Jusqu’à 2 ans, l’intelligence de l’enfant se développe grâce aux ressentis que lui pro- curent ses sens : voir, sentir, toucher, écouter, goûter. Il développe des capacités par l’expérience, par l’action qu’il répète.
Les premières capacités
Le nouveau-né
L’étude des comportements a longtemps expliqué que le nouveau-né ne distinguait pas ce qui était lui (son corps) de celui de sa mère ou des objets de son environnement. En fait, il semble que la confusion (état fusionnel) ne soit pas aussi profonde et que le jeune enfant ait des capacités à se repérer grâce à ses sens. Des expériences ont montré qu’il se reconnaît quelques semaines après sa naissance.
L’enfant commence à classer des éléments de compréhension qui lui permettent de distinguer certains objets.
L’intelligence sensori-motrice
Avant 2 ans, l’enfant a besoin de reproduire pour comprendre. Les gestes sont hasardeux, les découvertes fortuites. L’enfant découvre son environnement, sa relation avec les adultes, à partir des événements répétitifs du quotidien.
Cette intelligence sensori-motrice s’efface peu à peu pour laisser la place à des actions qui sont pensées. Le petit commence à anticiper ses gestes et à en imaginer les conséquences.
L’intelligence symbolique
Entre 2 et 7 ans, l’intelligence symbolique se met en place. Elle permet à l’enfant de développer des concepts : faire le lien entre le son, le mot et l’action ou le sentiment qu’il représente.
En très petite section, l’imaginaire et la capacité à penser une action ne sont pas encore établis correctement : ce qu’il ne voit pas est difficilement imaginable. Comment lui expliquer que « sa maman va revenir le chercher », alors que son environnement familier n’existe plus... Cette dissonance a un effet direct sur l’état des enfants dès qu’ils sont séparés de leurs parents. L’inconnu est insupportable jusqu’à ce qu’ils acquièrent des repères et qu’ils puissent s’imaginer que leur monde familial ne s’arrête pas dès qu’ils ne le voient pas.
Le langage
La difficulté du langage tient au fait qu’il faut attribuer la bonne représentation, le sens correct au son entendu, puis le reproduire. Comprendre ce que signifie « la chaise » est plus facile que faire une relation entre le son et le sens de « ressentir » ou être « triste ». Il faut aussi que l’enfant adapte le rythme des sons qui sortent de sa bouche et l’intonation qui correspond à ses émotions.
L’explosion vocale
À 1 an, l’enfant utilise 10 mots et près de 300 à 2 ans, ce qui est un apprentissage très rapide (et constaté dans toutes les langues). Tous les adultes constatent cette explosion vocale qui ne demande qu’à s’enrichir à l’école.
L’arrivée à l’école
Lorsqu’il arrive à l’école, vers 2 ou 3 ans, l’enfant a déjà acquis un vocabulaire plus ou moins riche selon son entourage. Il fait des phrases incomplètes de 2 ou 3 mots. Auparavant, 1 seul mot désignait toute une idée et représentait pour lui une phrase.
À cet âge, il prononce progressivement toutes les consonnes et toutes les voyelles, en fonction de l’assouplissement de ses cordes vocales (plusieurs dizaines de muscles interagissent).
Le rôle de la maternelle
À l’école, l’enseignant et l’ATSEM prennent soin de verbaliser toutes les actions : les mots accompagnent les gestes et les situations. Vers 3 ans, l’enfant comprend les consignes plus précisément.
Très tôt, les enfants apprennent des comptines pour développer leur langage, le rythmer, utiliser la mémoire, anticiper les paroles et participer à un travail collectif.
Vers 4 ans, ils sont capables de faire des petites phrases pour se faire comprendre et ils commencent à raconter des histoires courtes. Ils osent répondre à la demande de l’adulte, prennent de l’assurance sur le plan verbal. Ils ne sont pas encore capables de conjuguer correctement les verbes.
Exemple :
Ils disent « il a buvé » au lieu de « il a bu ».
