Venise, entre valorisation touristique et protection du patrimoine

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Venise, l’une des villes les plus visitées au monde, est riche d’un patrimoine culturel exceptionnel. Construite sur un site naturel fragile, elle fait face à une véritable marée de touristes dont le flot incessant menace sa survie.

I. Un patrimoine valorisé

1 ) Un patrimoine remarquable

Venise est située au nord-est de l’Italie sur les rives de l’Adriatique. Étendue sur 118 îlots dans une lagune de 550 km2, Venise devient une puissance maritime à partir du Xe siècle. Centre culturel majeur du XIIIe siècle à la fin du XVIIe siècle, elle abrite de célèbres peintres pendant la Renaissance, dont Titien et Véronèse.

Trait d’union entre l’Orient et l’Occident, la « Sérénissime » survit à travers ses milliers de monuments et vestiges : le palais des Doges, la basilique Saint-Marc, le pont du Rialto, la basilique Santa Maria della Salute, le palais Ca’d’Oro, etc.

La lagune de Venise constitue un exemple éminent d’habitat semi-lacustre. Les vasières y sont alternativement émergées et immergées au gré des marées. Les maisons sur pilotis, des villages comme Burano, font partie de son patrimoine.

2 ) Un tourisme de masse

Près de 30 millions de touristes se rendent à ­Venise chaque année, soit près de 77 000 ­per­sonnes par jour dont 57 000 excursion­nistes venus visiter un centre de 17 km2. Les croisiéristes représentent 1,5 million de visiteurs par an.

Mots-clés

Un touriste est une personne qui passe au minimum une nuit dans le lieu qu’il visite.

Les excursionnistes (dont les croisiéristes) ne dorment pas dans la ville.

Depuis sa réintroduction en 1980, le carnaval de Venise est devenu un événement touristique majeur. La cité des Doges est également prise d’assaut à partir du printemps : le rapport entre le nombre d’habitants et le nombre de visiteurs y est de 1 pour 561. Le tourisme représente près de 12 % du PIB de la ville.

II. Un patrimoine menacé à protéger

1 ) Les menaces environnementales et la pression touristique

Le passage incessant des bateaux touristiques, des paquebots de croisière et la fréquence des hautes eaux (aqua alta) rongent les fondations de la cité.

Les impacts du tourisme sont nombreux : rues bondées, nuisances sonores, hausse des prix de l’immobilier. Les services publics et les commerces de ­proximité laissent la place à des échoppes de souvenirs. Les résidents ne sont plus aujourd’hui que 261 000, dont 56 000 dans le centre historique.

2 ) Protéger un site remarquable

En 1966, des pluies torrentielles provoquent des inondations exceptionnelles dans la ville et des milliers d’œuvres d’art sont détériorées. Le directeur de ­l’Unesco lance un appel à la solidarité internationale.

Venise est inscrite en 1987 au patrimoine mondial de l’Unesco. Afin d’éviter sa submersion, le gouvernement italien lance, en 2003, le projet Mose.

Info

Le projet Mose est un système de 78 digues flottantes qui se relèvent et barrent l’accès à la lagune en cas de montée des eaux de l’Adriatique. Le projet devrait être achevé en 2022.

Les autorités italiennes adoptent en 2016 un « pacte pour Venise » pour préserver la ville et sa lagune de la pression touristique. Dès 2017, la création de nouveaux hôtels dans le centre-ville est interdite. La municipalité cherche à tenir à distance les paquebots de croisière en les accueillant dans le port industriel de Marghera. Des projets visent à faire du quartier de Mestre, excentré et populaire, un nouveau lieu touristique et résidentiel. Développer un tourisme durable plus soucieux de l’environnement est devenu une nécessité.