Les chaines d’accord (1)

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L’accord est la redondance des marques grammaticales de nombre (singulier ou pluriel), de genre (masculin ou féminin) et de personne, portées par plusieurs mots variables de la phrase. Il rend perceptibles les relations syntaxiques et sémantiques entre ces mots.

1 - Les chaines d’accord

Ce sont des suites de mots qui entretiennent une relation morphologique solidaire.

Les marques grammaticales s’ajoutent à la finale des mots variables : déterminants, noms, pronoms, adjectifs, verbes. Chaque classe grammaticale prend des marques spécifiques :
– les déterminants, les noms, les adjectifs et les pronoms varient en nombre et en genre ;
– les verbes varient en personne et en nombre, parfois en genre pour les participes passés.

L’accord est marqué différemment à l’oral et à l’écrit, car de nombreuses marques autrefois prononcées sont devenues muettes : l’écrit se caractérise par une importante redondance des marques grammaticales, alors que l’oral économise souvent les marques : Des tentures exceptionnelles ornaient les appartements. → 6 marques du pluriel à l’écrit : déterminants (des, les), noms (tentures, appartements), adjectif (exceptionnelles) et verbe (ornaient) / [detɑ̃tyRzɛksɛpsjɔnɛl ɔRnɛlezapaRtəmɑ̃] → 3 marques du pluriel à l’oral : [de], [lez] et la liaison [tɑ̃tyRzɛksɛpsjɔnɛl ; une marque de féminin à l’écrit (exceptionnelles), aucune à l’oral.

La maitrise des accords implique :
– le bon choix des marques selon la classe grammaticale : la finale -s marque les pluriels nominaux et adjectivaux (des meubles neufs) ou la 2e pers. du sing. des verbes (tu ornes) ;

– l’application des règles entre les termes concernés : un mot, souvent le nom noyau ou le pronom, commande l’accord des autres termes : un meuble ancien / des tentures anciennes.

Il existe 3 chaines d’accord :
– celle du GN, constituée au moins du déterminant et du nom, éventuellement de l’adjectif épithète : les appartements, des meubles cossus ;
– la chaine constituée du groupe sujet et du verbe : Ils ornaient ;
– la chaine constituée du groupe sujet, du verbe et de l’attribut du sujet : Ils sont massifs. Elles sont exceptionnelles. Quand il figure dans une chaine, le déterminant est souvent le seul terme qui indique le nombre ou le genre à l’oral. Même si c’est le nom qui commande l’accord, le déterminant joue le rôle de pivot, c’est-à-dire d’un indicateur de l’accord.
Une chaine particulière associe le COD et le participe passé employé avec le verbe avoir, dont les règles d’accord sont complexes.

Plusieurs phénomènes peuvent perturber l’accord et provoquer des erreurs.

La position : dans le mouvement d’écriture de gauche à droite, les éléments placés avant le pivot posent souvent des problèmes : les mots apposés au GN ou au pronom (Impatientes, elles ouvrent le colis.) ; tout précédant le déterminant (tous les jours) ; le verbe précédant son sujet (Au milieu coulent des rivières.).

La longueur de la chaine et l’éloignement : quand des mots sont éloignés du terme qui donne l’accord, celui-ci peut être oublié : Les meubles de ce local étaient neufs.

Les ruptures : une chaine d’accord peut être interrompue par un rupteur : désactivant quand il s’intercale entre les termes de la chaine : adverbe (Les parents rapidement se chamaillent.), pronom relatif non marqué (Toi qui viens vers moi), terme négatif (Les rivières ne coulent plus.)... ; distracteur quand il porte des marques d’une autre chaine d’accord, ce qui peut être source d’erreur : *Le chat des voisins s’enfuient. Un pronom écran peut provoquer l’erreur : *Ils le cherche.

2 - L’accord dans le groupe nominal

Les constituants variables du GN (déterminant, adjectif ) s’accordent en genre et en nombre avec le nom noyau. Souvent, le déterminant indique le genre et le nombre du GN : une oasis ombragée. Mais, au pluriel, l’opposition de genre est neutralisée (les/ces/tes élèves).

Dans le GN, l’adjectif épithète prend le genre et le nombre du nom auquel il se rapporte → deux belles oasis silencieuses.

• Certains adjectifs ne prennent pas la marque de pluralité, notamment les adjectifs de couleur issus d’un nom d’objet, qui sont invariables (marron, orange, turquoise...), sauf pourpre, mauve, rose, écarlate, fauve : Ses vêtements sont orange / mauves.

• Un adjectif de couleur variable (bleu) suivi d’un adjectif nuançant la couleur devient invariable (Il a des yeux bleu foncé.) : il équivaut à un nom = « des yeux d’un bleu foncé ». • Le participe présent est invariable mais l’adjectif verbal s’accorde en genre et en nombre avec le nom : des paroles gênant le public / des paroles gênantes.

Le participe passé épithète ou apposé (sans auxiliaire) s’accorde en genre et en nombre avec le nom, comme un adjectif → Guéries, elles retournèrent aussitôt au travail.

Dans la subordonnée relative, l’antécédent, repris par le pronom relatif sujet qui, détermine la personne et le nombre du verbe de la subordonnée → C’est toi qui iras au marché.

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Je m'entraine

Mettez les phrases au pluriel, puis, dans les phrases obtenues, justifiez les accords (ou l’absence d’accord) des mots ou groupes soulignés.
a. Le policier perspicace arrête le suspect éberlué.
b. Il a une chaussure marron et un gant jaune pâle.
c. Effaré, l’homme crie qu’il est innocent.
d. Le fin limier lui rétorque : « Toi qui sembles si sûr de toi, pourquoi portes-tu cet énorme sac ? »