Pour réussir l’étude de cas, le candidat doit respecter l’objectif de l’épreuve, c’est-à-dire s’imaginer dans le contexte du métier, en position de technicien territorial à qui l’on présente une problématique à résoudre en répondant aux interrogations de sa hiérarchie ou des élus. Le candidat se projette donc en tant que technicien en passe d’être jugé par d’autres techniciens professionnels de son option.
1 - Lire et analyser
A. Analyser le sujet
Cette première étape est essentielle pour éviter le hors-sujet. Elle consiste à lire attentivement le sujet pour identifier la problématique posée qui doit alors apparaître clairement.
Le candidat doit s’imprégner du sujet par plusieurs lectures jusqu’à lever tous les doutes, comprendre le vocabulaire technique et les tournures de phrases en évitant les contresens. Il doit analyser l’énoncé ainsi que tous les termes du sujet. Tant que l’ensemble des tournures de phrases et des termes ne sont pas complètement appréhendés, la lecture doit être reprise.
Au travers de cette analyse, le candidat doit parvenir à déterminer la façon dont les différents problèmes sont en relation et en interaction les uns avec les autres.
Exemple
L’intitulé d’un sujet débute souvent comme : « Vous êtes technicien principal dans la collectivité de Techniville. À partir des éléments joints et de vos connaissances personnelles, il vous est demandé de... »
B. Analyser les questions
Les questions sont lues et analysées après avoir lu le sujet mais avant de passer à la lecture des documents : les documents ne doivent pas être lus sans avoir pris connaissance de ce qui y est recherché.
Les questions doivent être analysées de la même façon que l’énoncé du sujet, avec pour objectif cette fois de déterminer comment les questions – et sous-questions – sont dépendantes les unes des autres. Le type de question et leur enchaînement peuvent donner des indications sur la manière dont le concepteur du sujet à envisager qu’il soit traité par les candidats.
Les questions peuvent par exemple :
– demander de proposer des solutions techniques à un problème, à l’aide de ses connaissances et/ou des documents du dossier d’appui ;
– nécessiter de trouver puis de structurer certaines informations contenues dans les documents du dossier.
L’ordre d’énumération des questions est important. Le plus souvent la première question invite le candidat à faire le tour des différentes problématiques, dans un cadre théorique général qui dépasse le cas spécifique présenté dans le sujet. Puis, les questions suivantes lui demandent de traiter certains des points singuliers en les détaillant pour en faire une application à l’étude de cas. Ces questions abordent les unes après les autres plusieurs des problématiques essentielles du sujet.
Méthode
Par la simple lecture des questions énumérées à la suite les unes des autres, le candidat peut vérifier qu’il a bien, dans sa réponse à la première question, évoqué les problématiques qui figurent dans les questions suivantes.
En marge des questions figure le nombre de points attribué à chacune d’entre elles (de 2 à 6 points le plus souvent, pour un total de 20). L’analyse de ces quotités indique intrinsèquement:
– les questions à forts enjeux, l’importance que leur accorde le correcteur ;
– l’importance du développement attendu : le nombre de lignes rédigées pour y répondre ;
– leur difficulté relative (une question à 6 points demande en général plus d’effort qu’une question à 2 points) ;
– le temps à consacrer à chacune d’entre elles : plus le barème de la question est élevé, plus la réponse doit être construite et argumentée.
Méthode
Toutes les questions méritent d’être traitées. Plus encore, la conclusion doit être particulièrement soignée car elle est lue juste avant que le correcteur ne décide de la note de la copie.
C. Analyser les documents d'appui
Le candidat dispose pour l’étude de cas de 2 sources d’information :
– les connaissances qu’il a acquises au travers de l’exercice du métier ;
– les informations et exemples fournis dans les documents joints.
En ce qui concerne cette dernière source, le candidat doit :
– réaliser un survol rapide des documents du dossier pour repérer leur nature : informations (techniques, réglementaires ou financières), ou plan, schéma, croquis, etc. La lecture de survol doit avoir pour objectif de repérer le ou les document(s) qui pourrai(en)t rassembler l’essentiel de la problématique ;
– réaliser une lecture complète et attentive des documents du dossier avec l’objectif de mémoriser les informations fournies, les thématiques, les exemples. Il s’agit de rechercher des informations utiles au travers d’une lecture active : il ne faut pas relire pour redécouvrir le texte mais pour trouver ce qui est recherché pour répondre à une question.
Méthode
La technique de lecture rapide de documents correspond à un survol du texte avec les yeux qui imprime l’esprit et permet de mémoriser l’essentiel du texte car notre mental s’en accommode assez pour en comprendre le sens (même si l’effet n’est pas immédiatement perceptible). Cette technique s’acquiert par des exercices répétés pour parvenir à rester concentré tout en se détachant des mots qui sont lus. La « musicalité » de la phase est finalement plus importante que le mot à mot.
