De quoi s’agit-il ?
Tu es face à un corpus composé de trois à quatre documents, de divers types, portant sur le thème au programme. Généralement, il y a deux ou trois textes (cela peut être tiré d’un essai, d’un roman, d’un reportage, d’un article de journal ; cela peut aussi être un poème, une chanson) et une image (dessin, caricature, peinture, photographie).
L’objectif de l’exercice est double : tout d’abord, comprendre les trois questions posées qui sont axées sur l’ensemble des documents, ou seulement certains d’entre eux ; ensuite, extraire de ces documents, les éléments de réponse à chaque question et organiser une réponse en conséquence. Chaque question en effet soulève un problème, un enjeu, qu’il va falloir mettre en évidence.
Une réponse à une question doit être efficace et concise : vise les vingt/trente lignes maximum.
Attention
Tu dois consacrer un temps proportionnel aux questions de corpus et à l’essai, soit 1 h 30 chacun.
Par conséquent, il va falloir adopter un planning bien précis pour les questions de corpus, qui peut être le suivant :
Analyser des questions et reformulation : 5 minutes ;
Lecture des documents et relevé d’informations : 15 minutes ;
Structurer les idées de chaque réponse : 10 minutes ;
Rédiger l’ensemble des réponses 1 h en tout, soit 20 minutes par réponse.
I. Lire, analyser et problématiser chaque question
La première chose à effectuer en questions de corpus, c’est de trouver pour chacune d’elles le mot-clé pour pouvoir pleinement les comprendre, pour pouvoir ensuite rechercher les bonnes infos dans le corpus, et pour pouvoir correctement les reformuler.
Voici un exemple de questions de corpus dans lesquelles tu trouveras le mot-clé (ou les mots-clés) surligné(s) et la reformulation en problématique (en italique) sous la question concernée :
1) À la lumière de tout le corpus, la table est-elle d’abord un lieu d’échange ?
Autrement dit, le repas est-il avant tout un endroit de partage ?
2) En quoi les deux premiers documents présentent-ils le repas comme un rite socialement codifié ?
Autrement dit, comme un moment encadré par des règles et des normes ?
3) Définissez la commensalité telle qu’elle est présentée dans l’ensemble du corpus.
Autrement dit, quel concept de commensalité apparaît dans ces documents ?
II. Chercher dans les documents les informations relatives à chaque question
L’un des objectifs des questions de corpus est dans la compréhension des documents. Aussi, après avoir compris l’ensemble des questions et reformulé celles-ci, lorsque vous allez lire les documents il va falloir le faire en répertoriant à chaque fois où va chaque élément (dans la question 1, dans la question 2, ou dans la question 3).
Nous vous conseillons de prendre un surligneur et de colorer les éléments du texte selon chaque question.
Exemple à partir d’un extrait de texte de Bricas et Walser, tiré du livre Une écologie de l’alimentation, dont chaque couleur correspond à une question (rose question 1 ci-dessus, vert question 2, jaune question 3) :
DOCUMENT 1
Dans de nombreuses sociétés, les repas pris en commun tiennent une place toute particulière dans la vie collective. On parle de commensalité, qui désigne le fait de « manger ensemble ». Partager un repas signifie être ensemble au sein d’un même « cercle commensal ». Si cet espace d’apparence ordinaire semble surtout être le théâtre d’une succession de gestes visant à absorber de la nourriture, il s’y joue en réalité beaucoup plus. En effet, le moment du repas est encadré par un ensemble de règles, qui définissent par exemple la tranche horaire du repas et l’ordre du service, en passant par la composition du menu, la façon de préparer les aliments, la manière de les consommer ou de se tenir. Ces règles s’expriment bien sûr différemment selon le contexte culturel et social considéré. Par exemple, le repas peut avoir une structure dite « synchronique » – tous les plats sont servis en même temps –, comme au Vietnam ou en Chine, ou une structure dite « diachronique » – les plats sont servis les uns à la suite des autres –, comme en France depuis l’instauration du « service à la russe » au XIXe siècle (précédemment, le « grand service à la française » était synchronique !). De même, pour porter les aliments à la bouche, il est de coutume d’utiliser plutôt des couverts, des baguettes ou encore ses doigts selon le contexte.
