Combien coûte une école d’ingénieurs quand on est étudiant ?
Article initialement publié le 03/12/19.
Quelles sont les différences entre les écoles d’ingénieurs privées et publiques, notamment en termes de frais d’inscription ?
« Il n’existe pas de différence en matière de qualité des formations dispensées entre les écoles selon leur typologie. En effet, la Commission des titres d’ingénieur (CTI) effectue un contrôle qualité des formations de manière périodique. Les étudiants qui veulent obtenir un titre d’ingénieur diplômé doivent regarder si la formation a été accréditée par la CTI. Il existe bien sûr d’autres formations supérieures en ingénierie, mais le titre d’ingénieur diplômé n’est accordé qu’aux diplômés des écoles d’ingénieurs. L’accréditation par la CTI est un véritable label qualité reconnu par le monde professionnel, assurant une insertion professionnelle très rapide à des postes bien rémunérés, correspondant aux connaissances et compétences des diplômés.
En matière de droits d’inscription, les modèles économiques des établissements privés et publiques sont naturellement différents. Les droits d’inscription des écoles publiques d’ingénieurs vont de 601 € à 2 500 € pour les écoles du ministère de l’Enseignement supérieur. Les écoles publiques qui relèvent de ministères dits techniques, c’est-à-dire sous tutelle de ministères autres que celui de l’Enseignement supérieur, ont des droits d’inscription un peu plus élevés, qui peuvent aller jusqu’à 3 500 €. Dans les écoles privées, les droits d’inscription pour les étudiants sont en moyenne de 6 500 €. »
Combien coûte en moyenne une année ou un cursus d’études d’ingénieurs pour un étudiant ?
« Le prix des études pour un étudiant se mesure à la durée de ses études. Il existe des écoles d’ingénieurs qui recrutent directement après l’obtention du baccalauréat, d’autres recrutent à bac+2. Le cycle ingénieur dure trois ans. Il correspond aux années 3, 4 et 5 des études supérieures.
Pour une école d’ingénieurs, former un étudiant représente un coût annuel d’environ 12 000 €. En France, il y a donc une nette différence entre le coût de formation d’un étudiant et les droits d’inscription versés par un étudiant. Dans un certain nombre de pays anglo-saxons, les étudiants paient leurs droits d’inscription au prix réel de ce que leur formation coûte à l’école. Nombreux sont les étudiants qui empruntent ainsi des sommes très importantes afin de financer leurs études. Les écoles d’ingénieurs françaises ne souhaitent pas aller vers un modèle similaire. »
Les écoles d’ingénieurs accueillent-elles des étudiants boursiers ? Et si oui, dans quelles proportions ?
« Il n’y a pas de quotas en matière d’accueil de boursiers. Les écoles recrutent leurs étudiants sur la base des prérequis, et non sur la base de leur revenu fiscal. Évidemment, les écoles d’ingénieurs publiques et privées accueillent des étudiants boursiers. Il y a ainsi 34 % d’étudiants boursiers en écoles d’ingénieurs. Parmi eux, 29 % sont des boursiers du CROUS. Les 5 % restants sont des étudiants dans des écoles n’ont pas accès aux bourses du CROUS, mais qui bénéficient de systèmes de financements autres via leurs écoles. »
Peut-on craindre une hausse du coût des études d’ingénieurs pour les étudiants suite au projet de loi sur le financement des écoles, et donc par ricochet le coût de scolarité ?
« C’est en effet un projet de loi décevant. Les écoles d’ingénieurs publiques manquent de financements : l’État peut choisir de les accompagner ou pas. Chaque année, le nombre d’inscrits dans les écoles d’ingénieurs augmente. C’est bien sûr un phénomène très positif. Néanmoins, la dotation publique par étudiant a tendance à diminuer. Comment former plus de jeunes avec des financements qui ne progressent pas dans le même sens ? Les écoles d’ingénieurs ne peuvent plus réduire leurs coûts de formation sans affecter la qualité des formations dispensées.
Il y a donc deux solutions : la nation fait un effort en accordant un financement public plus conséquent aux établissements, ou les écoles d’ingénieurs devront trouver d’autres ressources. Les droits d’inscription sont une des possibilités en matière de ressources propres. Nous ne souhaitons alourdir le coût des études pour les étudiants, mais ce projet de loi est une impasse. Certaines écoles sous tutelle de ministères techniques ont pu augmenter leurs frais d’inscriptions, mais ont parfois vu vu leur dotation diminuer. Les autres écoles d’ingénieurs seront-elles aidées par l’État ou non ? La question se pose. »
Quelles sont les alternatives étudiantes pour financer des études d’ingénieur ?
« Il y a plusieurs alternatives :
• les bourses
• certaines écoles proposent du travail aux étudiants. On parle alors « d’emplois étudiants » : dans les bibliothèques, le tutorat… mais les étudiants qui les exercent restent minoritaires. Il n’est pas toujours facile de concilier études et activités salariées.
• les stages rémunérés, qui sont des sources de revenus pour les étudiants
• les études par la voie de l’apprentissage : les apprentis sont des salariés, n’ont pas de droits d’inscription à verser, reçoivent le même diplôme dont la qualité est identique. Par ailleurs, ils ont l’occasion de gagner une expérience professionnelle. C’est une très bonne solution pour financer des études d’ingénieurs. La situation financière de l’étudiant est stable. »