Le feu est par nature un élément destructeur. Les sapeurs-pompiers ont pour mission de limiter au maximum les atteintes aux biens par les flammes et les fumées. Cependant, il est impératif de prendre également en compte les dégâts qui peuvent être occasionnés par les actions d’extinction.
1 - La protection des biens lors des incendies
A - La nécessité de la protection des biens pendant et après l'attaque
La protection des biens recouvre l’ensemble des actions qui limitent les dommages causés par le feu et les actions des sapeurs-pompiers.
À ce titre, elle peut être menée parallèlement à l’attaque, si l’effectif présent et les priorités de la chaîne de commandement le permettent.
Enfin, en cas d’atteinte à la toiture, les sapeurs-pompiers doivent s’efforcer de protéger le bâtiment des intempéries.
B - Les techniques à mettre en oeuvre
Si l’utilisation du juste volume d’eau est un élément primordial dans les actions de protection des biens, il est parfois nécessaire de mettre en œuvre des moyens souvent simples pour limiter les dégâts liés au ruissellement.
Il suffit parfois de déplacer les meubles dans les locaux situés sous le sinistre pour les mettre à l’abri. On doit parfois les couvrir au moyen de bâches prévues à cet effet.
Afin de limiter le nombre de bâches nécessaire, on rassemble les meubles au milieu de la pièce. Si les meubles reposent sur les sols humides, on tente de les surélever. De même, si des ruissellements importants ne peuvent être évités (rupture de conduite non obturable), il faut tenter de les canaliser vers l’extérieur.
C - Les principe de sécurité à respecter
L’eau peut s’infiltrer dans les éléments entreposés et les éléments de construction.
Les sapeurs-pompiers doivent veiller à un possible effondrement.
Le port d’un appareil respiratoire isolant peut être nécessaire.
Enfin, le déplacement de charges lourdes peut être effectué par des engins dédiés. Leur parfaite maîtrise doit être assurée par des conducteurs formés et entraînés. Il faut parfois faire appel à des professionnels si les conditions de sécurité le permettent.
2 - La nécessité du déblai lors des incendies
Le déblai peut participer à l’extinction durant la phase d’attaque.
Une fois le ou les foyers principaux éteints, un travail méticuleux de refroidissement des points chauds reste à accomplir. En effet, les amas de matière combustible peuvent cacher des éléments susceptibles de s’enflammer plusieurs heures après l’extinction initiale.
Le déblai a pour objet de déplacer les décombres qui pourraient encore cacher des foyers et d’écarter ainsi tout risque de reprise de feu (règlement d’instruction et de manœuvre des sapeurs-pompiers communaux, 1978). Il comporte le déplacement des parties embrasées pour en parfaire l’extinction.
A - Les techniques à mettre en oeuvre
Les lances nécessaires doivent être utilisées par intermittence avec un débit réduit.
Tous les éléments combustibles doivent être vérifiés afin de rendre la zone désignée la plus sûre possible. Ainsi, les éléments tels que les huisseries, plafonds et faux plafonds, poutres et charpentes doivent être visuellement contrôlés et, le cas échéant, grattés ou abattus. Il faut contrôler également le dessus des meubles.
Les matériaux isolants doivent faire l’objet d’une attention particulière. Récemment, les techniques d’isolation ont changé et peuvent représenter des pièges à calories qui doivent, dans la mesure du possible, être retirés (ouate de cellulose, etc.).
Les outils à main constituent les principaux matériels à employer (pelles, fourches, râteaux, haches, etc.).
La détection des derniers points chauds peut être réalisée au moyen d’outils perfor- mants tels que les caméras thermiques, dont l’utilisation et les limites d’emploi doivent avoir fait l’objet d’une formation spécifique.
En fin de mission, un contrôle tactile permet de s’assurer que tous les risques sont écartés, en utilisant le revers de la main afin de se prémunir contre tout risque de brûlure.
B - Les principes de sécurité à respecter
1) Rester vigilant
Après une phase d’attaque active intense, la vigilance des intervenants peut baisser. Il faut pourtant s’imposer de continuer sa mission avec rigueur et garder à l’esprit que la zone d’intervention n’est pas encore sûre.
Lors du refroidissement, la stabilité des structures soumises au rayonnement peut évoluer défavorablement et doit requérir l’attention des personnels affectés aux opérations de déblai.
2) Travailler sous protection respiratoire
Pendant une combustion lente (phase de déblai) ou lorsque des éléments carbonisés sont déplacés, des gaz toxiques (dérivés cyanhydrés, monoxyde de carbone, etc.) et des particules fines sont encore émis en grande quantité. Il est donc nécessaire de travailler sous protection respiratoire.
3) Utiliser le matériel approprié
L’emploi de matériel de ventilation permet d’améliorer la visibilité et de baisser la concentration de ces émanations. Il faut pourtant veiller à éviter l’introduction de gaz d’échappement lors de l’utilisation de moteurs thermiques.
Des relevés de toxicité doivent être effectués par le chef d’agrès afin de définir la protection la plus adaptée à la situation.
C - Les relèves
En cas d’intervention de longue durée, le commandant des opérations de secours (COS) peut demander le remplacement du personnel engagé. La durée des engagements est généralement organisée par tranches de 4 à 5 heures.
Les personnels assurant cette relève doivent se munir de l’ensemble de leur équipe- ment de protection individuelle.
La continuité des déblais est souvent vécue comme une tâche ingrate. Elle nécessite pourtant la même rigueur et implication que lors de la phase d’attaque.
3 - La surveillance
Malgré les actions de noyage et de déblai, des amas de produits combustibles peuvent présenter des points chauds pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours.
La surveillance a pour objet d’empêcher toute reprise de feu après le départ des secours.
Le dispositif de surveillance varie en fonction de l’étendue du sinistre. Il comprend au minimum deux sapeurs-pompiers, avec un moyen d’extinction et un moyen de communication.
Il ne faut pas confondre la mission de surveillance, qui impose une présence effective sur les lieux du sinistre, avec les rondes effectuées par un sapeur-pompier gradé. La ronde a pour objet d’adapter le dispositif de surveillance à l’évolution du nombre et de l’activité de points chauds. Lorsqu’il le juge opportun, le gradé lève le dispositif et indique que l’opération est terminée.
Les personnels affectés à la mission de surveillance doivent disposer de leur équipement de protection individuelle complet. Ils s’équipent sur ordre le cas échéant.
La vigilance doit guider les actions et les visites régulières sur le sinistre. Un feu couvant ne doit pas pouvoir s’étendre.