Les consonnes doubles et les lettres finales muettes constituent deux importantes difficultés en orthographe lexicale.
1 - Les consonnes doubles
A. Liées à la prononciation
On écrit :
– ss entre 2 voyelles pour prononcer [s] et non [z] (casse/case), mais vraisemblable ;
– ll entre i et une voyelle pour noter [j] (bille), mais [l] dans mille ;
– cc devant e ou i pour noter [ks] (accepter, accident) ;
– ll, nn, tt pour que le e qui les précède soit prononcé [ɛ] (pelle, chienne, miette). Mais les verbes en -eler et -eter ont souvent une consonne simple après è (il harcèle, achète).
B. Dans la formation des mots
Quand un mot simple comporte une consonne double, celle-ci figure généralement dans ses dérivés (errer → errance, errant, erreur, erroné, aberrant, aberration).
Un mot qui commence par un préfixe (notamment négatif il-, im-, ir-) comporte souvent une consonne double (= celle du préfixe + celle du radical) : afficher, illégal.
Au féminin, on double la consonne des finales masculines -el, -eil, -en, -et, -ien, -on : actuelle, vieille, païenne, biquette, canadienne, baronne. Mais 9 adjectifs finissent en -ète au féminin : complet, incomplet, concret, désuet, discret, indiscret, inquiet, replet, secret.
C. Étymologiques et historiques
Beaucoup de consonnes doubles sont dues à l’étymologie latine (mettre, du latin mittere).
Certaines racines grecques ou latines comportent des consonnes doubles : gramm- (télégramme), hipp(o)- (hippopotame), milli- (millilitre).
mm et nn : jusqu’au XVIIe siècle, la 1re consonne contribuait à noter la voyelle nasalisée ([ɑ̃],[ɔ̃],[ɛ̃]) et la seconde consonne notait le phonème [m] ou [n]. Après dénasalisation, les consonnes doubles ont été conservées (flamme, violemment, somme, donner).
2 - Les lettres muettes
A. Le e caduc (ou muet, sourd, instable)
Le e caduc illustre le décalage entre l’oral et l’écrit en français : voyelle la plus fréquente de toutes les lettres à l’écrit (environ 10 %), il a une fréquence plus faible à l’oral (4,9 %). Son articulation est indécise : proche des phonèmes [œ] (jeune) et [ø] (jeu), on le transcrit [ə].
Sa prononciation : dans le Sud, on le prononce davantage qu’en français standard. Dans un niveau soutenu, il est souvent prononcé (je le vois = [ʒələvwa] / familier : [ʒləvwa]).
Dans la diction poétique, il se prononce devant une consonne, jamais devant une voyelle ou en finale (Demain, dès l’aub(e), à l’heur(e) où blanchit la campagn(e). V. Hugo).
Sa place dans le groupe rythmique : en français standard, le e caduc non prononcé sert d’appui à la prononciation de la consonne finale (sorte, chante ≠ sort, chant). Au début et à l’intérieur du groupe, après 2 consonnes prononcées, on prononce le e caduc pour éviter une succession de 3 consonnes (de bell(e)s crevettes).
Son écriture : dans certains cas, on doit écrire un e caduc muet : finales en -e des verbes en -ier et -yer après une voyelle (il prie, elle se noie) ; futur et conditionnel des verbes dont le radical finit par une voyelle (tu paieras) ; finales des noms et adjectifs féminins qui se terminent à l’oral par une voyelle (la jolie fée), mais clé, loi, vertu.
B. Les consonnes muettes à la fin des mots
La consonne finale, muette au masculin, se prononce au féminin (boulanger/boulangère ; haut/haute ; mis/mise...) et/ou dans un mot de la même famille (canard/canarder).
Mais, quelques familles sont irrégulières (abri/abriter ; tabac/tabagie)
Les consonnes finales muettes peuvent aider à distinguer les homonymes, qui ont des familles différentes (chant → chanter, chanteur ; champ → champêtre, champagne).
Certains suffixes se terminent toujours par une consonne muette : -ais (anglais) ; -ant (marchant) ; -at (auvergnat) ; -aud (courtaud) ; -ard (bagnard) ; -is (lavis)...
Les finales grammaticales, régies par les règles d’accord, sont souvent muettes. Beaucoup de noms et d’adjectifs prennent un -s ou un -x (muet) au pluriel (des oiseaux blancs). Les terminaisons des verbes diffèrent selon la personne et le nombre (tu chantes / ils chantent).
Je m'entraine
1. Complétez avec une consonne simple ou double :
a. c ou cc : a...ueil − a...ompte − o...uper − su...ulent − a...acia
b. n ou nn : ba...ir − to...er − a...eler − a...alyse − natio...aliser
c. f ou ff : a...aiblir − a...adir − tra...ic − ba...ouer
2. Écrivez les verbes à la forme indiquée :
a. aboyer : 3e pers. du sing., futur
b. créer : 2e pers. du sing., indicatif, présent
c. crier : 1re pers du sing., futur
d. noyer : 3e pers. du plur., indicatif, présent
e. rayer : 1re pers. du plur., futur
3. Ajoutez la consonne finale muette et indiquez comment vous l’avez trouvée :
a. Jean pren... du repo... dans un boi...
b. Au Nor..., le san... coule à flo...
c. Un chocola... chau... atten... le solda...