Groupes de niveaux au collège : des modalités d’application encore floues
Annoncée comme une des grandes mesures de la réforme de l’Éducation nationale par Gabriel Attal en décembre, la mise en place des groupes de niveau fait l’objet de nombreuses questions. Décryptage.
En décembre dernier, une batterie de mesures regroupées sous le nom de « Choc des savoirs » a été annoncée par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale. Parmi elles, la création de groupes de niveau. Ceux-ci devaient être mis en place dès la rentrée de septembre 2024 pour les classes de 6ᵉ et 5ᵉ, puis à la rentrée 2025 pour celles de 4ᵉ et 3ᵉ. Le 7 mars, une conférence de presse donnée par le ministère de l’Éducation nationale est venu remettre en cause cette directive. Et ce, malgré l’assurance donnée dès les premières minutes par le gouvernement qu’« aucune des mesures ne serait abandonnée ».
L’organisation des groupes de niveau reviendra aux chefs d’établissement
D’après les informations communiquées pendant ce point presse, l’enseignement des mathématiques et du français devrait se dérouler en classe complète en début d’année, afin de déterminer le niveau de chaque élève. (Les évaluations ayant lieu en début d’année de 6ᵉ, qui remplissent précisément ce but, n’ont pas été évoquées.) Les groupes seront ensuite constitués par les équipes pédagogiques en fonction des besoins identifiés des élèves.
Concernant la nature de ces groupes, leur effectif, ou encore le nombre d’heures de cours dispensées, les précisions restent à venir. Par exemple, les groupes de niveau devraient être « hétérogènes, mais pas trop ». Un groupe constitué des élèves au niveau le plus faible devrait ainsi avoir des membres issus de niveaux supérieurs. Mais en quelle quantité ? Mystère. Pendant la conférence de presse, il a également été question de faire des « groupes de niveau inter-classes », c’est-à-dire constitués à partir des effectifs de classes différentes. Une directive qui paraît difficile à réaliser, car il faudrait alors coordonner le rythme d’apprentissage de toutes les classes.
De plus, les groupes pourront être modifiés en cours d’année. Mais à quelle fréquence et à quel moment de l’année, cela n’a pas été précisé non plus. Des périodes de regroupement en classe entière pourront également avoir lieu, « par dérogation et pour des périodes limitées ». Pour finir, ministère de l’Éducation nationale a annoncé laisser l’organisation des groupes aux chefs d’établissements. Une série de déclarations et d’imprécisions qui laisse donc aux collèges une possibilité : celle de ne pas appliquer la mesure.
La ministre de l’Éducation nationale souhaite « introduire une certaine souplesse » pour les groupes de niveaux
C’est un entretien donné au Monde par Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale, publié le même jour, qui a permis de mieux comprendre où en était le projet des groupes de niveau au sein du gouvernement. « Nous allons introduire une certaine souplesse pour les principaux de collège, a annoncé la ministre. Ainsi, il appartiendra au chef d’établissement de voir à quels moments dans l’année, il faut rassembler les élèves en classe entière, afin de réexaminer la composition des groupes dans ces deux matières fondamentales. »
Nicole Belloubet justifie ce choix par le fait que « les situations diffèrent d’un collège à l’autre ». « Ce n’est pas à moi, depuis le ministère, de dicter l’emploi du temps dans chaque établissement », a-t-elle conclu. Les textes détaillant les modalités des groupes de niveau devraient être publiés dans le courant de la semaine prochaine. Peut-être contiendront-ils des précisions attendues. Quoi qu’il en soit, les déclarations faites par le ministère et sa dirigeante ce 7 mars semblent s’apparenter à l’abandon d’une des mesures phares du plan « Choc des savoirs ».