Les connaissances nécessaires à la maîtrise des risques auxquels sont confrontés les sapeurs-pompiers sont hétérogènes et complexes. Ces savoirs s’acquièrent par l’expérience et des formations complémentaires. Pourtant, chaque soldat du feu doit intégrer des connaissances de base dans chaque discipline.
1 - Les éléments de construction
Connaître les caractéristiques des éléments constitutifs d’un bâtiment permet à la fois d’anticiper le développement du feu et d’agir en sécurité.
A - Les principales parties d'un bâtiment et les procédés de construction
On distingue les éléments de gros œuvre, de second œuvre et les éléments techniques.
1) Les éléments de gros oeuvre
Ils structurent le bâtiment. Ils incluent :
- les fondations. Elles permettent la répartition des charges dans le sol. Elles comprennent l’ensemble des ouvrages enterrés qui assurent la stabilité de l’édifice ;
- les éléments verticaux. Ce sont les murs (maçonnés ou coulés) qui assurent le rôle de support (pignons, de refend et gouttereaux dans les bâtiments dits traditionnels) et les cloisons qui participent à la distribution intérieure, sans fonction structurelle ;
- les éléments horizontaux. Les planchers supportent les cloisons et constituent les différents niveaux de la construction. On distingue les planchers maçonnés (en pierres, briques ou sous forme de dalles) des planchers à ossature (poutres ou poutrelles et ourdis ou remplissage) ;
- les toitures. Elles protègent les constructions des intempéries et canalisent les eaux de ruissellement. Il existe autant de formes possibles que de types de bâtiment. En général, la toiture est composée d’une structure de support (charpente – en bois, fer, mixte, etc.) et d’un revêtement d’étanchéité (chaume, tuile, ardoise, etc.) ;
- les gaines et conduits. Ces éléments sont liés à l’activité du bâtiment. Une gaine est un volume encloisonné qui peut contenir plusieurs conduits. Chaque conduit est dédié à l’amenée ou à l’évacuation d’un fluide donné (gaz, eau, électricité).
2) Les éléments de second oeuvre
Ils participent essentiellement à l’hygiène et au confort des occupants :
- les menuiseries et huisseries en bois, PVC, produits verriers ou métalliques ferment les baies (portes et fenêtres) ;
- les revêtements intérieurs sont des éléments esthétiques ou d’isolement thermique et phonique.
3) Les éléments techniques
Ils comprennent :
- les installations sanitaires, qui alimentent le bâtiment en eau et assurent l’évacuation des eaux usées ;
- les installations de gaz (gaz de ville ou gaz liquéfié) ;
- les installations électriques (organes généraux d’alimentation, circuits d’éclairage et de distribution et prises de courant) ;
- les appareils de levage (ascenseurs, monte-charges, escaliers mécaniques) ;
- les installations de génie climatique (chauffage, ventilation et aération).
B - Le comportement au feu des matériaux d'aménagement et des éléments de construction
L’impact de l’incendie sur les structures dépend de différents éléments tels que l’in- tensité du sinistre, la durée d’exposition, sa localisation, la nature de la structure.
1) La réaction au feu
C’est la capacité des matériaux à participer au développement du feu. On classe les matériaux d’aménagement selon la directive « Euroclasse » en fonction de leur combustibilité, de leur pouvoir fumigène et de leur tendance à produire des gouttes ou des débris enflammés.
2) La résistance au feu
C’est la capacité d’un élément de construction à résister au feu pendant un temps
donné. Les éléments, soumis à un feu type, sont classés selon :
- leur résistance mécanique (stabilité au feu) ;
- leur étanchéité (critère pare-flamme) ;
- leur isolation thermique (critère coupe-feu).
3) Les risques d'effondrement
La solidité d’une construction dépend de la stabilité de sa partie la plus faible. Dans tous les secteurs et pendant toute l’opération, une attention particulière doit être portée sur l’évolution de la structure.
De façon générale :
- à l’extérieur, on se tient loin des murs ;
- à l’intérieur, on chemine près des murs.
2 - La topographie
Le fait de savoir lire et interpréter une carte est également nécessaire à la rapidité et l’efficacité des secours.
Une carte est une représentation plane d’une partie de la surface terrestre. Elle indique les éléments constituants du terrain (routes, villes, cours d’eau, etc.) et le relief. C’est donc une projection en trois dimensions.
Plus que les systèmes de positionnement par satellite, les cartes sont des outils indispensables aux sapeurs-pompiers par l’aide qu’elles leur fournissent dans l’étude des accès à un sinistre. De plus, elles permettent par exemple d’identifier les zones de poser possibles des moyens aériens, les établissements sensibles, etc.
Savoir lire et interpréter une carte s’acquiert par l’étude attentive et régulière des signes représentés.
A - Les signes conventionnels
On appelle planimétrie la représentation sur une carte de l’ensemble des détails naturels et artificiels de la partie de terrain considérée. Chaque élément est représenté par un signe et une couleur conventionnels. On retrouve dans la légende de la carte le rappel de chaque signe utilisé. Ce cadre est appelé cartouche.
