Saisissez-vous du texte : intellectuellement pour le comprendre, et physiquement en vous l’appropriant. Il ne fera pas partie de votre copie à rendre et vous ne le rendrez pas en fin d’heure : vous pouvez, donc, y entourer les mots-clés, inscrire des annotations, tirer des traits pour mieux vous repérer... Il vous appartient donc de le faire vivre.
Les méthodes qui suivent sont détaillées pour vous aider, et vous avez tout le loisir d’y consacrer le temps nécessaire pour les maîtriser. Le jour J, vous pourrez les utiliser avec assurance et fluidité, en respectant le temps exigé d’une heure.
I. Le texte d’actualité territoriale
Témoignage
« Le texte ou les questions d’abord ? »
Les deux, pourrait-on répondre. Certains candidats plus au fait de la lecture de textes argumentatifs pourront commencer par la lecture des questions et ainsi être davantage à l’affût du mot, de l’expression, de l’idée à débusquer quand ils liront le texte.
Si vous êtes moins à l’aise avec l’exercice, lisez d’abord le texte, car prendre connaissance d’abord des questions risque d’être contre-productif : en vous précipitant à la recherche de la « bonne réponse», vous risquez de faire du « zapping » et de n’obtenir qu’une vision partielle des idées. - Une formatrice
A. Le paratexte
Le texte de l’épreuve est souvent introduit par un titre, il a été écrit à une date donnée, par un auteur qui l’a rédigé dans le cadre d’un article pour un journal, une analyse, une étude. Bref, votre texte a une identité. Ce sont les informations inscrites autour du texte proprement dit.
Faites connaissance avec lui et, comme avec une personne que vous rencontrez pour la première fois, envisagez ce qu’impliquent les informations transmises.
Lisez le titre et la toute dernière ligne du texte « Faut-il développer la vidéosurveillance ? »
Que me dit le titre ? Le sujet porte sur un questionnement sur le développement de la vidéosurveillance... avec « Faut-il ? »
Dernière ligne : le texte est paru, en 2009, dans un journal spécialisé dans l’actualité des communes.
J’en déduis que c’est un article de presse spécialisée sur le sujet, lié à la mission de sécurité surveillance, prévention.
Hypothèses des intentions de l’auteur : Expansion opportune de la vidéo dans l’espace territorial ?
Débat pour/contre supposé par l’expression « Faut-il » contenue dans le titre ?
B. Le texte
1. 1re phase : la lecture en survol du texte
Les textes des épreuves sont écrits par des professionnels de l’écrit et choisis par un jury qui souhaite vous proposer un texte clair et argumenté traitant des problématiques auxquelles vous serez directement ou indirectement confrontés durant vos prochaines missions sur le terrain.
Conseil
Pour une lecture de première impression : pas de crayon, ni de surligneur. Je continue à n’utiliser que mes yeux.
La plupart des textes proposés en concours dépassent rarement une page. Mais pour qui n’est pas ou plus habitué à cet exercice, la lecture peut devenir angoissante.
• lisez les premières phrases de chaque paragraphe (voire le début de la 2e si le texte débute par une question et ainsi avoir la réponse) et la dernière phrase du texte ;
• si le texte est plus dense, vous pourrez ajouter la lecture des dernières phrases de chacun des paragraphes.
• introduction du contexte général ;
• idées principales développées et arguments les justifiant ;
• conclusion ouverte.
Entraînez-vous !
Dans le texte ci-dessous, ne lisez que les premières et dernières phrases des paragraphes.
« Faut-il développer la vidéosurveillance ?
La vidéosurveillance serait-elle entrée dans les mœurs ? Dans les rues, les gares, les magasins, les galeries commerciales et les parkings, les caméras prolifèrent. En 2007, plus de 1 500 communes avaient fait le choix de s’équiper. Elles n’étaient que 800 en 2005. Hissé au rang de « priorité absolue » dans le plan national de prévention de la délinquance, présenté le 2 octobre dernier, le déploiement de la vidéosurveillance est largement porté par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui veut tripler le nombre de caméras sur la voie publique.
Évolution significative, la vidéosurveillance semble désormais mieux acceptée par la société française. Selon un sondage Ipsos réalisé en 2008, 71 % des Français se disaient « favorables » à la présence de caméras dans les lieux publics, contre 28 % de « défavorables ». À la lecture de ces chiffres, les affrontements passionnels sur l’émergence d’un « big brother » liberticide semblent bien lointains.
