Les déterminants des échanges entre pays comparables

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Entre 1960 et 1990, l’essor des échanges entre pays comparables a remis en cause la pertinence des théories traditionnelles du libre‑échange et entraîné le développement de nouvelles théories du ­commerce ­international.

I. Les économies d’échelle et la différenciation

1) Les économies d’échelle

Si la production d’un bien fait l’objet d’économies d’échelle, il est intéressant pour un pays d’en augmenter le volume de production. Chaque unité produite lui coûte ainsi de moins en moins cher. Le pays peut alors accroître sa clientèle locale et conquérir une clientèle étrangère amatrice de produits similaires.

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Les économies d’échelle représentent une diminution des coûts unitaires de production due à l’augmentation des quantités produites.

Ici, ce ne sont pas les avantages comparatifs qui déter­minent la spécialisation, mais l’opportunité de ­réduire les coûts unitaires. Dès lors, des pays possédant des ressources et technologies ­comparables peuvent échanger entre eux : chacun se spécialise dans une production faisant l’objet d’économies d’échelle, destinée à des ­populations locales et étrangères aux caractéristiques comparables (consommation, pouvoir d’achat).

2 ) La différenciation et la qualité

Pour l’économiste suédois Staffan Linder (1931-2000), les producteurs ­nationaux produisent pour satisfaire les demandeurs locaux ; les exportations ne ­servant qu’à écouler leurs surplus. Les produits exportés ont une qualité correspondant à la « ­demande domestique représentative » de leur pays. Les pays comparables s’échangent donc des produits comparables. Seule la qualité varie : les pays riches exportent des produits haut de gamme tandis que les pays pauvres exportent des produits de ­qualité moindre.

L’économiste américain Kelvin Lancaster (1924-1999) ajoute que chaque consommateur souhaite consommer une variété particulière d’un produit. Dès lors, si cette variété n’est pas disponible dans son pays mais seulement dans un autre, le commerce international demeure l’option qui lui permet d’y accéder.

II. La fragmentation de la chaîne de valeur

1)  L’organisation de la production autour des CVM

Une chaîne de valeur désigne l’ensemble des activités menées par les entreprises pour mettre un produit sur le marché, depuis sa conception jusqu’à sa livraison.

La production s’organise autour de chaînes de valeur mondiales (CVM). ­Différentes activités sont réalisées dans plusieurs pays, au gré des opportunités qu’ils présentent (fiscalité, facteurs de production, etc.).

Les activités des CVM peuvent être réalisées par une seule entreprise, transnationale ­(commerce « intra-firme »), ou réparties entre plusieurs intervenants.

2)  Les CVM des pays comparables

Des pays comparables peuvent être intégrés dans une même CVM, entraînant un commerce entre eux de pièces détachées.

Différents pays aux économies comparables participent ainsi à la production de l’Airbus A320, un des avions de ligne moyen-courriers les plus vendus au monde. La France, par exemple, produit une partie du fuselage et reçoit des pièces détachées provenant d’Allemagne, du Royaume-Uni et d’Espagne pour ­l’assemblage final.

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Le commerce international expliqué par les économies d’échelle et la variété

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Source : Paul Krugman, Maurice Obstfeld, Marc Melitz, Économie internationale, Pearson France, 2018.

Avant ouverture au commerce international, la population de « Nation » a accès à 900 000 voitures provenant de 6 firmes différentes, au prix moyen de 10 000 .

Après ouverture, « Nation » et « Étranger » forment un marché intégré. Sur ce marché, leur population a accès aux produits variés de 10 firmes ; et grâce aux économies d’échelle, le prix moyen tombe à 8 000 . Le nombre total de firmes est passé de 14 à 10 : 4 firmes ont cessé leur activité, faute de pouvoir rivaliser avec leurs concurrentes.