En 2020, la part de Français utilisant de manière active les réseaux sociaux était estimée à plus de 75 % (Digital report 2021, We Are Social et Hootsuite). Nous y consacrons en moyenne 1 h 41 par jour mais pour y voir quoi ? Quel type de contenu nous est proposé et selon quels critères ? Faisons le point...
Face à l’explosion des contenus publiés sur les réseaux sociaux (plus de 500 heures de vidéos mises en ligne, 347 222 stories Instagram et 150 000 messages partagés sur Facebook toutes les minutes), difficile de ne pas crouler sous l’infobésité et le manque de pertinence (DOMO, 2020).
Les algorithmes
Pour déterminer quel contenu te proposer au bon moment, les réseaux sociaux s’appuient sur des algorithmes. Ce sont des formules mathématiques qui permettent de sélectionner les publications à afficher dans ta timeline, c'est-à-dire ton flux personnalisé et actualisé de contenus. L’objectif des plateformes sociales est double : te satisfaire et te retenir.
Pour cela, les algorithmes vont d’abord chercher à te proposer :
- les publications des contacts avec lesquels tu es le plus engagé
- des publications adaptées à tes centres d’intérêts, y compris des annonces
- des contenus qui vont te faire rester sur leurs plateformes, comme des vidéos ou des contenus choc/polémistes
Bien entendu, les algorithmes sont en partie basés sur une intelligence artificielle qui va étudier ton comportement pour mieux comprendre ce qui te fait cliquer, aimer, partager et/ou commenter. Leur objectif final est d'arriver, de façon prédictive, à t'exposer au contenu qui te fera le mieux réagir.
S’ils restent incontournables pour faire le tri dans la masse d’informations publiées, leur formule est vivement critiquée de par leur tendance à enfermer leurs utilisateurs dans des sphères d’influence. En effet, les contenus qui te seront proposés sur ton fil d’actualité seront liés à tes dernières recherches et lectures. L’algorithme va alors remonter uniquement les sujets connexes sans te proposer d’autres visions ou débats inhérents à notre société. C’est pourtant essentiel de te faire ton propre avis en ayant une vision plus éclairée !
Cette gestion algorithmique fait également débat pour trois raisons principales :
- l’automatisation et donc la gestion non humaine qui peut se révéler faillible pour détecter des contenus haineux, voire illicites
- la programmation de l’algorithme qui est le reflet, globalement, de la société américaine et de son puritanisme notamment
- l’usage possible des données personnelles à des fins de manipulation, notamment politique (un te donnera une idée du danger potentiel)
Pour en savoir, tu peux lire les articles suivants :
- Sur l'automatisation : article de FrenchWeb - https://www.frenchweb.fr/reseaux-sociaux-cedric-o-denonce-lopacite-des-algorithmes-et-du-systeme-de-moderation/407621
- Sur la programmation de l'algorithme : article du Figaro - https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/l-algorithme-de-facebook-censure-une-photo-d-oignons-jugee-trop-sexualisee-20201009
- Sur l'usage possible des données personnelles : article sur l’affaire Cambridge Analytica, impliquant Trump et Facebook de Siècle Digital - https://siecledigital.fr/2020/09/29/cambridge-analytica-trump-noirs-americains/
En effet, c’est sur le temps passé et la volumétrie d’utilisateurs que repose le modèle économique des réseaux sociaux. Les plateformes vendent notre temps d’attention disponible, avec la capacité de filtrer par centre d’intérêt, âge, localisation, etc., soit toutes les informations que nous fournissons à l’inscription ou à l’usage. D’où l’adage : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit. »
Si tous les algorithmes ont peu ou prou le même fonctionnement, chacun dispose de sa propre recette, plus ou moins secrète et en évolution constante, selon son positionnement et sa stratégie.
Ainsi, l’algorithme de Facebook privilégie les dernières publications des « amis » ou pages suivies. Il donne aussi une importance forte à l’image, la vidéo et les posts générant beaucoup d’engagement sur une période courte. Il attribue également un score de pertinence personnalisé en fonction de l’activité de l’utilisateur (contenus consultés et fréquence, clic, like, commentaire, etc.). Des textes clairs, nouveaux et engageants ainsi que la régularité des publications sont également récompensés.
L’algorithme d’Instagram est assez similaire. Ce n’est pas surprenant puisque la plateforme appartient à Facebook depuis 2012. Plus que la récence des contenus, Instagram privilégie cependant l’intérêt supposé pour une publication et la relation avec l’émetteur.
TikTok
TikTok a conçu son algorithme pour avantager les publications suscitant des interactions (like, partage, commentaire) et/ou créées par des personnes suivies. Les vidéos courtes et efficaces (consultées en intégralité et à plusieurs reprises) sont favorisées. L’utilisation de sons, musiques et hashtags « tendance » dans les publications est aussi un atout pour remonter dans les timelines, de même que les challenges.
Snapchat
En l’absence de fil d’actualité, l’algorithme de Snapchat se concentre sur l’ordre d’affichage des amis selon la fréquence des échanges et sur celui des contenus proposés dans « découvrir » ou « pour vous » selon la popularité de l’émetteur. Le nombre d’amis et les flammes, c’est-à-dire l’assiduité des échanges sur une courte période entre utilisateurs, augmentent le score de popularité. Le partage de photos, vidéos et stories est également important.
Twitter a également paramétré son algorithme pour surpondérer les contenus des « followés » et followers du compte, surtout en cas d’interactions fréquentes (like et commentaire notamment) et si les contenus sont récents. Il est cependant possible de paramétrer soi-même un affichage par popularité ou par récence (derniers tweets). Le bon usage des codes et outils du réseau est également essentiel : hashtag, sondage, intégration de visuel et vidéo.
L’algorithme de LinkedIn classe les publications selon leur qualité et leur pertinence (contenu jugé à-propos versus « spam ») et récompense l’engagement (like, commentaire, partage, etc.). La régularité et l’utilisation des codes et outils du réseau social sont là aussi importants.
L’algorithme de Pinterest, appelé « Smart feed » (flux intelligent), favorise les contenus en fonction de l’engagement et la popularité de l’épingle (le « pin »). L’émetteur ainsi que la fréquence et la pertinence de ses publications, définis notamment grâce à la richesse des descriptions et aux mots-clés associés, sont essentiels.
Conclusion
Après ce tour d’horizon, que penserais-tu de reprendre la maîtrise des informations que tu consultes ?
Pour cela, rien de plus simple : il suffit de « sortir » plus souvent des réseaux sociaux pour surfer À TA GUISE sur le web « conventionnel » et les sites internet. Un site web est un espace bien plus personnel et pérenne qu’un réseau social, avec de nombreuses possibilités de personnalisation, y compris en termes de gestion des données des visiteurs.
Bon surf … ou bonne création de site !