Le débat, pourtant, n’a pas disparu, comme le rappelle la Grande-Bretagne, pays le plus vidéosurveillé au monde, où un rapport de la Chambre des Lords de février 2009 s’inquiète vivement de l’altération du « droit à la vie privée, pierre angulaire de la relation entre l’État et le citoyen ». Même préoccupation en France avec cette « alerte à la société de surveillance » lancée en 2007 par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Le débat est d’autant plus vif que le volontarisme gouvernemental et le zèle de certaines municipalités contrastent singulièrement avec l’absence d’évaluation de la vidéosurveillance, dont l’efficacité est contestée.
Dans ce contexte, les élus locaux affichent un certain pragmatisme et veulent intégrer les caméras comme « un outil parmi d’autres » sans y voir une panacée. D’autres, en revanche, revoient leurs ambitions à la baisse et misent sur une « vidéosurveillance raisonnée ». Tous cependant s’inquiètent du poids que le plan d’équipement ministériel risque de faire peser sur les budgets municipaux.
Extrait de La Gazette des communes, mai 2009, dossier réalisé par Hervé Jouanneau (extrait) »
• Ci-dessous, les phrases/groupes de mots soulignés sont ceux que vous avez lus.
La vidéosurveillance serait-elle entrée dans les mœurs ? Les caméras prolifèrent. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui veut tripler le nombre de caméras sur la voie publique.
Évolution significative, la vidéosurveillance semble désormais mieux acceptée par la société française. Les affrontements passionnels sur l’émergence d’un « Big Brother » liberticide semblent bien lointains.
Le débat, pourtant, n’a pas disparu. Un rapport de la Chambre des Lords de février 2009 s’inquiète vivement de l’altération du « droit à la vie privée ». Le débat est d’autant plus vif que le volontarisme gouvernemental et le zèle de certaines municipalités contrastent singulièrement avec l’absence d’évaluation.
Dans ce contexte, les élus locaux affichent un certain pragmatisme et veulent intégrer les caméras comme « un outil parmi d’autres ». le plan d’équipement ministériel risque de faire peser sur les budgets municipaux.
Au terme de la 1re étape de lecture, vous percevez mentalement la structure du texte.
• Contexte général
Le développement des caméras de surveillance ne paraît plus poser problème en France et le gouvernement souhaite continuer en ce sens.
• Idées principales/arguments
Néanmoins, « le droit à la vie privée » demeure un argument contraire et est appuyé par le fait qu’on a peu de retour sur l’efficacité du dispositif. C’est pourquoi, nos élus préfèrent se servir de ce nouveau moyen de façon prudente.
• Conclusion ouverte
Le coût du futur plan influera sur les finances locales.
• Puisque vous savez de quoi parle le texte, vous validez et complétez vos hypothèses de départ en résumant mentalement
« Les caméras de surveillance se multiplient et le dispositif paraît admis. Tandis que les défenseurs des libertés publiques restent vigilants, en France, les élus restent mesurés. Beaucoup sont, inquiets, par ailleurs, du coût des équipements à venir. »
2. 2e phase : la lecture annotée du texte
De simple connaissance, le texte doit à présent vous devenir plus proche. Il est temps de le détailler en marquant les éléments les plus significatifs. Pour ce faire, utilisez un crayon et/ou un surligneur.
Conseil
Pas trop de couleur, mais des abréviations !
Ne coloriez pas votre texte : le surligneur doit vous guider dans la sélection des moments importants du texte. Tout n’est pas important, donc tout ne doit pas être surligné...
En revanche, utilisez les abréviations à l’intérieur/autour du texte, pour inscrire les informations notables et retrouver facilement un élément qui vous servira pour répondre aux questions.
Lisez, dans son intégralité le texte ci-dessus présenté tout en précisant les éléments suivants :
• notez à gauche du texte, vos propres mots qui rendent compte des idées du passage que vous venez de lire (utiliser des abréviations vous fera gagner du temps) ;
• soulignez les expressions et mots-clés, c’est-à-dire utiles à la compréhension du texte ;
• entourez/encadrez les mots de liaison et les adverbes, qui rythment l’argumentation (opposition, concession, insistance...).
Après la lecture annotée, le texte à analyser ne sera plus un écrit inconnu, mais un outil qui se mettra au service de vos réponses aux questions.
Les mots facilitateurs pour repérer le découpage du texte
Conseil
« Je bloque sur un mot ! » « Je ne vais rien comprendre »
Servez-vous du texte, de ce qui entoure l’expression ou le mot qui vous gêne... et en dernier ressort, demandez-vous s’il est utile de le comprendre. Continuez votre lecture
Important
Que veut dire « Big Brother » ? L’expression se réfère au roman 1984 de Georges Orwell, dans lequel la vie privée est menacée par un système de surveillance omniprésent.