D. Trouver la problématique
Une problématique est une « construction conceptuel thématique mettant en relation des problèmes et des questions dépendants les uns des autres ». Il s’agit donc de se poser des questions sur un sujet présenté dans un contexte précis.
Au travers de ses analyses du sujet, des questions et des documents mis à disposition, le candidat doit parvenir à saisir les intentions du concepteur du sujet.
Il peut s’interroger ainsi :
– De quoi parle-t-on ? Quel est le sujet ?
– Quels sont les problèmes ? Combien y en a t-il ? Quels sont les effets et conséquences de chacun d’eux ?
– Quelles sont les thématiques abordées ? Quelles sont les relations entre elles ?
– Y a t-il une pluralité de solutions techniques et combien sont-elles ?
– Quels sont les avantages de chacune de ces solutions ? Les inconvénients ?
– Plusieurs solutions peuvent-elles être mises en œuvre en même temps ?
– La taille de la collectivité a-t-elle une influence sur les solutions à mettre en œuvre ?
Le candidat doit avoir à l’esprit que, même s’il est un spécialiste dans son domaine, il doit être capable selon les correcteurs d’appréhender l’ensemble de l’environnement contextuel d’un problème. Il doit savoir prendre du recul vis-à-vis de ce problème et dépasser le seul domaine purement technique pour mesurer puis maîtriser les impacts des solutions qu’il propose :
– impact financier à court, moyen et long termes ;
– sur la conformité réglementaire et vis-à-vis des normes ;
– sur l’acceptation sociale du projet, sur le comportement des concitoyens ;
– sur la mobilisation des ressources humaines de la collectivité ;
– sur la consommation des ressources naturelles, des énergies et des fluides ;
– en matière d’environnement et de développement durable...
La lecture régulière de l’actualité territoriale lui permet d’élargir ses connaissances et de mieux comprendre les problèmes auxquels sont confrontés ses collègues et ses supérieurs hiérarchiques. Mieux armé, il comprend alors mieux les objectifs fixés par sa hiérarchie.
2 - Rechercher des idées
Arrivé à cette étape, il s’agit de trouver des pistes de réflexion. En se rappelant que l’objectif de l’épreuve est de tester ses connaissances techniques, le candidat doit donc apporter des éléments issus de son expérience professionnelle en plus des idées et informations contenues dans les documents du dossier.
A. Utiliser à la fois les documents et ses acquis professionnels
À la deuxième lecture du dossier, la prise de notes se fait par thématiques. Il s’agit de travailler en parallèle les différentes questions en annotant les documents fournis et en notant au brouillon les informations et les idées qui surgissent.
Les annotations sur les documents doivent aider à repérer les informations à reprendre pour la rédaction des réponses.
Les notes de brouillon sont plus efficaces quand on travaille sur plusieurs pages comportant chacune en en-tête le titre d’une des thématiques (problématique identifiée lors de l’étape précédente).
Méthode
Le candidat doit avoir développé en amont du concours son propre style d’annotation : annoter la marge d’une croix pour indiquer une idée, surligner les mots importants, mettre un trait vertical dans la marge d’un paragraphe important, etc.
B. Connaître les thématiques courantes
Chaque étude de cas est spécifique dans son contexte. Pourtant, certaines thématiques sont pratiquement toujours abordées tant elles paraissent incontournables. Le candidat doit s’informer lors de sa préparation sur les différentes thématiques qu’il doit traiter.
1. Les aspects techniques
Il s’agit essentiellement des techniques relevant de l’option choisie par le candidat.
Ces techniques sont celles mises en pratique dans l’exercice du métier et pour le niveau opérationnel de technicien. Les missions variant d’une collectivité à l’autre et selon leur strate et l’organisation des services, un candidat qui serait très spécialisé ne devrait pas être désarçonné par la nature des questions et les réflexions d’ordre général qui sont demandées.
Le candidat doit donc relire le programme du concours relatif à sa spécialité pour en mesurer toute l’étendue et ne pas être surpris par des questions qui déborderaient sa pratique quotidienne.
2. Les aspects réglementaires
Il s’agit des règlements et normes applicables à la spécialité, que le technicien doit respecter et faire respecter. Ces règlements sont la traduction des textes de lois supérieurs pour s’appliquer dans l’exercice des fonctions. Par exemple, un règlement de sécurité, un règlement d’inspection de réseaux d’assainissement ou de cours d’eau, des règles d’emploi des produits phytosanitaires, un règlement d’hygiène alimentaire, etc.
Les normes sont celles en usage dans la profession, qui doivent être respectées pour une production conforme et atteindre le niveau de qualité requis.
