Légende de la leçon
Vert : définitions
I. L'émergence d'une nation de citoyens égaux en droits
1) Des revendications qui fragilisent la monarchie
En février 1789, les Français sont invités à élire les députés qui les représenteront aux états généraux convoqués par le roi Louis XVI à Versailles début mai 1789. Censée apporter des solutions à la crise financière et économique qui touche le royaume, cette réunion des trois ordres se présente comme l’occasion pour les Français de revendiquer un certain nombre de droits.
Des cahiers de doléances sont donc rédigés par les assemblées chargées d’élire les représentants. Les membres du tiers état réclament la fin de certains privilèges et de l’absolutisme. Cette possibilité de s’exprimer débouche sur un contexte pré-révolutionnaire qui oppose le tiers état à la noblesse et au clergé, attachés à leurs privilèges.
Le cahier des doléances, demandes et représentations de l’ordre du tiers état de l’isle de Corse en mai 1789
Définitions
États généraux. Réunion des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) convoqués par le roi.
Cahiers de doléances. Registres rédigés au printemps 1789 par les Français des trois ordres où figurent leurs revendications (doléances).
2) Vers une souveraineté nationale
Le processus révolutionnaire est enclenché par l’échec des états généraux. Déçus, les députés du tiers état se proclament « Assemblée nationale » le 17 juin 1789. Rejoints par quelques membres de la noblesse et du clergé, ils forment le 9 juillet l’Assemblée nationale constituante. Ils prétendent représenter la souveraineté nationale et veulent instaurer une constitution. Dans la nuit du 4 août 1789, ils abolissent les privilèges et certains droits seigneuriaux. C’est la fin de la société d’ordres, la volonté d’égalité l’emporte.
Le 26 août 1789, l’Assemblée nationale constituante adopte la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cette proclamation de principes universels est inspirée par les philosophes des Lumières et par la Déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776. Elle débute par « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Ce texte égalitariste définit les droits des Français et pose les bases d’une nouvelle société. La Déclaration reconnaît la souveraineté de la nation et proclame la séparation des pouvoirs. Elle consacre la « volonté générale » au détriment de l’arbitraire royal. En quatre mois, les Français passent donc du statut de sujets du roi de France à celui de citoyens disposant de droits et de devoirs. La monarchie absolue de droit divin n’est plus qu’un ancien régime dont les fondements sociaux et politiques ont théoriquement disparu.
#vidéo
Extrait du film officiel du centenaire de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Définitions
Droits seigneuriaux. Ensemble des droits fiscaux, symboliques et judiciaires détenus par un seigneur sur les paysans de sa seigneurie.
Absolutisme. Système politique où le roi détient toute l’autorité politique.
Souveraineté nationale. Principe selon lequel l’autorité politique émane de la nation constituée par l’ensemble des citoyens.
II. La chute de la monarchie et l'expérience d'une République en guerre
1) L’échec d’une monarchie constitutionnelle
La diffusion des idées nouvelles permet d’aboutir à la mise en place d’une monarchie constitutionnelle en 1791. Dans ce système, le roi partage le pouvoir avec l’Assemblée législative, dispose du droit de veto, mais la rupture entre le souverain et le peuple se confirme. Opposé à la restriction de son pouvoir, hostile aux réformes religieuses et administratives de l’Assemblée législative, le roi Louis XVI tente de fuir à l’étranger le 20 juin 1791. Arrêté à Varennes, forcé de revenir à Paris, il perd l’adhésion de l’opinion. Décrédibilisée, la monarchie constitutionnelle s’achemine vers sa fin.
Louis XVI en habit de sacre, peint par Duplessis en 1777
Définitions
Constitution. Loi fondamentale qui organise le fonctionnement d’un État. Elle fixe l’attribution des pouvoirs et définit les droits et les devoirs des citoyens.
Droit de veto. Possibilité pour le roi de suspendre temporairement le vote d’une loi par l’Assemblée législative, de s’opposer à une décision.
La Constitution de 1791
2) La naissance de la République
Louis XVI, qui a convaincu l’Assemblée législative de déclarer la guerre à l’Autriche le 20 avril 1792, sous prétexte d’étendre la Révolution à l’Europe, espère secrètement une défaite de la France, ce qui lui restituerait ses pleins pouvoirs. Rapidement, l’invasion du territoire français par les troupes étrangères engendre une situation d’urgence. Le 10 août 1792, les sans-culottes envahissent le palais des Tuileries, contraignent l’Assemblée à suspendre le roi et à l’emprisonner avec sa famille. Le 20 septembre 1792, l’invasion étrangère est stoppée à Valmy. Une nouvelle assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin. Le 22 septembre 1792, la République est proclamée.
La République naît dans un contexte de guerre, de violences et de divisions entre les députés Girondins et Montagnards. Ces derniers obtiennent l’exécution de Louis XVI guillotiné le 21 janvier 1793. La Convention mobilise 300 000 hommes (levée en masse) pour la guerre contre l’Autriche et doit faire face à la révolte des royalistes en Vendée et en Bretagne. En septembre 1793, la guerre civile débouche sur la Terreur légale du Comité de salut public. Cette forme autoritaire de gouvernement conduite par Robespierre cherche à sauver la Révolution. Elle impose des mesures économiques d’urgence, surveille la population et élimine les opposants ou suspects. La Terreur aboutit à un bain de sang : 130 000 morts et 40 000 exécutions sur le territoire français. Cet épisode prend fin en juillet 1794 avec la chute brutale de Robespierre arrêté puis exécuté le 28 juillet 1794.
