il n’y eut jamais en enfer (Voltaire)
Voltaire utilise le double sens d’harmonie, « formation musicale » et « entente, paix », pour faire réfléchir le lecteur.
Des termes différents peuvent recouvrir une même réalité, ils sont dits synonymes. Cependant, il y a toujours une nuance de sens entre les synonymes. Dans une énumération ou une gradation , on doit être attentif à l’apport de chacun des termes.
Je vois partout […] la force, la brutalité, la cruauté, le sadisme (Césaire)
Chaque terme de la gradation ajoute une nuance au précédent.
Des termes peuvent avoir des relations de sens opposé, ils sont dits antonymes (généreux, avare). Ils sont employés dans les antithèses et les oxymores .
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)
La juxtaposition des mots « obscure » et « clarté » constitue un oxymore.
III. Les types de lexique
Les mots d’une langue sont multiples et il existe de nombreuses manières de les classer. Il faut savoir reconnaître et utiliser au moins quatre types de lexique.
À noter
Les lexiques appréciatif et affectif se retrouvent dans l’expression de la subjectivité.
Le lexique appréciatif permet d’exprimer une appréciation :
• si elle est positive, on parle de lexique mélioratif (admirable, magnifique) ;
• si elle est négative, on parle de lexique péjoratif (fade, néfaste, borné).
Le lexique évaluatif permet d’exprimer un jugement de valeur sur une échelle graduée (grand/petit, chaud/froid) dans divers domaines : esthétique (beau), moral (bon), etc.
Le lexique affectif permet d’exprimer la manière dont on est affecté par quelque chose. C’est le lexique des sentiments et des émotions (admiration, souffrance, pitié, pitoyable…).
Le lexique abstrait est le lexique des opérations de la pensée (réfléchir, méditer, notion, concept, réflexion…), du jugement (apprécier, concéder, réfuter, rejeter…), de la morale ou de la philosophie (liberté, conscience, être, déterminisme, vertu, devoir…), des catégories artistiques (baroque, classique…), du sentiment esthétique (beau, sublime), etc. Vous aurez à utiliser ce lexique pour le commentaire et la dissertation.
ZoomExemple d’analyse lexicale
« Le monocle du général, resté entre ses paupières comme un éclat d’obus dans sa figure vulgaire, balafrée et triomphale, au milieu du front qu’il éborgnait comme l’œil unique du cyclope, apparut à Swann comme une blessure monstrueuse qu’il pouvait être glorieux d’avoir reçue, mais qu’il était indécent d’exhiber. »
Proust, Un amour de Swann, 1914.
champ lexical de la guerre
réseau lexical de la guerre
réseau lexical de l’œil
Dans ce passage, Proust associe deux réseaux lexicaux dans une double comparaison qui dévalorise le « général ». Tout ce qui relève de la guerre et qui pourrait être considéré comme « glorieux » devient « indécent » grâce à l’image qui associe le monocle à un éclat d’obus puis à « l’œil unique du cyclope ».