Légende de la leçon
Vert : définitions
Parties du référentiel concernées
- Cette leçon s’intègre dans l’étude des savoirs associés au bloc « Culture de la communication ».
- Il t’aidera à répondre à la question suivante : « Comment analyser une situation de communication ? »
- Il s’intègre dans l’étude des grands repères théoriques que tu dois connaître pour les mobiliser lors de l’analyse de situations de communication.
Objectifs du cours
Convoquer les modèles appropriés à la compréhension d’une situation de communication.
Plan du cours
Introduction
I. Définition
II. Le modèle de Jakobson
III. Les six fonctions du langage
Conclusion
Introduction
Communiquer, c’est le fait d’établir une relation avec quelqu’un ou avec quelque chose.
La linguistique étudie le langage. Le linguiste Roman Jakobson (1896-1982) ajoute à cela trois notions qui complètent la vision de la communication :
- le contexte qui influence la compréhension du message ;
- le code utilisé pour transmettre le message ;
- le contact entre l’émetteur et le récepteur.
I. Définition
En 1963, dans son livre Essais de linguistique générale, R. Jakobson propose un modèle fondé sur la linguistique et centré sur le message lui-même.
Son but : découvrir les raisons pour lesquelles une personne a recours au langage. En partant du postulat que, lorsqu’il s’exprime, l’émetteur poursuit un but et qu’ainsi son message a une fonction.
Pour être efficace, le message verbal réclame d’abord un contexte auquel il renvoie : c’est ce qu’on appelle le « référent ».
Ensuite, le message requiert un « code », commun, entre l’émetteur (autrement dit « l’encodeur » du message) et le destinataire (autrement dit le « décodeur » du message).
Enfin, le message requiert un « canal » physique entre l’émetteur et le destinataire, un contact qui leur permet d’établir et de maintenir la communication.
II. Le modèle de Jakobson
Le modèle de Jakobson se compose ainsi de six facteurs liés chacun à une fonction du message :
- une fonction référentielle ;
- une fonction expressive ;
- une fonction conative ;
- une fonction phatique ;
- une fonction métalinguistique ;
- et une fonction poétique.
III. Les six fonctions du langage
1) La fonction référentielle
La fonction référentielle ou informative est liée au référent, c’est-à-dire au contexte de la communication. Il s’agit de communiquer une information liée à un objet ou un événement extérieur.
Elle décrit une réalité objective. Les phrases déclaratives et le mode indicatif sont privilégiés.
a) Exemples
Par exemple, elle énonce des faits qui se produisent quelque part : « Il fait beau. », « Le journal de 20 heures est présenté par Sophie D. »
b) Exemples appliqués à la communication
Un message qui utilise la fonction référentielle va s’axer sur le produit, le référent, qu’il décrit en le mettant en scène. C’est un message informatif.
Par exemple, l’affiche du laboratoire Garancia pour son produit « Fée-moi Fondre ».
Le message porte sur le produit « Fée-moi Fondre » qui se différencie de l’annonceur, ici Garancia.
Des informations sont données sur ce produit : « innovation minceur » et brevet qui impliquent un travail de recherche pointu.
La promesse : « Mime le résultat d’une séance de sport. »
Le dessin du produit « ailé » est destiné à enjoliver le produit en le glorifiant. Ainsi, il devient la fée en appui de son nom, ce qui lui donne un caractère magique.
2) La fonction expressive
La fonction expressive ou émotive est liée à l’émetteur du message. Elle permet à l’émetteur de communiquer ses impressions, ses émotions, de donner un jugement sur le contenu de son message.
C’est une fonction qui se révèle au travers des intonations, des exclamations, des verbes de sentiment ou de jugement, des termes évaluatifs…
a) Exemple
Par exemple : « Ah ! qu’il fait beau ! »
b) Exemple appliqué à la communication
Le message expressif met en avant l’émetteur.
Il est axé sur l’image que l’émetteur veut donner de lui, sur son système de valeurs.
Cela correspond à ce que la rhétorique classique appelle la preuve éthique.
La communication institutionnelle ou corporate produit souvent ce type de message porté sur l’émetteur.
L’émetteur peut aussi être une personnalité qui se fait le porte-parole de l’émetteur en vantant ses mérites.
Dans ce visuel, l’annonceur Intermarché vante son expertise en matière de lutte contre la vie chère.
La preuve de la promesse : 90 % de cagnotte en avantage carte lors du passage à la caisse.
Cela donne une image positive d’Intermarché.
3) La fonction conative
La fonction conative est centrée sur le récepteur, le destinataire du message. Cette fonction consiste à attirer l’attention du récepteur dans le but de le solliciter, de l’influencer.