Vers 4/5 ans, un enfant joue de plus en plus avec les mots, comprend l’humour. Il peut utiliser les mots pour comparer, justifier, reconnaître.
Entre 5 et 6 ans, le vocabulaire des enfants peut aller jusqu’à 2 500 mots. Ils ont la capacité de répondre au téléphone, de raconter une histoire longue ou de finir un conte qui leur est proposé. Ils font des phrases complètes de plus en plus riches.
Le graphisme
L’importance du dessin
Le dessin est une activité ludique spontanée très largement utilisée par les enfants pour s’exprimer et suscitée par l’enseignant qui observe les progressions de chacun. D’abord gribouillis avant 2 ans, ils se transforment en dessin : l’enfant a clairement l’intention de produire une « œuvre ».
Le dessin est d’abord fait de gestes incontrôlés. Puis, l’enfant apprend à :
- organiser ses mouvements pour tracer des formes reconnaissables, maîtriser le geste, les mouvements du bras ;
- mieux connaître le support sur lequel il dessine ;
- utiliser les caractéristiques de chaque outil qu’il utilise (crayons, pinceaux, feutres, tampons...) afin d’obtenir les résultats attendus.
Le dessin permet de faire petit à petit le tracé des lettres qui forment ensuite le système de l’écriture. Les exercices de motricité permettent à l’enfant d’acquérir des notions d’espace et de mouvements (comme lever, baisser, aller à droite, à gauche...) pour comprendre les consignes qui sont ensuite données pour tracer correctement des lettres.
Le graphisme à l’école
En petite section, l’enfant dessine des lignes s’il en a la consigne. L’enseignant lui apprend à faire des tracés de moins en moins amples, à reproduire et à colorer sans déborder. Cela lui permet de reproduire des formes graphiques (traits croisés, spirales, carrés, ronds...) ayant un intérêt créatif et artistique.
En moyenne section, il parvient à écrire son prénom en lettres graphiques majuscules et à le situer sur une ligne. Il a acquis de l’habileté par un développement de la motricité manuelle qu’il coordonne avec des mouvements de l’épaule et du bras. Puis, il donne du sens à ses dessins, exprime sa personnalité, son intention, son imaginaire. Le développement de l’intelligence symbolique permet une représentation mentale de son dessin (désigner un arbre par exemple).
En grande section, les enfants connaissent la plupart des lettres de l’alphabet, écrivent leur prénom et savent recopier quelques mots. Ils sont, en principe, prêts au travail d’écriture et de lecture qui débute au cours préparatoire.
Le travail à l’école élémentaire permet de perfectionner la représentation des lettres. L’écriture personnalisée, propre à chacun, est atteinte à l’adolescence.
La dysgraphie est un dysfonctionnement de la capacité de l’enfant à effectuer certains tracés attendus à son âge et à fournir un rendu « propre » qui correspond aux consignes de l’enseignant.
Les chiffres en maternelle
L’école maternelle est un lieu où les enfants apprennent à compter, le plus souvent par les comptines et les jeux (jeux de doigts, loto, perles, livres, cartes...). L’identification des nombres leur permet de désigner des quantités, de comparer des valeurs, puis de résoudre des petits problèmes. Il est très difficile pour l’enfant de comprendre que le nombre sert aussi bien à désigner une quantité qu’un ordre dans une série (premier, deuxième...).
En maternelle, les enfants apprennent à compter au moins jusqu’à 30. L’initiation au graphisme les conduit petit à petit à reconnaître les premières figures géométriques.
Ils vont aussi identifier des séries d’objets par fonction, par couleur, par état (vivant/ non vivant) avec des jeux, des exercices (cartes, puzzles, objets géométriques). Ces exercices leur permettent de développer la réflexion, la logique, la comparaison, la mémoire et l’abstraction.
Ces nouvelles capacités leur permettent d’intégrer des notions d’espace et de temps : hier, demain, puis les jours de la semaine, les mois, les saisons.