Les besoins qui doivent être satisfaits prioritairement sont ceux qui répondent à la physiologie. L’énergie des plus petits est pleinement occupée à couvrir ces besoins qui dépendent de l’adulte.
Satisfaire sa soif et sa faim
La soif
Les récepteurs qui signalent la soif sont les papilles gustatives situées sur la langue. Chez l’enfant, elles sont en bon état : quand un enfant demande à boire, il doit satisfaire sa soif. Dans de bonnes conditions, les enfants ont de l’eau à portée de mains et se servent seuls un verre (les adultes respectent le principe d’autonomie) ou l’ATSEM les aide s’ils n’y arrivent pas. Ce n’est pas toujours le cas.Les adultes peuvent contrôler l’accès à l’eau ou refuser de donner à boire à table sous le prétexte que l’enfant ne va plus manger, ou qu’il va faire « pipi au lit » durant la sieste ou déclarer que ce n’est plus le moment de boire parce que c’est l’heure d’une activité. Ce sont des exemples à ne pas suivre.
Important :
La vigilance est fondamentale durant les périodes de forte chaleur pendant lesquelles le besoin d’hydratation est accru : les enfants concentrés sur leurs jeux peuvent oublier de boire. Sauf exception, les enfants savent exprimer leur soif à cet âge.
La faim
Manger à la cantine, pour les plus petits enfants, est compliqué. De nombreuses raisons amènent les enfants à ne pas manger du tout ou très peu : l’apparition d’aliments nouveaux dans leur assiette, l’environnement bruyant du restaurant, la présence de nouvelles personnes, la brusquerie de certains professionnels, le sentiment d’abandon chez les plus petits, la rapidité du service, etc. (voir fiche 18). Certains enfants refusent toute nourriture, y compris un morceau de pain et restent donc à jeun jusqu’au moment où leurs parents viennent les chercher à l’école. Ce besoin n’est donc pas toujours satisfait, tous les jours et pour tous les enfants.
Être propre
C’est un thème récurrent des QCM du concours. Les adultes souhaitent que les enfants soient propres pour entrer à l’école. Ce désir crée des situations inconfortables pour beaucoup d’élèves.
L’âge de la propreté
L’école accepte les enfants dès l’âge de 2 ans et de nombreux élèves font leurs premiers pas à la maternelle à l’âge de 3 ans. Or, la majorité des enfants contrôlent leur envie d’uriner ou de faire des selles pendant la journée vers 3 ans et vers 3 ans et demi pour la propreté nocturne : comment exiger d’eux qu’ils soient propres dès l’âge de 2 ans sans contrarier leur autonomie ?
Certains adultes pensent qu’il suffit de mettre l’enfant sur un pot pour qu’il soit propre. Ils attribuent prématurément à l’enfant une compétence qu’il n’a pas.
Les enfants réunissent plusieurs conditions avant d’être capables d’aller aux toilettes pour uriner ou déféquer et abandonner la couche protectrice.
Les conditions
Les conditions physiologiques : la maturité sphinctérienne
Les êtres humains ne naissent pas avec un système nerveux totalement fini. L’influx nerveux qui passe par une gaine lipidique (appelée myéline) pour commander aux différentes parties du corps s’étend de la tête aux bras, aux jambes, puis au sphincter urinaire et anal de la naissance à 3 ou 4 ans.
L’évolution de la myéline sur les fibres nerveuses annonce les progrès des enfants : tenir sa tête, regarder ses mains, s’asseoir, marcher, puis être propre de jour comme de nuit.
L’enfant ne peut pas être propre sur commande : il l’est dès que sa physiologie le lui permet et qu’il peut contrôler ses sphincters.
Les conditions psychiques : le désir de grandir
Selon le respect du principe d’autonomie applicable à toute l’enfance, il faut que l’enfant « décide » sa propreté. Il a certainement compris depuis longtemps que ses parents seraient ravis s’il ne mettait plus de couches.
Or parents et enfants ont souvent la pression de la direction de l’école pour que la propreté diurne soit au rendez-vous au moment d’entrer en classe, quel que soit l’âge. C’est le plus sûr moyen de créer un problème et de ralentir le désir de grandir.
