L’infinitif est un mode non personnel, qui comporte un temps simple, le présent (aimer), et un temps composé, le passé (avoir aimé).
1 - La morphologie de l’infinitif
L’infinitif présent possède à l’écrit quatre terminaisons comportant chacune un r : -er (aimer), -ir (partir), -oir (pouvoir), -re (perdre). L’oral oppose une désinence [e] [εme] et une désinence [R] : [paRtiR], [puvwaR], [pεRdR].
L’infinitif passé se forme avec l’infinitif des auxiliaires être ou avoir suivi du participe passé du verbe : avoir aimé, être parti(e)(s).
2 - Les emplois de l’infinitif
L’infinitif ne porte pas de marques de personne et de nombre, ni de temps. Il est considéré comme la forme nominale du verbe : il a des emplois verbaux ; il peut aussi être le noyau d’un groupe ayant les fonctions d’un groupe nominal (sujet, COD...).
A. Les emplois verbaux de l’infinitif
L’infinitif constitue le noyau verbal d’une phrase, soit seul, soit associé à un semi-auxiliaire.
En proposition indépendante ou principale
L’infinitif s’emploie dans les différentes sortes de phrases :
– infinitif injonctif (ordre général) : Porter un masque. Ne pas fumer. ;
– infinitif exclamatif (avec ou sans sujet exprimé) : Moi, faire cette corvée ! ;
– infinitif délibératif : Que faire ? Où aller ? ;
– infinitif de narration : Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir. (J. de La Fontaine) Cet infinitif doit avoir un sujet propre et s’insérer dans une série d’actions.
En proposition subordonnée
Dans une proposition subordonnée relative : Il ne vit point de paysan à qui remettre le cheval. (Stendhal), ou interrogative indirecte : Je ne sais où aller.
Dans une proposition subordonnée infinitive, à deux conditions précises : la subordonnée est COD d’un verbe de perception (entendre, voir, sentir...) ; elle doit avoir un sujet propre, distinct du sujet principal (J’entends les oiseaux chanter.).
En corrélation avec un semi-auxiliaire
L’infinitif associé à un semi-auxiliaire constitue le noyau verbal d’une phrase. Le semi- auxiliaire porte les désinences de temps, personne, nombre et il peut indiquer l’aspect (il commence à pleuvoir : inchoatif ; il finit de déjeuner : terminatif) ; la modalité (il doit venir : obligation ou probabilité ; il peut rester : possibilité) ; la cause du procès à l’infinitif (il fait réparer sa voiture ; le chat laisse la souris s’échapper).
B. Les emplois nominaux de l’infinitif
Les fonctions nominales
L’infinitif peut être le centre d’un groupe exerçant les fonctions syntaxiques du groupe nominal (sujet, objet, etc.). On peut globalement remplacer tout le groupe infinitif par un groupe nominal ou un pronom : Patricia aime chanter / le chant / cela.
Le groupe infinitif peut être :
– sujet : Braconner n’est pas voler. (M. Genevoix) ;
– complément du verbe, construit directement (COD) ou indirectement (COI) avec les prépositions à ou de : Elle adore chanter. Elle craint d’échouer au concours. ;
Distinguer la forme de, qui sert d’introducteur à l’infinitif (Qu’il est bon de ne rien faire !), et la préposition de (Je te demande de répondre.).
– attribut du sujet : Vouloir, c’est pouvoir. Plaisanter n’est pas répondre. (Colette) ;
– complément de verbe impersonnel : Il faut réparer ma tablette. ;
– complément du nom : La fureur de vivre (film) ; un exposé à terminer. ;
– complément d’adjectif : Il est capable de réussir. Elle est apte à jouer ce rôle. ;
– complément circonstanciel introduit par une préposition : Répondez sans tarder.
L’infinitif substantivé
Il a le statut d’un nom véritable, bénéficiant d’une entrée séparée dans les dictionnaires. Il reçoit la détermination nominale (déterminant, adjectif...) et il peut varier en nombre : l’être, l’avoir, le pouvoir, les devoirs écrits, les savoirs fondamentaux...
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Analysez les emplois de l’infinitif.
1. Ses mœurs consistaient à sortir après le déjeuner, à revenir pour dîner, à décamper pour toute la soirée, et à rentrer vers minuit.
2. Nul ne pouvait pénétrer ni ses pensées ni ses occupations.
3. Souvent il laissait percer l’épouvantable profondeur de son caractère.
4. Souvent une boutade digne de Juvénal, et par laquelle il semblait se complaire à fouetter la haute société, devait faire supposer qu’il gardait rancune à l’état social.
5. Aucun d’eux ne paraissait songer à elle, quoique d’un jour à l’autre le hasard pût changer sa position et la rendre un riche parti. (H. de Balzac, Le Père Goriot, extraits)