Les écoles d’ingénieurs du Concours Advance en première ligne pour plus de diversité
Face à l’omniprésence de la tech dans notre quotidien et aux nombreux défis auquel notre monde se retrouve confronté, l’ingénierie est plus que jamais en première ligne. Reste que pour être sûre de remporter ses futures batailles, elle va aussi devoir vaincre un adversaire coriace : son manque de parité. Essentiel pour les entreprises comme la société, ce combat pour une plus grande présence de femmes dans les sciences est justement mené dans les écoles d’ingénieurs du Concours Advance.
Article rédigé en partenariat avec le Concours Advance.
« La parité, on pourrait croire que c’est uniquement pour se donner une belle image à moindre frais, mais c’est faux : c’est un enjeu majeur, avec de réelles conséquences derrière ». Véronique Bonnet maîtrise son sujet. Ingénieure de formation, la directrice générale de l’ESME agit depuis plusieurs années sur le taux de féminisation de ses effectifs. À la rentrée 2023, l’école pouvait ainsi se targuer d’avoir 140 étudiantes en 1re année, le plus grand nombre de son histoire. Une performance notable – en France, seule une femme sur 107 est ingénieure (contre un homme sur 28) – mais pas suffisante. « La mission de l’ingénieur aujourd’hui est d’imaginer et de déployer des innovations responsables et utilisables par différents publics, poursuit la dirigeante de l’école d’ingénieurs généraliste. Or, si vous avez une équipe uniquement constituée d’hommes ingénieurs, vous aurez plus de chances d’obtenir inconsciemment une application d’abord pensée pour un usage masculin. C’est un biais de genre et c’est une réalité. Ainsi, quand le système de la régulation de température d’un bâtiment est confié à une équipe d’hommes ingénieurs, ceux-ci le programment très souvent sans penser à la température de confort des femmes, pourtant plus haute. Résultat : on doit ajouter des chauffages d’appoint derrière le bureau de chaque femme. C’est un non-sens énergétique ! »
La nouvelle génération ne se pose plus la question du genre
Anne-Ségolène Abscheidt a aussi été témoin de ce biais. Il faut dire que, dans une précédente vie, l’actuelle directrice générale de l’IPSA, école d’ingénieurs reconnue dans l’aéronautique et le spatial, exerçait en tant qu’officier de marine et ingénieure dans l’armée. Cet environnement historiquement très masculin lui fait se souvenir d’un exemple rencontré lors d’une mission en Afghanistan : « Une équipe d’ingénieurs cherchait à reconstruire rapidement un pont pour faciliter le transit des camions. Sauf qu’une femme militaire leur a fait remarquer qu’ils n’avaient pas pensé aux femmes et enfants qui l’empruntaient à pied au lever du jour et au crépuscule, quand la visibilité était moindre. Elle a donc proposé d’installer des rondins le long du pont pour permettre aux plus fragiles de traverser sans risquer de se faire renverser. Cela illustre la nécessité d’avoir des équipes à la fois diverses et pluridisciplinaires ! »
Par chance, ce genre d’anecdotes tend à être relégué au passé. « La nouvelle génération ne se pose plus la question du genre, se réjouit-elle. À mon époque, les filles étaient bien plus rares dans les écoles d’ingénieurs et certains garçons estimaient même leur place illégitime. Heureusement, tout a bien changé. La preuve avec Les IPSAliennes, une jeune association qui s’est créée pour faciliter encore davantage l’intégration et l’épanouissement des filles dans l’école : un quart de ses membres sont des garçons ! » Une façon de dire que l’évolution des mentalités passe aussi par la vie associative ? L’IPSA est, en tout cas, un bon exemple : sur son campus de Paris, plusieurs de ses associations possèdent à leur tête une présidente ou une vice-présidente. « Nos étudiantes ont pris conscience de leurs capacités d’ingénieures comme de leadership : elles ne s’interdisent pas d’être ambitieuses et je trouve ça fantastique ! »
Parité : les écoles d’ingénieurs ont besoin d’alliés