La pression de l’école
La circulaire n° 91-194 du 6 juin 1991, modifiée par les circulaires n° 92-126 du 20 juillet 1992 et n° 94-190 du 29 juin 1994, précise que « les enfants dont l’état de santé et de maturation physiologique constaté par le médecin de famille est compatible avec la vie collective en milieu scolaire peuvent être admis dans une école maternelle ». C’est le seul texte officiel qui puisse être utilisé par les établissements scolaires pour refuser aux parents l’acceptation de leurs enfants à l’école. Ce n’est qu’une interprétation commode car assimiler propreté diurne et maturité physiologique est exagéré.
Certaines écoles maternelles autorisent le port de la couche-culotte chez les plus petits, ce qui évite du travail pour les ATSEM et des accidents humiliants à l’enfant. Les ATSEM témoignent que les enfants sont propres rapidement au contact des autres enfants plus précoces. Il semble que les conditions de l’entrée à l’école créent un problème qui n’avait pas lieu d’être.
Dans d’autres écoles, l’organisation met les toilettes à disposition des enfants pendant des créneaux horaires précis (récréations, avant le repas...). C’est suggérer aux enfants de se « retenir », ce qui est incompatible avec leurs compétences. L’enfant expérimente ce besoin et n’est pas capable d’aller aux toilettes sur commande, dans les moments qui arrangent l’organisation de l’adulte.
Les enfants sont dans le désir de grandir à condition qu’ils ne vivent pas un « interdit » (inconscient) des parents. Il faut qu’ils n’aient plus envie d’être changés par leurs parents, qu’ils abandonnent ce moment où ils sont l’objet de soins, de jeux, d’attention et de bisous depuis leur naissance.
Les conditions matérielles : se sentir en sécurité
À la maison, les enfants font leurs besoins dans un pot coloré et familier. À l’école, les petites toilettes sont un trou inquiétant pour certains. L’absence d’intimité est mal vécue par beaucoup d’enfants.
La mixité et l’absence de porte aux toilettes ne sont pas souhaitables. L’ATSEM amène certains enfants aux toilettes quand les autres sont revenus en classe.
L’ATSEM est un repère important pour l’enfant dont toute la concentration peut être engloutie dans le problème de la propreté. Il a le rôle essentiel de rassurer, de faciliter ce passage difficile des premiers mois d’école. Il entre dans l’intimité de l’enfant qui doit avoir suffisamment confiance pour vivre avec l’agent ces moments dédiés aux parents ou à l’adulte auquel il s’était habitué.
Important :
Les ATSEM sont souvent inquiets de savoir s’ils peuvent être seuls avec un enfant dans les sanitaires pour l’essuyer, le changer ou le laver. Ils redoutent que leur geste soit interprété par l’enfant comme un attouchement sexuel. Que répondre si le jury vous pose cette question ?
L'éducation à la propreté
L’éducation à la propreté est d’abord une prérogative parentale. L’ATSEM est néanmoins désigné par son statut comme assistant de l’hygiène des enfants.
Aucune réglementation n’interdit à un adulte d’aider un enfant à s’essuyer les fesses ou à se laver si c’est nécessaire. En premier lieu, il faut respecter ce qu’en dit l’enfant : il peut refuser de se faire aider ou au contraire demander à l’ATSEM de l’essuyer. Celui-ci doit toujours essayer de le rendre autonome progressivement et surtout verbaliser tout ce qu’il fait.
L’ATSEM et l’enseignant peuvent aussi rassurer les parents en leur demandant leur avis. Il n’est pas envisageable de laisser un tout petit mouillé dans son urine ou son vomi. L’hygiène fait aussi partie des besoins fondamentaux.
Important
Ne perdez pas de vue que ni l’ATSEM ni l’école ne doivent prendre en charge ce moment éducatif qui dépend de la relation entre les parents et leur enfant. Au mieux, l’institution facilite l’apprentissage de la propreté, l’accompagne, mais ne se substitue pas aux responsabilités des parents.
Dormir : le temps de la sieste
Le besoin de sommeil
Le besoin de sommeil des enfants est estimé à 10 à 12 h par jour jusqu’au cours préparatoire. Un cycle de sommeil alterne une période de sommeil léger ou d’endormissement, une période de sommeil profond et une période de sommeil paradoxal pendant lequel l’individu rêve avant de se réveiller. Le sommeil est important chez l’enfant, car, pendant la période de sommeil profond, son organisme sécrète l’hormone de croissance.
La sieste
L’école maternelle prévoit de faire dormir les enfants jusqu’en petite section. Idéalement, ce temps de sieste dure le temps d’un cycle de sommeil, c’est-à-dire 1 h 30 environ. La sieste peut être proposée à tous les enfants de la maternelle. Les plus grands apprécient un temps calme dans une pièce dédiée au repos.