III. Établir la structure de votre réponse
Une fois le relevé d’informations effectué, il va s’agir de classer et répertorier ces dernières pour voir quelles idées sont communes aux documents et quelles idées les font diverger. L’idéal est de structurer votre réponse en deux idées pour bien montrer votre capacité à nuancer et à adopter une lecture précise des documents.
Si nous reprenons notre question 1, à savoir « À la lumière de tout le corpus, la table est-elle d’abord un lieu d’échange ? », nous pouvons, par exemple, aboutir aux deux idées suivantes (dont les documents qui les présentent sont associés entre parenthèses) :
En effet, cela a bien l’air d’être un lieu privilégié d’échange et de partage : phénomène universel dont ceux qui en sont privés sont voués à l’isolement (documents 1 et 3).
Mais c’est sans doute trop encadré pour vraiment parler d’« échange », terme qui suppose une certaine spontanéité dans les relations (documents 2 et 3).
IV. Rédiger sa réponse
Étape finale des questions de corpus, la rédaction des réponses (qui sera la seule partie que verra le correcteur) est tout aussi importante que les autres, puisqu’elle est la partie visible et aboutie de l’exercice. Tu porteras donc une attention accrue à la présentation (pas de ratures, pas de copie « brouillon ») et à la structuration de la réponse. Nous te conseillons, à cet égard, d’aller à la ligne après le rappel de la question (phrases introductives) et de faire un alinéa pour chaque paragraphe.
Une réponse peut se structurer de la manière suivante :
Phrases introductives dans lesquelles on rappelle la question, on la reformule, on spécifie la réponse des auteurs (unanime ou mitigée, positive ou négative) ;
Les paragraphes qui, chacun, commencent par un alinéa et qui se composent individuellement du titre rédigé du paragraphe, puis de la reformulation des idées des auteurs qu’on doit confronter (minimum deux auteurs par paragraphe). On doit éviter de citer et ne jamais paraphraser ;
Une petite phrase bilan, à la ligne et après les paragraphes, pour conclure la réponse.
Exemple d’une réponse intégralement rédigée (tu trouveras un cheminement complet dans le sujet 0 corrigé, sur digiSchool, qui correspond à la question 1 dudit sujet 0) :
À la question de savoir « pourquoi habiter une minuscule maison » peut contribuer à « élargir son horizon », autrement dit « quelles sont les raisons qui expliquent que loger dans un tout petit habitat ouvre la possibilité de voir autrement et d’apprendre bien des choses sur le monde », Sylvain Tesson et Sophie Berthier semblent d’accord.
Tout d’abord, cela permet de retrouver sa juste place dans le monde et donc de voir précisément qui nous sommes et où l’on se situe. Sylvain Tesson, à cet égard, reprend le principe de Baden Powell et explique à quel point il est important de ne pas trop peser sur notre planète : elle nous accueille, nous ne devons pas faire qu’en profiter mais en être des locataires honnêtes et reconnaissants. « Prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements », cite-t-il.
Sophie Berthier est dans sa droite lignée lorsqu’elle atteste que le but du minimalisme est de se défaire de besoins factices pour se contenter de ce qui nous importe vraiment, jusqu’à implorer l’autosuffisance. Les deux auteurs confirment que l’urbanité a tendance à nous dissocier de la réalité, à nous faire entrer dans une sorte de vie en grand où l’on oublie qui l’on est et notre humilité face au monde immense et généreux dans lequel on vit.
Plus encore, quitter le grand pour un espace plus petit permet de retourner aux choses telles qu’elles sont, de faire un avec l’essentiel et de se rapprocher de cette nature d’où l’on provient. Sophie Berthier le dit : quitter les commodités, le confort et la superficie devient synonyme de sérénité, de renouement avec ce qui fait sens, d’harmonie, comme si alors nous nous trouvions à l’unisson avec le monde dans lequel nous vivons. Moins de superflu, plus d’essentiel, comme s’il s’agissait de se concentrer sur ce qui compte vraiment, sans avoir le loisir de s’éparpiller sur ce qui nous fait diverger de l’important. Sylvain Tesson valide totalement cette idée : pour lui, partir dans une simple cabane consiste à retrouver le fondamental, à s’éloigner d’une vie dans laquelle tout se passe comme si un écran existait entre nous et le monde, à ouvrir des fenêtres sur la véritable existence. Cette vie réelle est celle qui nous unit au sauvage, à la nature, que la société ultra-moderne s’est efforcée à gommer.