Aménager le territoire pour réduire les inégalités et lutter contre le décrochage scolaire
digiSchool et ses partenaires déploient des maraudes numériques pour “repérer et mobiliser les jeunes invisibles”. Lauréat d’un appel à projet PIC (Plan d’Investissement dans les compétences), nous essayons de mieux comprendre ce phénomène. Aujourd’hui nous vous proposons un éclairage de Claire Bernot-Caboche, sociologue spécialiste des jeunes invisibles.
SOMMAIRE
Phénomène : les inégalités territoriales
La proximité d’accès à tous les besoins des jeunes est un des piliers d’une insertion réussie, cependant les inégalités de territoire sont criantes suivant notre lieu d’habitation. C’est à l’échelle des regroupements de communes (EPCI) que se joue cette proximité d’accès à l’offre de services dédiés aux jeunes.
Il existe trois ou quatre niveaux d’EPCI : rural, périurbain, urbain et fortement urbanisé. Par exemple, dans un EPCI urbain, les jeunes disposent de plus de 700 structures d’accueil de proximité répondant à l’ensemble de leurs besoins, alors que dans un EPCI rural ce sera moins de 100 et encore beaucoup hors EPCI, engendrant de nombreux besoins non satisfaits.
Les risques associés : entrée en invisibilité
Les difficultés rencontrées par les jeunes dans les territoires ruraux relèvent particulièrement :
1/ De la mobilité obligatoire pour bénéficier de l’offre jeunesse rendue difficile par l’éloignement des structures d’accueil. En exemple, nous pouvons constater la divergence de parcours et de choix d’orientation entre les jeunes urbains et les jeunes ruraux après la 3è.
2/ Du manque de choix d’offres jeunesse de proximité (éducation – formation, information – orientation, prévention – insertion, emploi – accompagnement et vie quotidienne). Les jeunes en situation de handicap sont particulièrement vulnérables face à ces inégalités d’aménagement de territoire, ceux qui souhaitent poursuivre les études de leur choix également.
3/ Du manque de ressources pour accéder aux études et à leur premier emploi, notamment en termes de réseaux et d’interconnexions. L’éloignement, pour étudier ou travailler, coûte très cher aux jeunes, tant d’un point de vue amical, familial qu’économique.
A force de galérer, certains jeunes décrochent de l’école et/ou de la vie et deviennent des jeunes invisibles à la société (ni en éducation, ni en formation, ni en emploi et ni en accompagnement) apportant de la souffrance pour le jeune et ses proches.
Solutions / bonnes pratiques : gérer la proximité et l’accès aux droits
Pour effacer ces inégalités de territoire, il convient notamment de favoriser et d’organiser la mobilité de tous les jeunes, quel que soit son lieu d’habitation, et de décliner les politiques publiques sur les différents types de territoires de manière différenciée pour que tous les jeunes aient accès à l’ensemble de l’offre jeunesse dont ils ont besoin pour s’épanouir et s’intégrer naturellement dans leur vie active :
- Pour les EPCI ruraux, le département,
- Pour les EPCI périurbain, un regroupement d’EPCI,
- Pour les EPCI urbains, l’EPCI,
- Pour les EPCI fortement urbanisés, ils verront parfois leur offre déclinée par quartier.