La cohabitation intergénérationnelle solidaire : trouver un logement étudiant et se rendre utile
Quand on est étudiant, trouver un logement peut parfois s’avérer très difficile. Non seulement cela représente un budget conséquent, mais c’est aussi une grande source d’angoisse quand il s’agit de guetter les annonces et de trouver un logement ! Cependant, il existe des alternatives au studio individuel ou à la coloc étudiantes, comme la cohabitation intergénérationnelle solidaire.
La cohabitation est différente de la colocation, même si elle s’en rapproche par bien des aspects. La loi précise en effet que « le contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire est un contrat par lequel une personne de soixante ans et plus, propriétaire ou locataire, s’engage à louer ou sous-louer une partie de son logement à une personne de moins de trente ans moyennant une contrepartie financière modeste ».
La cohabitation intergénérationnelle, un bon plan logement et une façon de créer du lien
Le principe de la cohabitation intergénérationnelle est de bénéficier d’un logement à « tarif solidaire » (à 40 % environ en dessus du prix moyen du marché) en échange d’une présence bienveillante auprès d’une personne âgée, et éventuellement de quelques menus services au senior chez qui tu es hébergé. Légalement, elle concerne les jeunes de moins de trente ans et les personnes âgées de plus de soixante ans.
La cohabitation intergénérationnelle présente de multiples avantages qui répondent à la fois aux besoins des étudiants et à ceux des seniors, en rassurant en plus leurs familles respectives.
Du côté des étudiants, l’urgence est de trouver à se loger : accéder à des logements disponibles peut être compliqué, et encore plus quand on dispose de petits budgets. Par ailleurs, la durée des séjours de plus en plus courts (alternance, stages, échanges Erasmus à l’étranger) contribue à morceler les parcours académiques. Ce qui rend l’accès au logement encore plus difficile et génère un sentiment de solitude chez beaucoup d’étudiants.
Concernant les seniors, ils occupent pour la plupart des logements devenus « trop grands » avec le départ de leurs enfants. Ils peuvent souffrir d’un sentiment de solitude et d’un processus d’isolement progressif, qui contribuent peu à peu à une perte d’autonomie. De plus, la pandémie du COVID 19 a accru ce processus d’isolement. La cohabitation intergénérationnelle solidaire est un moyen sûr, encadré par des associations, permettant de rendre service à un jeune en l’hébergeant avec bienveillance (accès à la cuisine, électroménager…). Les participations demandées par les hébergeurs varient en fonction du quartier, de la qualité du logement proposé et des attentes de l’hébergeur en termes de temps de présence. Par exemple, à Lyon, les tarifs pratiqués vont de 40 à 350 euros maximum par mois.
C’est donc une solution idéale pour ton budget, mais aussi un bon moyen de te sentir utile auprès de la personne âgée avec qui tu vis. C’est aussi une bonne action pour l’environnement. En effet, au lieu de chauffer un appartement pour une seule personne, le senior le fait pour deux ! Tu l’auras compris, entrer en cohabitation intergénérationnelle, c’est aussi entrer dans une logique de développement durable.
Comment se passe une cohabitation intergénérationnelle ?
« Nous partons du constat que certains seniors vivent dans des habitations devenues trop grandes : certains ont besoin d’une présence soutenue. D’autres sont encore très autonomes et veulent juste aider un jeune qui n’a pas le budget pour se payer un logement », explique Soline de Villard, qui dirige l’association Tim&Colette, à Lyon. À l’origine, les associations de cohabitation intergénérationnelle créées au début des années 2000 cherchaient surtout à aider les seniors à lutter contre la solitude. « Aujourd’hui, certains de nos adhérents seniors n’ont pas besoin d’aide, ajoute la directrice. Ce sont surtout les jeunes qui viennent nous voir, parfois désespérés. Malgré des budgets quelquefois élevés, ils sont confrontés à une pénurie de logement inédite et ont besoin d’être aidés ! »
En fonction de ce que les étudiants et les seniors recherchent, la contribution financière du jeune peut varier. Ainsi, si ce dernier s’engage à être présent au domicile tous les soirs et deux week-end par mois, la contribution mensuelle attendue par le senior varie de 40 euros à 120 euros par mois. Si les attentes du senior en termes de présence sont peu contraignantes et que le jeune dispose de plus de liberté horaire, la participation peut s’élever jusqu’à 300-350 euros, charges comprises. « Dans tous les cas, la cohabitation intergénérationnelle est juridiquement encadrée. Elle fait l’objet d’un contrat qui définit les droits et les devoirs du jeune, et le montant qu’il devra payer à son hébergeur en début de chaque mois », précise Soline de Villard.
