« La phrase de forme passive est une phrase dont le verbe principal est employé à la voix passive. Par exemple, la phrase active Bérénice aime Titus peut être présentée sous la forme passive Titus est aimé par (ou de) Bérénice » (Terminologie grammaticale, 2020).
1 - La conjugaison passive
La forme passive du verbe est composée de l’auxiliaire être et du participe passé : Tony était aimé de Maria.
L’auxiliaire être est au temps et au mode qui seraient ceux du verbe actif : Maria aimait Tony. Tony était aimé de Maria. (indicatif imparfait à la forme passive).
Ne pas confondre la forme passive avec un temps composé à la forme active employé avec l’auxiliaire être : Tony était sorti (plus-que-parfait actif).
Quand la phrase est à la forme négative, l’encadrement par ne... pas (plus, jamais...) porte en totalité ou en partie sur l’auxiliaire : Le chat de Cédric n’a pas été retrouvé.
Le participe passé s’accorde toujours avec le sujet puisqu’il est employé avec être : Cette actrice est aimée de tous.
2 - Les caractéristiques de la forme passive
On obtient une phrase passive par la permutation du sujet et de l’objet actifs et l’ajout de l’auxiliaire être suivi du participe passé du verbe. Le passage d’une phrase active à la forme passive n’est possible que si le verbe est transitif direct (= admet un COD) : Un ouragan frappa la Floride. → La Floride fut frappée par un ouragan.
La forme passive répond à trois caractéristiques :
– l’objet de la phrase active (la Floride) correspond au sujet du verbe passif ;
– le sujet de la phrase active correspond au complément d’agent, introduit par la préposition par (fut frappée par un ouragan) ou par la préposition de (Tony était aimé de Maria.) ;
– le verbe de la phrase passive est composé de l’auxiliaire être au temps et au mode du verbe de la phrase active initiale (frappa / aimait), suivi du participe passé.
Un ouragan (sujet) frappa la Floride (COD).
La Floride (sujet) fut frappée par un ouragan (complément d'agent).
On choisira l’une des deux formes selon l’élément que l’on veut mettre en valeur. Des Grieux aimait Manon Lescaut. C’est l’histoire de Des Grieux. Manon Lescaut était aimée de Des Grieux. C’est l’histoire de Manon.
La plupart des phrases passives n’ont pas de complément d’agent. Lorsqu’on met à l’actif une phrase passive sans complément d’agent, on emploie comme sujet actif le pronom on : Le concert a été annulé. → On (= quelqu’un) a annulé le concert.
3 - Les limites du passif
On ne peut pas mettre au passif :
– certains verbes tels qu’avoir, posséder, comporter, sentir : Manon a de beaux yeux. ;
– les expressions lexicalisées et figées à l’actif : boire du petit lait, perdre le nord, etc.
4 - Les variantes du passif
Certaines formes verbales pronominales équivalent à un passif : Paris s’est libérée en 1944. ; Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Le pronominal passif dénote un procès en cours, alors que la forme passive indique une action achevée : Les feuilles sont ramassées.
Se laisser ou se faire + infinitif équivalent à un passif. Leur sujet joue un rôle différent : il est vraiment passif avec se laisser, mais il a une certaine part au procès avec se faire : Il s’est fait soigner (= a été soigné) par un médecin réputé. Le patient a choisi son médecin. Ce coureur s’est laissé distancer (= a été distancé) par le peloton. Il subit cette action.
La forme passive peut se combiner avec la forme impersonnelle : Il a été décidé de mettre en place un bouclier tarifaire sur l’énergie.
Je m'entraine
1. Distinguez les phrases actives et les phrases passives. 2. Analysez les phrases passives (sujet, forme verbale, avec ou sans complément d’agent).a. Elle était arrivée à Montreuil-sur-Mer.b. Ce mot : monsieur le maire, fut prononcé à Montreuil-sur-Mer presque du même accent que ce mot : monseigneur l’évêque, était prononcé à Digne en 1815.c. Javert était évidemment quelque peu déconcerté par le complet naturel et la tranquillité de M. Madeleine.d. Depuis quelques minutes, un homme était entré sans qu’on eût pris garde à lui.e. Dans les auberges l’avoine est plus souvent bue par les garçons d’écurie que mangée par les chevaux.f. Au moment où fut si étrangement articulé ce nom qu’il avait enseveli sous tant d’épaisseurs, il fut saisi de stupeur et comme enivré par la sinistre bizarrerie de sa destinée. (V. Hugo, Les Misérables, extraits)