Les enfants suivent un rythme biologique où se succèdent des phases d’éveil et de sommeil (ou de moindre concentration). Les moments les plus performants pour l’apprentissage sont ceux de la matinée avant le repas.
C’est pour cette raison que l’organisation de l’école a été restructurée en 5 mati- nées offrant aux professeurs plus de moments pendant lesquels les enfants sont performants. Cette organisation ne résout qu’en partie la fatigue observée chez les enfants. Les horaires d’école sont les mêmes pour tous les élèves qu’ils aient 2 ans ou 12 ans. Les journées, pour ceux qui restent de l’accueil du matin et à celui du soir, sont très longues.
Il est essentiel que les enfants alternent à l’école des moments d’activités et de non-activité, de repos ou de détente, car la journée hors du domicile s’étale sur une dizaine d’heures pour certains.
Le rôle de l’ATSEM
Dormir est important pour l’enfant, autant qu’apprendre. Le rôle de l’ATSEM se centre sur l’aide apportée à l’enfant :
créer une atmosphère propice à l’endormissement : pièce calme, tempérée, aérée, lumière tamisée ;
créer et respecter les repères de l’enfant : pour qu’il s’abandonne au sommeil, l’enfant doit se sentir en sécurité. Il est préférable qu’il dorme dans un lit ou un emplacement qu’il garde toute l’année, avec son nom et sa photo par exemple, et qu’il puisse garder son doudou ;
aider au déshabillage et à l’habillage ;
aider à l’endormissement et au réveil, dans le calme, de manière échelonnée.
Le besoin de bouger
Comprendre que, pour l’enfant, sauter, courir, grimper est un besoin, permet à l’adulte de mieux le comprendre, de ne pas exiger de l’enfant qu’il soit « sage ». C’est une donnée fondamentale du métier d’aide aux enfants.
Un besoin physiologique
Le besoin de bouger chez l’enfant correspond à un besoin physiologique : il acquiert de la souplesse et de la force musculaire durant les premières années de sa vie. L’entraînement lui permet de faire des mouvements de plus en plus précis, dirigés en force et ciblant leur objectif.
Exemple :
Boire un simple verre d’eau demande à l’enfant d’apprendre à viser la bouche,
à tenir le verre avec une dose de force précise pour ne pas s’éclabousser le visage, à expérimenter l’angle qui permet au liquide de couler dans la gorge et non à côté.
Vacillant au début, chaque geste acquiert de la puissance, puis de la finesse au fil des années de maternelle. Le cerveau commande les mouvements, il s’enrichit de nouvelles synapses quand les mouvements sont anticipés et se diversifient.
L’enfant qui bouge son corps évacue ses tensions. C’est le corps qui exprime les émotions avant que l’expression corporelle ne soit remplacée par la pensée et la parole. Le mouvement permet à l’enfant d’acquérir de l’autonomie en prenant des risques contrôlés, d’aller vers les autres et de se socialiser.
Il doit aussi développer l’équilibre et la latéralité : son cerveau choisit d’utiliser son côté gauche ou droit. Avant 6 ans, c’est-à-dire en maternelle, les enfants changent souvent de main pour faire du graphisme : c’est normal à cet âge. Parmi les activités importantes faites à l’école, une grande place est laissée aux exercices de motricité.
L’acquisition de la motricité fine
La motricité fine (celle des petits muscles) est une acquisition progressive qui permet à l’enfant de faire des actions de plus en plus ciblées avec les mains et les doigts : pincer avec le pouce et les autres doigts, couper avec un ciseau, coller des gommettes sur un support, lacer son soulier, fermer son vêtement avec des boutons ou une fermeture éclair.
Le schéma corporel
L’enfant apprend à se repérer dans l’espace et intériorise les limites de son corps, ses bras, ses jambes. Il développe une image de son corps, appelée schéma corporel. Ce schéma correspond à l’image que nous avons de nous ou que nous pensons que les autres ont, plus qu’à une réalité.
L’évolution du schéma corporel se voit à travers les dessins d’un enfant. Il représente d’abord une boule avec des bâtons en guise de bras et de jambes, puis, au fur et à mesure de son âge, les personnages qu’il dessine s’enrichissent de détails, les parties du corps, comme le tronc ou le cou, apparaissent. C’est vers l’âge de 6 ans que l’enfant vit avec son corps dans sa globalité. Cette conscience lui permet à la fois de développer son identité et de se différencier des autres.