La République entre contestations et enracinement

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Dans un contexte de difficultés économiques et de scandales politiques, la République doit affronter de fortes oppositions et de nombreuses crises. Comment les Républicains parviennent-ils à consolider le régime alors même qu’il est contesté ?

I La République contestée

1 La droite combat la République parlementaire

Repère
Mot clé

L’antiparlementarisme désigne l’opposition au régime parlementaire, considéré comme favorisant la corruption et l’instabilité ministérielle.

Les années 1885-1889 sont marquées par des scandales politiques dans un contexte de crise sociale. Les Républicains sont discrédités, l’antiparlementarisme se développe dans l’opinion.

Le populaire général Boulanger rassemble une coalition de mécontents (bonapartistes, nationalistes et monarchistes). Plusieurs fois élu député, il réclame une révision de la Constitution et l’instauration d’un pouvoir exécutif fort.

Un courant nationaliste s’est développé. L’Action française de Charles Maurras attire de jeunes militants et des intellectuels qui souhaitent un retour à la monarchie.

2 La gauche attaque une République « bourgeoise »

L’antiparlementarisme est relancé avec le scandale de Panama (1892) : des hommes politiques ont été corrompus par la compagnie qui gère le percement de l’isthme entre les océans Pacifique et Atlantique.

Les anarchistes prônent l’action directe : une bombe est jetée à l’Assemblée nationale en 1893 et le président Sadi Carnot est assassiné en 1894. Le gouvernement répond à ces actes par des lois répressives qualifiées de « scélérates » par l’opposition.

II L’affaire Dreyfus, une épreuve pour la République

1 Une affaire d’espionnage, une erreur judiciaire

En 1894, un officier juif alsacien, le capitaine Dreyfus, est accusé d’avoir livré des secrets militaires à l’Allemagne. Il est condamné à la prison à vie et déporté au bagne de Cayenne.

En 1896, l’innocence d’Alfred Dreyfus est prouvée. Cependant, l’armée, au nom de la raison d’État, refuse la révision du procès.

2 Des Français divisés

En 1898, Zola publie l’article « J’accuse » dans L’Aurore. L’opinion publique est divisée.

Les dreyfusards, issus surtout de la gauche, défendent les droits de l’individu. Avocats, médecins, intellectuels se rassemblent dans la Ligue des droits de l’homme.

Face aux antidreyfusards, largement antisémites et nationalistes, un gouvernement de « défense républicaine » dirigé par Waldeck-Rousseau se met en place en 1899. Dreyfus est gracié puis réhabilité en 1906.

III La République enracinée

1 Le Bloc des gauches et la séparation des Églises et l’État

Un Bloc des gauches arrive au pouvoir en 1902. Il regroupe socialistes et ­radicaux. Les radicaux sont attachés à la propriété individuelle, aux intérêts des classes moyennes et se montrent hostiles à l’Église catholique.

La loi du 9 décembre 1905 met fin au Concordat de 1801. La loi garantit la liberté de conscience et de culte. Les biens d’Église doivent être attribués à des associations cultuelles. Leurs inventaires, commencés en 1906, suscitent une flambée de violences.

2 La question sociale

Autour de Jean Jaurès, les socialistes se rassemblent en 1905 dans une force unique, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière). Ils réclament une République sociale. Le syndicat révolutionnaire CGT (Confédération générale du travail) est fondé en 1895 afin de donner le pouvoir au prolétariat.

Face aux revendications ouvrières, Georges Clemenceau, président du Conseil de 1906 à 1909, brise les grèves. Mais des réformes sociales sont aussi votées : repos hebdomadaire, retraite ouvrière, impôt sur le revenu.