L’îlotage est une forme particulière de l’organisation du travail qui permet d’assurer une présence optimale des effectifs de police sur le terrain.
I. Historique
Même si l’îlotage est pratiqué depuis longtemps (voir « les hirondelles »), la vie moderne a fait que les policiers ont dû être dotés d’automobiles afin d’être plus mobiles et plus rapides pour répondre aux exigences de la population. Toutefois, avec ces nouvelles techniques, il n’est plus possible d’interpeller un policier circulant en véhicule comme il était possible de le faire lorsqu’il était à bicyclette ou à pied.
Une étude, réalisée après les violences urbaines de 1981 dans la cité des Minguettes à Lyon, a fait ressortir un sentiment de déshumanisation de la police, un travail axé uniquement sur la répression, une perte de motivation des personnels... Il a alors été décidé la mise en place d’unités dédiées à la police de proximité afin de recréer du lien social avec la population.
Toutefois, après plusieurs déclarations effectuées par les différents gouvernements qui viennent de se succéder, il apparaît que les forces de sécurité de l’État, police nationale et gendarmerie nationale, sont prioritairement affectées à des missions de maintien de l’ordre et d’enquêtes judiciaires.
Il semble que les polices municipales, troisième force de sécurité, se soient emparées de ce champ laissé libre et se sont investies dans la mission de police de proximité pour répondre aux attentes d’une population toujours plus exigeante.
II. La finalité de l’îlotage
L’îlotage consiste à mettre en place une technique particulière de surveillance afin de maîtriser son environnement et créer par là même du lien entre les habitants d’un secteur, les différents partenaires et les policiers qui y travaillent.
Il s’agit d’une action à mener sur le long terme en installant une présence récurrente de policiers dans un secteur identifié de la commune que l’on appelle « îlot ». Cette présence quotidienne permet de disposer d’une bonne connaissance de l’environnement et des habitants favorisant les relations entre les citoyens et les policiers et, de ce fait, d’anticiper et de prévenir d’éventuels problèmes.
Cette méthode de travail vise donc à privilégier la prévention et la dissuasion pour répondre aux différentes attentes de la population, même s’il est parfois nécessaire de déployer des forces importantes, voire spécialisées, pour maîtriser certaines situations.
III. L’organisation du travail
La pratique de l’îlotage nécessite qu’une équipe donnée soit affectée dans un secteur bien défini. Cette équipe doit être maintenue sur du long terme afin d’être connue et reconnue par la population.
La présence sur le terrain doit être maximale. Les horaires de travail des agents doivent donc être adaptés aux besoins de chaque quartier et peuvent dépendre des horaires des établissements scolaires, des marchés, des commerces, de la densité de population, des différents points sensibles, de la structure sociale... Ces horaires doivent pouvoir être adaptés en fonction d’éventuelles difficultés ponctuelles ou d’événements particuliers. L’îlotier doit pouvoir être facilement abordé par les usagers de la voie publique et doit pouvoir intervenir aussi bien sur réquisition que de sa propre initiative. Il doit être informé des différentes problématiques rencontrées par les habitants du quartier dans lequel il œuvre. Il est donc nécessaire de lui remonter les doléances et qu’il participe aux réunions qui intéressent le quartier telles que celles concernant les projets d’aménagements, d’animations, etc.
Il est également possible pour les policiers municipaux de s’investir dans des actions de prévention relatives à la sécurité : prévention routière dans les écoles, prévention des cambriolages...
IV. Les missions à mener dans le cadre de l’îlotage
La liste des missions d’un îlotier est très variée et dépend des caractéristiques environnementales, sociales, économiques... de l’îlot ainsi que des situations rencontrées ou des motivations individuelles.
La tenue de l’îlotier doit être irréprochable en toutes circonstances, tout comme son comportement, afin de pouvoir rassurer la population et ainsi assurer la sécurité par sa seule présence.
Le dialogue doit être privilégié et le policier doit s’investir dans le domaine du contact pour créer une relation d’écoute et de confiance. Ainsi, une aide doit être apportée à toute personne en détresse : victimes de vol ou agression, personnes en difficulté... Chaque demande qui lui est transmise doit obtenir une réponse courtoise. Pour cela, il est nécessaire d’écouter, d’identifier les motifs de la demande, de rassurer et de savoir donner une réponse appropriée. Un suivi des demandes doit être assuré. L’îlotier doit également bien connaître la population de son secteur : habitants mais aussi bailleurs, gardiens de résidences, commerçants, associations, services publics... Pour ce faire, il doit prendre contact régulièrement avec ces partenaires.
L’îlotier doit également faire respecter la réglementation en vigueur : Code de la route, arrêtés municipaux. Il doit remédier aux nuisances sonores (tapages, aboiements de chiens...), visuelles (tags, déjections canines...) et faire cesser les incivilités (insultes...). Il doit également procéder à l’interpellation des auteurs d’infractions d’ordres délictuel ou criminel.
Il doit être force de proposition pour limiter certains risques : propositions de modifications de carrefours jugés dangereux, de signalisations routières inadaptées, affaissements de chaussées...
Il doit enfin rendre compte de tous renseignements obtenus susceptibles d’intéresser les services de la mairie (service social, service technique...) ainsi que ceux susceptibles d’intéresser la police nationale ou la gendarmerie nationale, en particulier dans le domaine de la police judiciaire.
À savoir
Un Potier ne doit pas travailler au profit de certains mais de toute la population : résidents de la commune, personnes qui y travaillent ou qui ne font qu’y passer... et cela sans distinction en raison de leur origine, de leur religion ou de leurs opinions politiques ou culturelles.
Le respect et la considération de la population seront obtenus en faisant preuve de courtoisie, de compétence et d’autorité.