La phrase est le cadre et l’objet de l’étude linguistique. C’est dans la phrase que sont définies les classes grammaticales et les fonctions syntaxiques.
1 - Définitions
Une phrase est une suite de mots organisée, qui transmet un message complet. On la définit de plusieurs points de vue.
A. Du point de vue syntaxique
La phrase est une structure syntaxique autonome, un ensemble hiérarchisé et organisé de constituants entretenant des rapports de dépendance.
Il regarda l’heure. (M. Proust)
Il = groupe nominal sujet ; regarda l’heure = groupe verbal.
On distingue la phrase simple et la phrase complexe, selon qu’elle contient une ou plusieurs propositions.
B. Du point de vue formel
À l’écrit, la phrase commence par une majuscule et s’achève par un point ou un autre signe de ponctuation forte. Il regarda. Quelle heure est-il ? Elle est en retard !
À l’oral, chaque phrase est séparée de la suivante par une pause nette.
C. Du point de vue sémantique
La phrase est une unité de sens, constituée d’un thème (ou sujet sémantique) et d’un prédicat, qui dit quelque chose sur le thème.
Odette était sortie. (M. Proust)
Odette = thème ; était sortie = prédicat.
D. Du point de vue pragmatique
La phrase sert à accomplir un acte de langage, indiqué par le type de phrase employé : déclaration, interrogation, injonction.
2 - Phrase verbale et phrase non verbale
A. La phrase verbale
La phrase verbale est le modèle de la phrase : c’est la phrase canonique (P). Elle est composée de deux éléments : un groupe sujet (GS) et un groupe verbal (GV). Elle peut également comporter un élément apportant des informations complémentaires, non obligatoires : le groupe circonstanciel (GC).
(Terminologie grammaticale, 2020.)
B. La phrase non verbale
Par opposition à la phrase verbale, la phrase non verbale se caractérise par l’absence de verbe conjugué. Ponctuel, ce facteur ! − Parfait !
Cependant, cette absence n’empêche pas la phrase non verbale d’être une phrase :
– du point de vue sémantique, elle exprime une prédication. Dans Ponctuel, ce facteur !, l’adjectif ponctuel exprime une qualité de ce facteur, qui joue le rôle de sujet de la phrase ;
– du point de vue pragmatique, la phrase non verbale exprime un acte de langage : les exemples sont exclamatifs, ce qui est souvent le cas des phrases non verbales. On peut aussi trouver des phrases non verbales de type injonctif (Votre certificat de vaccination !), déclaratif (Pas de fumée sans feu.) ou interrogatif (Une question ?).
On observe deux structures différentes de la phrase non verbale.
• La phrase non verbale à deux termes :
1. Sublime, ce tableau ! / 2. Christopher Nolan, un réalisateur génial.
La phrase non verbale à deux termes comporte deux éléments, le sujet et le prédicat. Le sujet est le plus souvent un groupe nominal : ce tableau ; Christopher Nolan.
Le prédicat peut être un adjectif : Sublime ; un groupe nominal : un réalisateur génial ; un groupe prépositionnel, etc. Seul le prédicat peut être nié : Pas ponctuel, ce facteur. L’ordre des termes peut être prédicat-sujet (ex. 1. : cas fréquent à l’oral) ou sujet-prédicat (ex. 2.).
• La phrase non verbale à un terme :
« Incroyable ! est une phrase averbale dont seul le prédicat est exprimé. Ici, il s’agit d’un adjectif (incroyable), et dont le sujet, implicite, peut être restitué de la manière suivante : Cela est incroyable ! (cela sujet, est incroyable prédicat). De la même façon, un énoncé du type Quelle sottise ! est une phrase averbale à un seul constituant, le prédicat, dont le sujet est implicite (Cela est une sottise !). » (Terminologie grammaticale, 2020)
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Distinguez et analysez les phrases verbales et les phrases non verbales.
1. Vitalis ouvrait la marche.
2. À une distance respectueuse, s’avançaient sur une même ligne Zerbino et Dolce.
3. Notre salle de spectacle, une corde attachée à quatre arbres.
4. Quelques enfants s’étaient mis à nous suivre.
5. La première partie de la représentation consista en différents tours exécutés par les chiens.
6. La serviette, sur les genoux !
7. Les applaudissements éclatèrent de tous les côtés.
8. La représentation, un triomphe.
9. Quel comédien ! (H. Malot, Sans famille, extraits).