Définitions
Sans-culottes. Classes populaires favorables aux idées de la Révolution. Ils tiennent leur nom du fait qu’ils portent des pantalons et non pas des culottes comme les aristocrates.
Girondins. Républicains (souvent originaires du Sud-Ouest) modérés et opposés aux violences des sans-culottes.
Montagnards. Républicains proches des idées populaires défendues par les sans-culottes. Ils siègent en haut des gradins de l’Assemblée (d’où leur nom).
3) En bref
III. La domination napoléonienne
1) L’instauration d’un nouveau régime
Le 9 novembre 1799 (18 brumaire de l’an VIII selon le calendrier républicain), le général Napoléon Bonaparte entreprend un coup d’État et fonde le Consulat. La République demeure le régime officiel mais le pouvoir revient en réalité au Premier consul Bonaparte.
Bonaparte consolide son régime par l’adoption du Code civil qui unifie le droit en France. Il stabilise la nouvelle monnaie, le franc germinal, par la création de la Banque de France. Chaque département est placé sous l’autorité d’un préfet qui rend des comptes au pouvoir central. Le régime signe avec le pape un concordat. Bonaparte censure la presse, limite la liberté d’expression et rétablit par la force l’esclavage aux Antilles. La propagande bonapartiste lui permet de renforcer son pouvoir jusqu’au sacre du 2 décembre 1804 qui lui donne le titre d’empereur des Français. Bonaparte devient Napoléon Ier, une nouvelle dynastie apparaît.
L’empereur prétend mettre fin à la Révolution débutée en 1789 et garantit l’ordre social, politique, économique et religieux en France. Il conserve de la Révolution de 1789 les droits civils attribués aux citoyens. Il confirme la suppression des privilèges et l’égalité devant la loi. Cependant, l’Empire est bien un régime autoritaire qui supprime les libertés et le droit d’expression. Napoléon n’admet aucune opposition et prétend surveiller la population. Le pouvoir napoléonien s’avère donc autoritaire, personnel et héréditaire. La Révolution débouche ainsi sur une sorte de nouvelle monarchie.
Définition
Concordat. Alliance politique et religieuse entre l’État et la papauté (église catholique).
2) La conquête de l’Europe
Des campagnes militaires victorieuses permettent à Napoléon d’agrandir le territoire français composé de 130 départements sur une superficie de 750 000 km2. Lui-même roi d’Italie, il place des membres de sa famille sur les trônes d’Europe. La France impériale atteint son apogée en 1811.
Napoléon profite de ces conquêtes pour moderniser et unifier l’administration des États au moyen de la langue française. Il instaure l’égalité civile, la liberté de culte, l’unité des poids et mesures, supprime la dîme, les droits féodaux et tente d’imposer partout le Code civil (appelé Code Napoléon à partir de 1807). Perçu dans un premier temps comme un libérateur, Napoléon finit par incarner l’oppression. Son régime s’effondre provisoirement en 1814 et définitivement en 1815, victime d’une septième coalition européenne.
IV. Le congrès de Vienne : une restauration de l'ordre monarchique et de la paix en Europe
Du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815 se tient à Vienne un congrès qui réunit les grandes puissances européennes. La carte politique du continent européen est redessinée par les puissances qui ont vaincu Napoléon.
Ce remaniement profite aux plus grandes puissances qui affirment leur conservatisme :
- les frontières de la France sont ramenées à celles de 1791 ;
- la Belgique est annexée par le royaume des Pays-Bas ;
- la Savoie et le comté de Nice reviennent au royaume de Piémont-Sardaigne ;
- les Polonais sont partagés entre la Russie, la Prusse et l’Autriche qui en profitent pour agrandir leur territoire ;
- la Confédération germanique rassemble 38 États allemands sous l’autorité autrichienne.
L’Europe en 1815, après la défaite de Napoléon et le congrès de Vienne
Le Congrès de Vienne marque le triomphe des monarchies autoritaires hostiles aux idées libérales répandues par la Révolution de 1789. Les royautés et les empires s’opposent à l’indépendance des minorités : ils nient le droit des nationalités à obtenir leur pleine souveraineté. Belges, Polonais, Italiens du Nord, Finlandais et Irlandais vivent sous l’autorité d’un autre peuple. La France est désormais entourée de petits États tampons (Pays-Bas, Piémont-Sardaigne, Confédération helvétique) censés protéger les grandes puissances d’une éventuelle invasion française. Dans ce contexte, l’Allemagne et l’Italie ne sont toujours pas unifiées. L’Angleterre maîtrise plus que jamais les espaces maritimes de la mer du Nord, de la Méditerranée et de l’océan Indien.
Le sommet diplomatique de Vienne confirme donc le rôle prédominant des empires et la volonté de neutraliser la France révolutionnaire. Ce nouvel équilibre européen freine les tentations d’indépendance et de liberté des peuples européens mais ambitionne également d’établir une paix durable après vingt années de guerre.
Chronologie politique de la Révolution à la Restauration