B - Les notions de nivellement
C’est la représentation du relief sur la carte. Le nivellement identifie les altitudes, les pentes et les formes.
Les courbes de niveaux relient les points de même altitude.
Les points cotés indiquent l’altitude de points particuliers ou remarquables.
L’estompage facilite la compréhension du relief par la création d’une ombre plus ou moins sombre en fonction de la pente, en considérant une source de lumière placée au nord-ouest.
Les lignes caractéristiques de changement de pente indiquent la ligne de partage des eaux (ligne de crête ou de faîte, représentée en rouge) ou la ligne de réunion des eaux (ligne de talweg, représentée en bleu).
C - Les échelles
On appelle « échelle d’une carte » le rapport entre les longueurs mesurées sur la carte et les distances correspondantes sur le terrain. On parle d’échelle numérique.
Exemple
L’échelle 1/x indique que 1 cm mesuré sur la carte représente x cm sur le terrain.
Ainsi, 1 cm mesuré sur une carte à l’échelle 1/25 000 représente 250 m sur le terrain (25 000 cm).
Une échelle graphique est un tracé gradué représentant les équivalences longueur de carte/distance sur le terrain. Elle permet d’apprécier la valeur des distances sans faire de calcul et est représentée en général en bas de la carte.
D - Les points cardinaux
Il existe quatre points cardinaux : nord, est, sud et ouest, qui peuvent être complétés de points intermédiaires (nord-est, sud-sud-est, etc.).
Une rose des vents stylisée indique a minima le nord sur chaque carte. Ceci permet de définir la direction à prendre pour se rendre à un point défini.
On distingue :
- le nord géographique, indiqué par l’étoile polaire ;
- le nord magnétique, pointé par l’aiguille aimanté d’une boussole ;
- le nord de la carte, représenté par l’axe des ordonnées du quadrillage de la carte.
On peut donc orienter une carte :
- avec une boussole ;
- à l’aide de l’étoile polaire ;
- à l’aide du soleil (et d’une montre analogique) ;
- à l’aide de points remarquables du terrain.
3 - Les outils de prévision
La prévision est l’ensemble des mesures destinées à limiter le développement et les conséquences d’un sinistre. C’est une démarche anticipative par l’analyse du risque.
A - Les objectifs et l'apport de la prévision
L’étude des risques liés à un lieu ou une activité particulière permet de mettre en place des barrières techniques ou organisationnelles pour limiter leurs effets.
L’exploitant, avant l’arrivée des secours, peut équiper ses locaux de moyens de détection, alarme, alerte et lutte contre le phénomène. Il peut aussi préparer une réponse organisationnelle (plan d’opération interne ou, plus simplement, organisation de l’évacuation). On parle de prévision technique.
Les sapeurs-pompiers doivent préparer leur réponse opérationnelle. Cette phase préalable à l’intervention est appelée prévision tactique et s’appuie notamment sur la bonne connaissance du secteur d’intervention.
La répertorisation des risques repose sur l’étude des enjeux :
- humains (hôpitaux, écoles, établissements recevant du public) ;
- économiques (industries, dépôts pétroliers, gares, aéroports) ;
- patrimoniaux (châteaux, musées), etc.
Ce travail peut entraîner des évolutions des matériels des sapeurs-pompiers, de leur formation, de leurs techniques d’intervention, de leur organisation opérationnelle.
B - Les outils cartographiques
Les cartes topographiques ou routières ne contiennent pas tous les éléments nécessaires à l’intervention efficace des sapeurs-pompiers (emplacement des bâtiments à risques, hydrants, etc.). Il est donc nécessaire de disposer d’outils de représentation graphiques adaptés au risque courant dans un secteur déterminé.
Les services de système d’information géographique (SIG) produisent, à différentes échelles, les documents adaptés aux besoins du terrain. Ces outils se présentent sous différentes formes, souvent appelés « parcellaires ».
C - Le plan d'établissement répertorié
En complément d’une cartographie adaptée, il est parfois nécessaire de préparer l’action du service de secours sur un établissement ou un risque particulier. On doit retrouver sur un plan d’établissement répertorié :
- une page de garde avec les consignes particulières et l’engagement a priori des engins de secours ;
- un plan de situation permettant de visualiser l’environnement et les accès au site ;
- un plan de masse indiquant l’implantation, les hydrants à proximité et les accès au bâtiment ;
- les plans par niveau avec les risques particuliers et les organes de coupure des fluides (énergies et process) ;
- l’emplacement a priori des engins de lutte et de commandement s’ils sont définis.
D - Notion de mise à jour des outils de prévision
L’environnement économique, technologique et institutionnel des SDIS évolue en permanence. Il convient donc de revoir continuellement les éléments qui participent à la préparation opérationnelle. C’est le devoir de chaque sapeur-pompier, qui commence par la vérification de l’emplacement des hydrants à disposition des services de secours.