Bien que motivées, les écoles d’ingénieurs savent qu’elles ne pourront agir seules. C’est ce que pointe Emmanuel Hivert, directeur délégué du Concours Advance en plus d’être directeur du développement stratégique de SupBiotech, école d’ingénieurs en biotechnologies qui, elle, possède plus d’étudiantes que d’étudiants : « Le problème de fond, c’est l’orientation, au collège et lycée comme dans le cercle familial. Il y a un travail d’évangélisation encore à amorcer très tôt, chez les filles comme les garçons. D’ailleurs, la majorité de celles qui décident de rejoindre nos écoles ne le font pas par hasard, mais parce que leurs parents sont déjà dans ce domaine et leur ont transmis cette envie, qu’elles ont été poussées par un professeur ou qu’elles nous ont découvert sur un salon. »
Autre souci, l’absence de role models dans le paysage médiatique. « Passés les exemples de Marie Curie et de Claudie Haigneré, quelle personnalité féminine parle aux jeunes femmes aujourd’hui ? » demande le responsable qui espère toujours un effet d’appel d’air. « Dans le sport, après chaque belle performance collective ou individuelle, on assiste souvent à une recrudescence du nombre de licenciés. Cela devrait aussi pouvoir être le cas en ingénierie ! » D’autant qu’au fil des salons étudiants, il constate régulièrement le fossé entre la réalité du métier d’ingénieur et l’image que s’en font les jeunes filles. « Elles pensent que c’est un métier d’homme car il faudrait être physiquement fort pour mettre les mains dans le cambouis… sauf que c’est faux ! Nous leur expliquons qu’il s’agit d’un métier permettant avant tout de travailler dans quasiment tous les secteurs. On peut être ingénieur en informatique et travailler dans la santé par exemple. Ces filles ne doivent plus s’interdire ces études par crainte de s’enfermer dans un domaine. L’ingénierie, c’est l’ouverture ! »
Des places à prendre pour changer les mentalités aussi en entreprise
Cette pluralité a justement motivé Lisa Castaignede à se lancer dans un cursus en informatique à l’EPITA. « Au lycée, même si j’avais une préférence pour les matières scientifiques et notamment les mathématiques, j’étais surtout intéressée par l’idée de pouvoir résoudre des problèmes au sens large et avoir un profil plus polyvalent et généraliste. » Diplômée en 2020 et devenue consultante en stratégie et transformation digitales, la jeune ingénieure désormais installée en Australie continue de garder cet état d’esprit : « L’informatique est un outil qui permet plein de choses géniales, mais il faut d’abord établir ce qu’on veut en faire et pourquoi l’utiliser. J’aime pouvoir évoluer dans différents secteurs et développer une réflexion en amont en partant du métier du client pour comprendre ses besoins et ses enjeux afin d’ensuite trouver des solutions et proposer des projets de transformation à mener, de nouvelles technologies à adopter… »
Témoin du faible nombre de femmes pendant ses études, Lisa Castaignede n’a pourtant jamais considéré cet écart comme un blocage : « Cela ne m’a pas vraiment gênée ni empêchée d’avancer et de faire les choix de spécialisation que je voulais ! » Et même si elle constate encore ce déséquilibre dans son milieu professionnel (« plus on monte dans la hiérarchie, moins on retrouve de femmes »), la consultante ne verse toujours pas dans le fatalisme. « Cette situation est aussi très motivante : il y a des places à prendre et il va falloir aller les chercher pour montrer l’exemple ! »
À ses yeux, c’est aussi avec ce renouvellement que les mentalités changeront pour de bon. « Les quelques femmes que j’ai pu croiser à un poste élevé dans l’informatique ont souvent un profil similaire au-delà de leurs compétences : elles ont un fort caractère et appartiennent à une génération ayant adopté la façon d’être des hommes en place à ces postes. Heureusement, on a de plus en plus tendance à reconnaître d’autres styles de management moins stéréotypés Plus il y aura de diversité, plus de personnes pourront se projeter facilement ! » Un discours qui ne peut que motiver les écoles d’ingénieurs du Concours Advance à poursuivre leurs efforts.