Le technicien doit notamment connaître l’usage du règlement de sécurité dans les établissements recevant du public, les principes généraux de la prévention, les règles d’hygiène et de protection de la sécurité et de la santé des travailleurs, la sécurité des chantiers en sites occupés comme en chantier clos de génie civil.
3. Les aspects juridiques
S’il n’est pas requis de connaissances approfondies en la matière, le candidat doit connaître a minima les conséquences de ses actions ou inactions :
– les responsabilités, pénales et civiles qu’il encoure et celles encourues par les décideurs et les intervenants ;
– le rôle et les responsabilités du maître d’ouvrage, du maître d’œuvre, du coordonnateur sécurité-protection de la santé des travailleurs, du coordonnateur SSI, du contrôleur technique, etc. ;
– les devoirs, droits et obligations des fonctionnaires, pour lui-même comme en position d’encadrant.
4. Les aspects administratifs
Il s’agit des règles administratives et de services permettant d’obtenir les diverses autorisations, permissions et dérogations nécessaires à la mise en œuvre des procédures pilotées par le technicien.
5. Les aspects financiers
Il s’agit des différents coûts que le technicien doit identifier et quantifier pour compléter les solutions proposées. Le candidat doit connaître les échelles de coûts et leurs modes d’estimation :
– coûts des études, de l’assistance à maîtrise d’ouvrage, du contrôle technique, etc. ;
– coût des travaux ;
– provisions pour imprévus et aléas ;
– coût des assurances ;
– coûts de fonctionnement (exploitation-maintenance) ;
– divers frais, taxes et impôts.
Il doit connaître par exemple les ratios de prix en usages dans la profession (coût des études calculé sur la base du montant des travaux, exemple 10 %), le coût moyen horaire d’ouvrier d’équipe de son service, le principe de calcul en coût global (coût d’investissement et coût de fonctionnement induit).
Le candidat doit savoir que ces coûts doivent être anticipés et inscrits au budget de la collectivité pour être présentés en débat d’orientation budgétaire (DOB) et votés par le conseil de la collectivité. Le budget est voté pour un exercice, avant le 31 mars de l’année. Le montage d’une opération nécessite également la recherche de financements, dotations et subventions publiques (État, région, département, syndicat, fonds européens, Ademe, etc.). Les partenaires financiers doivent être associés très en amont du projet.
En marge des aspects financiers, les procédures d’achats organisées par le code de la commande publique (procédures formalisées) et le règlement interne des collectivités (procédures adaptées) doivent être maîtrisées au moins en ce qui concerne les procédures de consultation, la composition des dossiers de consultation des entrepreneurs, les seuils, l’analyse des offres.
6. Les aspects opérationnels
Il s’agit des processus et méthodologies de conduite de projet : de programmation, pilotage et planification :
– l’assistance à maîtrise d’ouvrage, l’ordonnancement, le pilotage et la coordination ;
– le travail en silo lors des études de maîtrise d’œuvre : diagnostic et programme, avant-projet sommaire, avant-projet définitif, projet, etc. (tels que figurant dans l’ancienne loi MOP transposée dans le code de la commande publique) ;
– le mode de travail en groupe projet ;
– les méthodes « agiles » ;
– la programmation et la planification des opérations pour la maîtrise des délais ;
– la maîtrise de la qualité (triangle qualité + coûts + délais), processus PCDA, plan d’assurance de la qualité ;
– la gestion des risques liés à l’opération (exemple : matrice RACI, procédure AMDEC, etc.) ;
– les outils de concertation et de communication de projet.
3 - Organiser les réponses aux questions
Après avoir trouvé des pistes de réflexion, il convient de les organiser. En effet, on attend du candidat qu’il soit capable d’organiser sa pensée et de structurer ses idées et son développement dans une logique de démonstration. À une question d’ordre général et théorique (souvent la première question) qui fait abstraction du cas d’étude, le candidat doit répondre en élaborant au préalable un plan.
A. L'intérêt du plan
Le plan est essentiel pour démontrer les qualités d’organisation de la pensée du candidat. Il doit permettre aux correcteurs de comprendre le raisonnement du candidat, d’en apprécier toute la finesse et la pertinence et d’être convaincu par la logique de développement de l’argumentation.
Le plan, véritable squelette de la proposition, est révélateur d’un esprit réfléchi et d’une pensée bien organisée.
L’énumération de solutions parfaitement argumentées mais qui ne seraient pas structurées dans un plan n’aurait aucune valeur du point de vue des correcteurs. Une telle réponse ne serait pas en mesure de convaincre quelqu’un qui ne serait pas professionnel du domaine, un élu par exemple.
Un plan s’organise avec :
– une introduction ;
– un développement, décomposé en partie et sous-parties ;
– une conclusion.