Le savoir sera, certes, un atout, mais pas indispensable
II. Les questions sur le texte
Vous avez dégagé le fil conducteur du texte et l’enchaînement des propos de l’auteur. Vous allez à présent convaincre le correcteur que vous avez cerné l’intérêt du texte en rédigeant correctement vos réponses aux questions.
Soyez méthodique et suivez les remarques du président du jury qui illustrent au plus près la démarche à suivre.
A. Explication et vocabulaire
1. Comment expliquer/définir... en contexte ?
Témoignage
Les correcteurs conseillent aux futurs candidats de (...) lire le texte avec attention, et de prendre connaissance de l’ensemble des questions avant de commencer à rédiger. (...) Les candidats sont invités à illustrer leurs propos en se servant du texte. Ils doivent travailler davantage l’argumentation et la construction de leurs réponses. - Le président du jury, rapport de la session 2020
La seule explication/définition d’un mot ne suffira jamais à satisfaire aux exigences de l’épreuve et à vous donner la totalité des points. Vous devrez nécessairement contextualiser, c’est-à-dire recadrer votre explication au regard du texte.
Exemple 1 : Il s’appuie sur le texte « Faut-il développer la vidéo surveillance ? »Donnez la définition du mot « mœurs ».
Au sens général, les « mœurs » désignent les mentalités, les usages.
Dans le texte, la question se pose de savoir si la vidéosurveillance peut être considérée : comme une pratique admise dans le quotidien des citoyens.
À intégrer : la structure et la formulation de la réponse.
Exemple 2 : Il s’appuie sur le texte « Faut-il développer la vidéo surveillance ? »
Donnez la définition du mot « prolifèrent ».
Au sens premier, « prolifèrent » signifie « augmentent », « se multiplient ».
L’auteur montre, ainsi, que le nombre de caméras de surveillance augmente et que cette : mesure se généralise sur le territoire.
Le texte étant en rapport avec l’environnement territorial, vous vous attacherez à proposer une réponse simple qui utilise un vocabulaire précis, montrant votre professionnalisme : les gens sont des « citoyens », le pays est un « territoire ».
2. Comment expliquer une expression ?
Les groupes de mots, voire les propositions (sujet, verbe, complément), que vous devez expliquer renvoient à une idée significative du texte. Si vous savez quel intérêt contient cette expression, vous saurez tout naturellement comment l’aborder. Vous relirez donc d’abord l’expression dans la phrase du texte.
Deux options s’offrent à vous : l’expression est simple, et on vous demande de l’expliquer globalement, ou l’expression contient un mot plus complexe et, dans ce cas, vous commencerez par l’expliquer avant de justifier son utilisation dans le contexte
Expliquez « les affrontements passionnels » dans le texte
En revenant vers le texte, vous repérez l’expression que vous aviez déjà soulignée car porteuse de sens, et dans le paragraphe, vous aviez encadré « désormais » et souligné « bien lointains ».
En marge, vous aviez annoté « Consensus apparent ».
Analyse possible soulignant l’intérêt de l’expression : « Les Français ne font plus de la vidéosurveillance un sujet de discussions (à la place d’affrontements) acharnées (à la place de passionnels), seulement fondées sur un plan émotionnel. Ils sont majoritairement d’accord sur le bien-fondé de sa mise en place. »
Expliquez « Une vidéosurveillance raisonnée » dans le texte
Analyse du terme « raisonnée », puis contextualisation : « Le terme « raisonnée » renvoie à une réflexion fondée sur une réflexion mesurée qui tient compte des contraintes. Dans cette mesure, certains élus locaux pensent que la vidéosurveillance ne résout pas tous les problèmes liés à l’insécurité et qu’il faudra sûrement en modifier les applications notamment pour des raisons budgétaires. »
3. Comment proposer un seul synonyme/antonyme ?
a. Le synonyme
Il va falloir être très précis. Le mot proposé doit pouvoir remplacer le plus précisément possible celui choisi initialement par l’auteur pour ne pas changer le sens de sa phrase.
Exemple tiré du texte, au dernier paragraphe : Donner un synonyme de « poids » en respectant le genre et la nature du mot
Votre synonyme devra être un nom masculin.
Réponse acceptable : « Poids » peut avoir pour synonyme « impact ».
Le nom proposé respecte l’idée selon laquelle le coût des caméras influe sur les finances locales.
