On distingue deux temps (présent et passé) du conditionnel, qui est principalement, mais pas uniquement, tourné vers l’avenir. Leur conjugaison est très régulière.
1 - La morphologie du conditionnel
A. Le conditionnel présent
Il est formé par l’adjonction de la marque de temps -r- du futur au radical du verbe, suivie des terminaisons de l’imparfait de l’indicatif : je chanterais, tu chanterais, il chanterait, nous chanterions, vous chanteriez, ils chanteraient.
B. Le conditionnel passé
Il est formé des auxiliaires avoir ou être au conditionnel présent suivis du participe passé du verbe : elle aurait chanté, elle serait partie.
2 - Les emplois du conditionnel
On ne traite plus le conditionnel comme un mode mais comme un temps de l’indicatif. Les deux formes du conditionnel (chanterait, aurait chanté) s’opposent aux deux formes correspondantes du futur (chantera, aura chanté), dont elles partagent la marque -r-.
A. Les emplois du conditionnel présent
La valeur modale
Le conditionnel possède une valeur modale fondamentale : le procès à venir est envisagé avec une forte dose d’incertitude : Je partirais demain. = ce n’est pas sûr.
C’est le cas dans les systèmes hypothétiques. En corrélation avec une subordonnée à l’imparfait introduite par si, le conditionnel de la principale présente une action possible dans l’avenir (potentiel) ou impossible dans le présent (irréel du présent), en fonction du contexte : Si j’étais riche, j’achèterais une villa en bord de mer.
En dehors des systèmes hypothétiques, le conditionnel a d’autres valeurs :
– il peut exprimer une opinion illusoire, souvent avec un verbe déclaratif (on dirait) ou un verbe d’opinion : Avec cette canicule, on se croirait au Sahara. ;
– il peut atténuer une demande : Je souhaiterais vous rencontrer. ;
– il peut indiquer une information incertaine : Le président russe serait très malade.
La valeur temporelle
Le conditionnel peut avoir aussi une valeur temporelle. Il présente un futur vu à partir du passé : Emma espérait que Charles comprendrait. / Elle espère qu’il comprendra.
Dans une subordonnée complétive, le conditionnel présent (comprendrait) exprime le futur par rapport au passé indiqué dans la principale par l’imparfait (espérait), comme le futur simple (comprendra) exprime le futur par rapport au présent (espère).
B. Les emplois du conditionnel passé
Le conditionnel passé situe un fait dans le passé, alors que le conditionnel présent le situe dans le présent ou dans l’avenir.
La valeur modale
Dans les systèmes hypothétiques, en corrélation avec une subordonnée au plus-que- parfait introduite par si, le conditionnel passé de la principale présente une action qui ne s’est pas réalisée dans le passé (irréel du passé) : Si j’avais répondu tout de suite, j’aurais pu réserver des places pour ce concert.
Le conditionnel passé peut exprimer une opinion illusoire dans le passé : Avec cette canicule, on se serait cru l’été dernier au Sahara.
Le conditionnel situe dans le passé une information incertaine : Un astronome aurait repéré une planète identique à la Terre.
Le conditionnel passé atténue fortement une demande : J’aurais souhaité vous voir.
La valeur temporelle
Dans une phrase complexe, le conditionnel passé peut exprimer l’antériorité par rapport au conditionnel présent : Le médecin disait qu’elle guérirait quand elle aurait suivi son traitement.
Après un verbe principal au passé, le conditionnel passé transpose le futur antérieur : Elle disait qu’elle serait revenue pour le dîner. / Elle dit qu’elle sera revenue.
Je m'entraine
Expliquez l’emploi du conditionnel.
a. Si j’étais riche, je n’irais pas me bâtir une ville à la campagne et mettre, au fond d’une province, les Tuileries devant mon appartement. Sur le penchant de quelque agréable colline, bien ombragée, j’aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts. (J. -J. Rousseau, Émile ou De l’éducation, extraits)
b. Revenu à mon hôtel Saint-Quentin, je contemplai longtemps la mansarde où j’avais mené la chaste vie d’un savant, une vie qui peut-être aurait été honorable, longue, et que je n’aurais pas dû quitter pour la vie passionnée qui m’entraînait dans un gouffre. (H. de Balzac, La Peau de chagrin)