Le but de l’émetteur : créer une réaction chez le récepteur. Les phrases impératives, interrogatives et exclamatives sont privilégiées.
a) Exemple
Par exemple : « Essayez là ! »
b) Application à la communication
Le message met le récepteur en valeur en l’interpellant par le biais d’une phrase interrogative ou impérative. L’idée est de mettre le récepteur en scène indirectement.
Le message s’appuie sur les bénéfices que le récepteur va tirer de l’utilisation du produit. Le produit satisfait ses besoins.
Le message valorise les performances du produit, ce qui rejaillit sur l’utilisateur, autrement dit le récepteur.
Le message insiste sur le lien affectif entre le produit et la cible.
Dans la publicité pour la nouvelle Toyota Auris, le récepteur est interpellé par l’impératif « osez », qui sonne comme un conseil de l’émetteur envoyé au récepteur.
Ce conseil crée un lien affectif entre l’émetteur (Toyota Auris) et le récepteur, un conducteur moderne et écologique.
Le bénéfice consommateur est basé sur les avantages pour le récepteur d’utiliser une voiture hybride avec l’assurance de limiter les émissions polluantes.
4) La fonction phatique
La fonction phatique est liée au canal utilisé pour le contact. C’est une fonction qui permet d’établir, de maintenir ou d’interrompre le contact avec le récepteur. L’objectif est de créer le contact avec le récepteur. Il s’agit de rendre la communication effective en confirmant la bonne réception.
Le but de l’émetteur : s’assurer que le message est bien passé. La fonction phatique permet aussi de vérifier que le message a bien atteint le récepteur.
a) Exemples
Par exemple : « Allo ? », « Ça va ? »
b) Exemple appliqué à la communication
Dans le visuel de Dior pour le parfum Miss Dior, le regard du mannequin est directement dirigé vers le spectateur et crée ainsi le contact.
5) La fonction métalinguistique
La fonction métalinguistique est liée au code. Elle est utilisée pour transmettre le message. Le code lui-même devient objet du message. Dans un échange, les protagonistes doivent s’entendre sur le code utilisé. Cette fonction permet à l’émetteur de définir le sens des termes afin qu’il soit compris par le récepteur.
La fonction métalinguistique est utilisée en communication, par exemple pour expliquer comment prononcer le nom d’une marque à consonance étrangère.
a) Exemple
Cette fonction apparaît lorsque l’émetteur utilise par exemple l’expression « c’est-à-dire », ou lorsque le récepteur demande un complément d’information en disant : « Que voulez-vous dire ? »
b) Exemple appliqué à la communication
Le spot du gouvernement pour la francophonie insiste sur l’utilisation de mots dans le langage d’internet. Il propose de les réutiliser dans le langage français courant.
6) La fonction poétique
La fonction poétique est liée au message. Ici, l’accent est mis sur l’esthétique du message. Cette fonction fait du message un objet esthétique. La forme du texte devient l’essentiel du message. Elle répond à la question : « Dit quoi ? » On cherche à ce que « ça sonne bien » comme dit Jakobson : par l’agencement des sons entre eux, par la construction des phrases, par la façon de placer les mots dans la phrase…
Le niveau de langue, le ton, la hauteur de la voix construisent aussi la fonction poétique d’un message oral. L’émetteur soigne l’esthétique du message.
a) Exemple
Jakobson prend comme exemple l’ordre des mots (forme d’euphonie) :
« Pourquoi dites-vous toujours Jeanne et Marguerite, et jamais Marguerite et Jeanne ? Préférez-vous Jeanne à sa sœur jumelle ? — Pas du tout, mais ça sonne mieux ainsi.
Dans une suite de deux mots coordonnés, et dans la mesure où aucun problème de hiérarchie n’interfère, le locuteur voit, dans la préséance donnée au nom le plus court, et sans qu’il ne se l’explique, la meilleure configuration possible du message. »
b) Exemple appliqué à la communication
Dans le flot incessant des publicités, il faut attirer l’attention de la cible en lui proposant des publicités agréables, voire belles. Il faut donc soigner la qualité du message et avoir recours à la fonction poétique. Celle-ci est mise au service de la fonction phatique, mais elle peut servir aussi à magnifier le produit.
Ce message pour le Thalys est esthétiquement soigné. C’est un message pour le train Thalys avec en signature : « Thalys dépoussière la communication des transports. » Le message est ici poétique, imaginatif.
Conclusion
En conclusion, le schéma de Jakobson permet de s’adapter aux cibles du message.
Par exemple, en adaptant le niveau de langue (fonction métalinguistique), ou la forme du message pour capter l’attention de la cible.