L’acquisition de l’agilité

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Situer les acquisitions par rapport à l’âge ne donne qu’un ordre d’idée. Les enfants se développent à leur rythme en privilégiant certains domaines d’acquisition plutôt que d’autres. Les professionnels sont vigilants quand les écarts sont importants.

L’enfant naît avec une histoire

Dès sa naissance, l’enfant utilise tous ses sens pour comprendre le monde qui l’entoure et s’y insérer. La première année de vie est marquée par le fait que l’enfant ne se perçoit pas totalement comme un être distinct de sa mère. La séparation d’avec la mère, physiquement et psychiquement, est le grand défi du bébé. Il se construit étapes après étapes avec pour objectif de devenir autonome au quotidien.

Cette autonomie s’acquiert par l’expérience répétée de gestes, de situations, puis de mots, grâce au soutien d’adultes aimants et aidants. L’acquisition de la marche permet à l’enfant de découvrir le monde sans le contrôle permanent des adultes.

Chaque professionnel de l’enfance doit garder à l’esprit que l’enfant vit avec son histoire, celle de ses parents, de ses grands-parents et de tous ses ascendants. Il compose avec les souvenirs familiaux, les secrets, les exigences et les rêves que ses parents mettent en lui. Il devient un être unique : il sera « lui » et vivra sa propre vie. À ce sujet, l’ATSEM doit s’interdire de comparer les comportements, se méfier des jugements hâtifs et des « étiquettes » qui sont facilement attribuées aux enfants.

Il est utile de disposer de quelques repères simples pour situer les aptitudes et habiletés en fonction des âges.

Affiner ses gestes et ses mouvements 

Le rôle de la tension musculaire

L’âge de la maternelle est une période de grand développement du point de vue corporel.

Les muscles se détendent petit à petit, se coordonnent indépendamment les uns des autres pour développer la motricité fine. Ce point est important à comprendre, car il explique la difficulté des enfants à être précis dans les tâches qu’ils réalisent (découper avec des ciseaux par exemple) : la tension musculaire rend le geste fébrile et brusque.

Le mouvement devient de plus en plus rapide et dosé en force.

Les émotions, les relations affectives influencent ces acquisitions en donnant (ou non) de l’assurance à l’enfant. Chaque être humain doit vivre toute une enfance pour acquérir autant de précision qu’un adulte.

L’importance de la latérisation

Vers 3, 4 ans, la latéralisation commence à se mettre en place, c’est-à-dire que l’enfant devient progressivement plus ou moins droitier ou gaucher. L’enfant doit acquérir des repères dans l’espace, puis dans le temps pour être capable d’apprendre à lire et à écrire (haut/bas, gauche/droite, avant/après, passé/présent).

La maternelle est parfois révélatrice de troubles en relation avec l’installation de la latéralisation (troubles du langage, apprentissage de la lecture).

On comprend mieux l’importance des activités de gymnastique et des jeux corporels en maternelle : activité motrice et développement du langage et de l’écriture sont liés.

Vers 3 ans : les difficultés à être propre 

Les causes physiologiques

Un enfant est capable d’être propre entre 2 et 3 ans.

Les sphincters doivent avoir atteint leur maturité nerveuse. Lorsque la myéline (enveloppe grasse recouvrant progressivement les nerfs, de la naissance à 3 ans environ) atteint les sphincters urinaire ou anal, l’enfant peut alors véritablement leur commander de retenir ou lâcher les urines ou les selles. Auparavant, la commande est incontrôlable pour lui.

Les causes affectives

Pour devenir propre, l’enfant doit avoir envie de grandir et de ne plus être changé. Il doit renoncer au moment privilégié partagé avec la personne qui s’occupe de lui dans ces moments intimes. Il perd une place privilégiée, celle du bébé, il fait le deuil de tout un rituel. Les adultes doivent l’encourager à acquérir la propreté pour le seul plaisir de commander son corps et de grandir. C’est une étape importante de la relation enfant/parents. „Entre 2 et 4 ans, la libido de l’enfant est axée sur le plaisir que lui procure la rétention ou le relâchement des selles dans la zone érogène du sphincter anal. On parle du stade anal (selon Freud qui s’est attaché à décortiquer l’évolution de la sexualité chez l’humain). Cette période fait suite à la période où le plaisir est procuré par la bouche (stade oral).

Cette période vient influencer l’attitude de l’enfant dans sa découverte de la propreté. Il prend plaisir à retenir ou lâcher ses selles. Contrarier cette tendance n’est pas favorable à l’enfant.

L’implication de l’école

L’entrée à l’école est conditionnée par l’acquisition de la propreté. Les parents sont souvent inquiets que leur enfant ne soit pas propre et soit refusé. La pression remplace alors les encouragements.

La période d’acquisition de la propreté est un moment difficile, qui peut être bouleversé par l’entrée précoce à l’école. À l’âge où il commence juste à décider d’aller au pot, l’enfant est censé utiliser des toilettes communes, souvent à la vue de tous, dans des espaces encore non familiers et parfois à des heures où il n’a pas envie d’éliminer.

Est-ce qu’un adulte peut s’imaginer dans cette même situation ? L’intimité d’un enfant doit être respectée, dès sa naissance et quel que soit son âge. Les enfants ressentent très tôt le regard des adultes.

Le rôle de l’ATSEM

L’ATSEM doit encourager l’enfant à grandir et préserver son intimité. Elle ne doit pas faire de remarques désagréables sur « l’accident » qui arrive à l’enfant. Elle se montrerait très incompétente si elle pensait un seul instant que l’enfant le fait exprès.

Les troubles de la propreté

La propreté de jour, acquise vers 2-3 ans, s’appelle la propreté diurne. 

La propreté de nuit (nocturne) se met en place vers 3 ans ou plus tard. 

Après 4 ans, certains enfants ont véritablement des difficultés à être propres. On parle d’énurésie lorsque les enfants font souvent pipi sur eux de manière involontaire. L’encoprésie est le fait de déféquer dans ses vêtements de façon répétée.

La circulaire n° 91-194 du 6 juin 1991 est le seul texte sur lequel l’école peut s’appuyer pour n’accepter que les enfants ayant acquis la propreté :
« [...] Les enfants dont l’état de santé et de maturation physiologique constaté par le médecin de famille est compatible avec la vie collective en milieu scolaire, peuvent être admis dans une école maternelle [...]. »