Réponse incorrecte : « charge », car c’est un nom féminin.
b. L’antonyme
Exemple tiré du texte, au dernier paragraphe : Donner un antonyme de « intégrer » en respectant le genre et la nature.Votre synonyme devra être un verbe à l’infinitif.
Réponse acceptable : « Intégrer » peut avoir pour antonyme « exclure ».
Le verbe proposé respecte l’idée selon laquelle, à l’inverse de ce qui dit dans le passage : du texte, les maires ne veulent pas faire appel à la vidéosurveillance.
Réponse incorrecte : « exclu », car c’est un participe passé.
Respectez les nuances et les degrés d’intensité pour conserver l’intention de l’auteur : du texte : relisez la phrase entièrement, voire le paragraphe si vous avez des difficultés : à trouver le mot adéquat.
Dans le passage « Même préoccupation en France avec cette alerte à la société de surveillance lancée en 2007 par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) », vous ne pourrez pas remplacer « lancée » par « jetée », car la Cnil ne jette pas une alerte, mais la diffuse. « Diffusée » pourra être acceptée.
III. La compréhension
« Dans vos réponses, vous veillerez à rendre compte des idées du texte sans en recopier les phrases. »
Comme pour l’explication d’expression, vous devrez restituer la phrase dans le contexte et reformuler les mots-clés qui la composent. Ainsi, vous montrerez à votre correcteur votre capacité d’analyse, en présentant avec votre propre vocabulaire les idées principales contenues dans la phrase à expliquer.
Exemple : « Évolution significative, la vidéosurveillance semble désormais mieux acceptée par la société française » : comment comprenez-vous cette phrase ?
Vous aviez encadré « désormais », souligné « mieux acceptée » et noté dans la marge « Chgt d’opinion ».
L’idée à retranscrire est le changement de mentalité de notre société vis-à-vis de la vidéosurveillance, en donnant une argumentation qui justifie cette mutation.
Proposition : « Il semble que les citoyens d’aujourd’hui soient habitués à être surveillés dans de nombreux espaces publics, sans que cela les dérange. Les opposants à cette méthode se font moins entendre. Cette évolution des mentalités s’est faite sur le long terme, et elle reflète les craintes des citoyens. En effet, on médiatise plus la violence, elle se fait plus présente dans les villes et dans les banlieues. On trouve donc normal et utile de surveiller les lieux publics pour prévenir cette violence. »
Autre type de question : celle qui demande au candidat de donner son avis ou expliquer une position. C’est la question ouverte.
Témoignage
« Le caractère ouvert de la troisième question de compréhension n’a pas toujours été suffisamment perçu par les candidats qui éprouvent des difficultés à mobiliser des connaissances personnelles pour la traiter. » - Le président du jury, rapport de session 2010
Commencez par bien analyser ce que la consigne exige de vous. Elle peut en effet vous demander soit de :
• confronter le point de vue défendu par l’auteur à des arguments contraires ;
• proposer un développement argumentatif où c’est vous qui amènerez les arguments en opposition.
Votre avis sera, quoi qu’il en soit, toujours objectif, justifié, voire étayé par vos connaissances plus personnelles du sujet et rédigé de façon organisée.
Même dans une épreuve d’une heure, c’est la question qui, tirée de la thématique du texte, devra générer une réponse sans faute, constituée d’une introduction, d’un développement et d’une conclusion.
Exemple : « Faut-il développer la vidéosurveillance ? », répondez à la question posée par le titre en développant des arguments pour et contre la vidéosurveillance. Rédigez votre réponse.
Vous avez lu et analysé le texte : vous savez que s’y trouvent des arguments pour et contre. Libre à vous de les étoffer de vos propres connaissances.
Proposition de réponse rédigée :
La réponse structurée :
• reprend des arguments du texte ;
• fait appel à des notions de droit public (référence aux libertés individuelles et au recours du citoyen contre l’État qui ne les respecterait pas) ;
• rassure sur le positionnement du candidat (rappel de l’équilibre à maintenir entre moyens de répression et moyens de prévention).
« Êtes-vous d’accord avec l’auteur ? Que pensez-vous de la position de l’auteur ? »
Les textes qui vous sont proposés émanent de spécialistes de l’information et de la communication. Chaque idée est donc argumentée. Pour répondre, vous pourrez donc appuyer sur les arguments avancés ou les alimenter avec vos propres connaissances.
Si l’opinion avancée dans le texte est extrême, c’est qu’on attendra de vous une position mesurée. Reformulez alors la question : « Quels arguments peut-on opposer à ceux de l’auteur du texte ? ». Cela vous permettra d’ouvrir votre réflexion.