Le plan doit apparaître clairement et les parties doivent être coordonnées entre elles pour assurer des transitions logiques et rendre la lecture fluide. Il doit montrer une articulation logique entre les différentes pistes de réflexion et les éléments de réponse.
B. Un plan en 2 ou en 3 parties
On distingue les plans en 2 parties et les plans en 3 parties. Le plan binaire est composé de 2 parties composées chacune de 2 sous-parties. Il est recommandé car facile à organiser.
Le plan tertiaire en 3 parties, avec 2 ou 3 sous-parties (de 10 à 15 lignes de texte), est plus difficile à équilibrer, plus gourmand en temps de rédaction et plus difficile à la lecture à cause du découpage du développement. Dans le cas présent, il est à éviter.
C. Structurer et équilibrer le plan
Pour obtenir un plan cohérent, il faut regrouper les idées et pistes de réflexion selon des thématiques proches et les aborder dans une même sous-partie.
Après un regroupement successif des différentes idées par thématiques, la réponse peut se construire et se structurer avec une progression logique dans la présentation et le développement des idées.
Dans un plan équilibré, les parties et sous-parties comportent la même quantité d’information, à l’ébauche du plan comme lors de la rédaction finale.
Le plan général doit suivre la logique d’énumération des questions. Régulièrement, il est demandé :
– l’élaboration d’un état des lieux ou d’un diagnostic de situation ;
– l’examen des objectifs et des enjeux ;
– la proposition de solutions techniques dûment argumentées.
4 - Rédiger les réponses
A. Rédiger l'introduction
L’introduction rédigée en une dizaine de lignes reformule le sujet et annonce le plan. Il convient d’y faire particulièrement attention puisque c’est le premier contact avec le correcteur.
La reformulation du sujet reprend l’énoncé du sujet, explicite le contexte, cite les acteurs, annonce les objectifs, les enjeux et la problématique. Elle peut aussi préciser en quoi le sujet concerne le technicien territorial.
L’annonce du plan est succincte : on annonce les parties, non les sous-parties. On montre juste qu’il existe une logique d’argumentation.
Conseil
Il est inutile de modifier les titres entre l’annonce du plan et le plan lui-même. Il n’est pas ici question de redites.
B. Rédiger la conclusion
La conclusion commence par s’annoncer elle-même. Elle résume en 5 à 10 lignes maximum l’essentiel des réflexions élaborées dans le développement. C’est un bilan des propositions du candidat.
Exemple
« Pour conclure... », « Finalement... »
La conclusion doit être particulièrement soignée puisque c’est la dernière impression laissée au correcteur avant qu’il n’envisage de noter la copie.
Il est donc impératif qu’elle soit achevée entièrement, bien rédigée, relue attentivement et corrigée encore si nécessaire.
C. Rédiger le développement
1. Le fond
La rédaction s’effectue directement à partir du plan détaillé qui comporte les titres et sous-titres préalablement travaillés. Cela évite une rédaction préalable au brouillon qui ne laisserait pas assez de temps pour rédiger au propre (les feuilles de brouillon qui sont remises avec une copie inachevée ne sont pas prises en compte par le correcteur).
La rédaction directe sur la base d’un plan très abouti a pour avantage de faire apparaître l’organisation et la rigueur dont a su faire preuve le candidat. Un plan suffisamment détaillé permet que les idées s’y déversent naturellement.
Une telle rédaction, synonyme de clarté et de structuration des idées, indique aussi aux correcteurs que le candidat a su maîtriser le temps durant l’épreuve.
Le style rédactionnel doit être sobre et précis, sans emphase, les idées sont exprimées directement et clairement.
2. La forme
L’ensemble comprend 4 à 5 pages (non comprise la première page normalisée des copies de concours qui réserve une large place pour l’administration : nom du candidat, épreuve, etc.). Une rédaction plus courte pourrait paraître n’avoir abordé que superficiellement les idées sans les avoir argumentées suffisamment. Une rédaction plus longue indiquerait un manque d’esprit de synthèse et une mauvaise compréhension de l’épreuve.
Le développement de chacune des sous-parties est structuré en paragraphes courts et espacés pour demeurer très lisible. Chaque paragraphe fait de 10 à 15 lignes.
Les paragraphes sont connectés par des mots de liaison : ainsi, aussi, en effet, de même, d’autre part, etc. Attention à l’emploi de « donc » qui peut n’être parfois qu’une liaison artificielle, sans véritable lien de causalité.
À chaque changement d’idée correspond un changement de ligne. Mais il n’est pas nécessaire d’aller à la ligne à la fin de chaque phrase.
D. Se relire
Il faut toujours prévoir un temps de relecture complète de la copie : introduction, développement et conclusion. À cette occasion, il est nécessaire de vérifier l’orthographe, la ponctuation, la grammaire, de souligner les titres pour faire apparaître le plan plus clairement.