I. Résumé de l'œuvre
Le Malade imaginaire est une comédie-ballet en trois actes. Elle met en scène Argan, un hypocondriaque marié à Béline, jeune femme intéressée et qui attend la mort de son mari. Elle affecte cependant de s’occuper de lui et l’encourage à prendre des médicaments et à consulter des médecins.
La fille d’Argan, Angélique, est amoureuse de Cléante, mais son père veut qu’elle épouse Thomas Diafoirus, un médecin dont le nom indique le charlatanisme.
Comme souvent chez Molière, c’est une servante, Toinette, qui va manigancer pour dénouer la situation. Elle demande à Argan de faire le mort ; son épouse se réjouit de sa mort alors que sa fille s’en attriste.
La fin est heureuse et Argan accepte que sa fille épouse Cléante, s’il devient médecin.
La dernière scène montre le malade imaginaire devenir médecin lors d’une scène de comédie-ballet particulièrement comique.
II. Présentation de l'auteur
On ne présente plus Jean-Baptiste Poquelin, fils du tapissier du roi, né en 1622 à Paris et mort à l’âge de 51 ans à Paris, presque sur scène, lors de la dernière représentation du Malade imaginaire, le 17 février 1673.
Sa biographie est immense : il en faut donc retenir l’essentiel. Dans la première partie de sa carrière, il fonde l’Illustre théâtre puis parcourt le sud de la France pendant 13 ans. En 1658, de retour à Paris, il devient le dramaturge favori de Louis XIV. Il est à noter que Molière, le plus grand dramaturge comique français, se destinait à la tragédie. Mais il verra très vite que c’est un registre dans lequel il est médiocre.
Les succès et les difficultés s’enchaînent alors : en obtenant le droit d’occuper la salle de théâtre du Petit-Bourbon, Molière observe les comédiens italiens de la commedia dell’arte. Il se révèle un génie de l’improvisation et développe toutes les formes de comique : de gestes, de mots, de situation et de caractère. Mais en affinant son jeu et son écriture, Molière devient plus critique et parfois acerbe.
Les pièces s’enchaînent en même temps que les scandales : en accédant au théâtre du Palais-Royal, Molière crée L’École des maris en 1661, puis les Fâcheux, puis en 1662, l’École des femmes qui déclenche une vive polémique ; il crée alors en 1663 La Critique de l’école des femmes. En 1664, Tartuffe est interdit, Dom Juan en 1665 alors que c’est un succès. Il faudra attendre 150 ans pour que la pièce soit à nouveau jouée en France ! Il faut comprendre de ce catalogue que Molière a très bien compris la phrase du poète Santeul : castigat ridendo mores, il corrige les mœurs par le rire. L’auteur du Malade imaginaire cible les faiblesses de tous et se fait des ennemis : l’Église, une partie de la noblesse et de la bourgeoisie, les médecins…
Pour autant, Molière meurt célèbre et auréolé de gloire. C’est quelques heures après une représentation du Malade imaginaire qu’il fait sa dernière sortie de scène. Il est enterré de nuit, discrètement car il a refusé de signer une renonciation à son métier de comédien. L'Église n'acceptait que les comédiens soient enterrés en terre chrétienne.
III. Présentation du contexte (littéraire, culturel, etc.)
En 1673, Molière est à l’apogée de sa gloire et, même s’il a déclenché des polémiques très vives autour de nombre de ses œuvres, il est le dramaturge comique de son époque. Nous sommes alors sous le règne de Louis XIV et la cour est envahie par les faux-dévots : les nobles les plus vils et tous ceux qui sont là par pur intérêt personnel. Molière n’hésite pas à s’en prendre à toutes ces personnes.
La monarchie absolue de droit divin aura un avantage pour lui : Louis XIV le soutient. C’est ce qui lui donnera un champ relativement libre pour pourfendre toutes ces personnes.
IV. Problématique majeure de l'œuvre
La problématique majeure de l’œuvre est difficile à déterminer. Disons qu’il y en a deux : le mariage forcé et la médecine, dont la critique est parfois cruelle mais plutôt efficace.
Le mariage forcé, thème récurrent chez Molière, nous montre dans cette pièce un père qui finira par se laisser convaincre, incitant le spectateur à se ranger à la raison et du côté de l’amour.
La médecine, thème cher à Molière qui, d'après les on-dit, en souvenir de sa mère très mal soignée par les médecins, aimait à se moquer des médecins et des faux-savants.
V. Passages phares de l'œuvre
- L’introduction de la pièce qui est un ballet. Sans se livrer à une analyse, il est intéressant de s’y arrêter et de repérer les thèmes antiques.
- I, 1 : Argan se présente seul sur scène. Molière tenait le rôle-titre de cette pièce. L’hypocondriaque fait les comptes et décrit sa médecine ; c’est l’occasion pour Molière de commencer à se moquer des médecins.
- II, 5 : monsieur Diafoirus fait étalage de sa bêtise en faisant l’éloge de son fils, qui est un idiot.
- III, 9 : Toinette se fait passer pour un médecin. Molière se moque de la médecine dans une scène particulièrement comique. Ce passage est étonnamment humoristique.