Document : Discours de John Fitzgerald Kennedy sur la situation de Berlin, prononcé sur les marches de l’hôtel de ville de Berlin-Ouest, le 26 juin 1963
Il ne manque pas de personnes dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste. Qu’ils viennent à Berlin ! D’autres disent que le communisme est la vague de l’avenir. Qu’ils viennent à Berlin ! Certains enfin, en Europe et ailleurs, disent que nous pouvons travailler avec les communistes. Qu’ils viennent à Berlin ! […] Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n’est pas parfaite. Cependant, nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour empêcher notre peuple de s’enfuir. […] Le Mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n’éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux, comme l’a dit votre maire, une offense non seulement à l’Histoire mais encore une offense à l’humanité […].
Ce qui est vrai pour cette ville l’est pour l’Allemagne. Une paix réelle et durable en Europe ne peut être assurée tant qu’un Allemand sur quatre se voit dénier le droit élémentaire de tout homme libre de pouvoir effectuer des choix libres. […] Vous vivez assiégés dans un îlot de liberté, mais votre vie fait partie d’un tout. […] La liberté est indivisible, et quand un homme est réduit en esclavage, aucun autre n’est libre. Quand tous seront libres, alors nous pourrons attendre le jour où cette ville ne sera plus divisée, le jour où ce pays divisé ne fera plus qu’un, et où ce grand continent qu’est l’Europe vivra dans l’espoir et la paix. Quand ce jour viendra enfin, et il viendra, le peuple de Berlin pourra se féliciter d’avoir tenu bon sur la ligne de front pendant près de deux décennies.
Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont des citoyens de Berlin, et c’est pourquoi, en homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : « Ich bin ein Berliner. »
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1. Qui est l’auteur de ce discours ? À qui s’adresse-t-il ?
2. Quelle est la situation de Berlin depuis 1945 ? Comment expliquez-vous celle-ci ?
3. À quel événement John Kennedy fait-il référence dans la phrase soulignée ? Expliquez cet événement.
4. Que montre ce discours des relations entre les deux superpuissances pendant cette période de la guerre froide ? Comment définissez-vous cette « guerre froide » ?
5. Les prédictions de John Kennedy dans le deuxième paragraphe du texte se sont-elles vérifiées par la suite ? Expliquez votre réponse.
Les clés du sujet
Comprendre le document
Ce document est un extrait d’un discours officiel. Celui-ci a été prononcé deux ans après la construction du mur de Berlin. Son auteur se trouve alors dans la partie de la ville qui est sous le contrôle des alliés du bloc de l’Ouest.
Répondre aux questions
1. Quelle est la fonction de John Kennedy en 1963 ? Qui vit « assiégé dans un îlot de liberté » ?
2. Demande-toi quel a été le sort de l’Allemagne après sa défaite de 1945 ? Quelles sont les relations entre les États-Unis et l’URSS depuis 1947 ?
4. En quels termes John Kennedy parle-t-il du « système communiste » ?
5. À quelle date le Mur est-il tombé ? Quelle est la conséquence de cette chute pour l’Allemagne en 1990 ?
Correction
1. L’auteur de ce discours est J. F. Kennedy, le président des États-Unis. Il s’adresse aux Berlinois du secteur ouest de la ville.
Gagne des points
N’hésite pas à nommer les idéologies en question : communiste pour l’URSS, capitaliste pour les USA.
2. Depuis 1945, date de la défaite allemande au terme de la Seconde Guerre mondiale, Berlin est une ville placée sous le contrôle des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France pour la partie ouest, de l’URSS pour la partie est. Cette situation s’explique par l’incapacité des deux blocs à s’entendre sur le sort de l’Allemagne, du fait de leur opposition idéologique.
Rappel
Le mur de Berlin ne sépare pas seulement l’est de l’ouest de la ville. Il cerne toute la partie ouest, qui forme comme un îlot capitaliste en Allemagne de l’Est.
3. Dans la phrase soulignée, Kennedy fait allusion à la construction du mur qui isole Berlin de la République démocratique d’Allemagne (RDA) survenue deux ans plus tôt, en 1961.
4. Les relations entre les deux grands (États-Unis et URSS) sont tendues. Cette tension apparaît dans la dénonciation que Kennedy fait de l’échec du système soviétique (lignes 10-11), dans la dénonciation de « l’esclavage » auxquels sont soumis les peuples de l’Est (ligne 20) et dans la façon dont il se déclare « offensé » par l’existence du Mur (lignes 13-14). La guerre froide se définit ainsi comme un affrontement non armé entre les deux grandes puissances les tensions entre elles ne sont que des menaces.
5. En 1989, le mur de Berlin est tombé. L’année suivante, les deux Allemagnes se sont réunifiées et, comme annoncé par Kennedy (lignes 23-24), la paix est revenue entre l’Est et l’Ouest (fin de la guerre froide). Comme promis par ailleurs (ligne 21), tous les Allemands ont alors pu bénéficier de la liberté des démocraties libérales.