Et la demande pour ce type de cohabitation est en forte hausse, du côté des jeunes comme de celui des seniors. En cause : le processus inéluctable de vieillissement des populations, et le souhait de plus en plus exprimés par les seniors de rester chez eux à domicile, pour des raisons économiques et humaines.
« En 2021, sur 800 demandes de jeunes, nous avons trouvé 80 hébergements chez nos aînés », confie la directrice de Tim&Colette. Des chiffres que l’association s’efforce de booster par de multiples actions au sein de la communauté des seniors, peu réceptifs aux campagnes faites sur les réseaux sociaux.
Faut-il avoir un profil d’étudiant particulier pour demander ce type de logement ?
Non : tous les profils d’étudiants peuvent solliciter une cohabitation intergénérationnelle. Que tu sois en formation initiale, en alternance ou en stage, tu peux donc déposer un dossier.
L’association Tim&Colette constate d’ailleurs que l’année se découpe en plusieurs vagues de candidatures de jeunes pour ce type de logement.
Les jeunes étudiants, arrivant en cursus sur Lyon via la sélection de Parcoursup. « Ce sont des jeunes de 18 à 20 ans, souvent très suivis et accompagnés par leurs parents inquiets pour leurs enfants qui quittent la maison. » Mais Soline de Villard insiste : « Il faut que la décision viennent des étudiants eux-mêmes, et qu’elle ne soit pas générée uniquement par des parents que cette solution rassure. Cohabiter avec un senior nécessite une réelle adhésion au projet, une certaine maturité, c’est pour cela qu’on fait passer un entretien. Ce type d’hébergement ne convient pas à tout le monde. »
Ensuite, vers octobre, vient la vague d’étudiants en Master. « La cohabitation intergénérationnelle se déroule de façon plus intuitive avec ces jeunes, qui choisissent vraiment par eux-mêmes ce type d’hébergement. Pour beaucoup, ils ont déjà vécu dans des colocations étudiantes et sont à la recherche d’autre chose, sans les fêtes du soir, le bruit… » En outre, plusieurs doctorants sollicitent également une cohabitation intergénérationnelle, afin de pouvoir se concentrer sur leur thèse. « Nous avons par exemple eu une jeune doctorante qui a fait une cohabitation intergénérationnelle avec une vieille dame qui devenait aveugle, et elles ont créé une intimité extraordinaire », se souvient la directrice de Tim&Colette.
Enfin, tout au long de l’année, des jeunes généralement âgés de 25 à 30 ans (étudiants en stage, en CDD, ou en période d’essai…) postulent pour des séjour de courtes durées ou alternées.
La cohabitation intergénérationnelle fait-elle l’objet d’un contrat particulier ?
Oui : il s’agit du contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire (CIS), qui permet à une personne de 60 ans ou plus de mettre à disposition une partie de son logement à un jeune de moins de 30 ans. Il sera établi entre les deux personnes qui cohabitent (donc toi et le senior) par l’association qui vous met en relation, engageant ainsi les trois parties prenantes. L’association se charge en effet de tous les aspects administratifs, et assure un suivi tout au long de la cohabitation. Enfin, il faut savoir que si ta participation à l’hébergement est élevée (autour de 300 euros), tu peux toujours bénéficier d’aides comme les APL si tu signes ce type de contrat.
Il existe des plateformes de plus en plus nombreuses pour proposer des cohabitations intergénérationnelles, mais aussi des associations. À ce jour, la cohabitation intergénérationnelle est proposée par de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) :
- les associations du réseau national Cohabilis : réparties sur tout le territoire, elles peuvent te permettre de trouver une cohabitation intergénérationnelle dans de nombreuses villes de France
- le réseau ensemble2générations
- les start-up de l’ESS (telles que COLIBREE, Xenia, Colette Club…) qui reposent essentiellement sur des offres déposées sur des plateformes en ligne.
Mais quelle que soit la structure que tu utilises, la cohabitation intergénérationnelle reste un processus encadré par la loi. Si tu es intéressé, n’hésite pas à te renseigner auprès du réseau national Cohabilis, qui rassemble plus d’une quarantaine d’associations dispersées en France.