Légende de la leçon
Violet : amorce
Vert : définition
Rouge : sujet
Bleu : problématique
Jaune : plan
Sujet
Le bonheur est-il inaccessible aux hommes ?
I. L’importance cruciale de l’introduction, quelques lignes à particulièrement soigner
L’introduction est un incontournable de la dissertation, qu’il ne faut surtout pas négliger, pour des raisons de forme et de fond.
1) Au niveau de la forme
Ce sont les premières lignes de ton travail auxquelles le correcteur a accès. La première impression qu’il se fait de ta copie vient de là. Il faut donc particulièrement soigner l’introduction.
De toute façon, elle est la première chose que tu rédiges après le brouillon. Elle fait directement suite à l’élaboration de ta problématique et de ton plan et bénéficie de ton temps de réflexion et de « structuration » de ta pensée.
2) Au niveau du fond
On sait à la lecture d’une introduction, selon sa structure et le contenu qu’elle met en évidence, de quelle qualité sera la copie.
Une introduction bien faite est très souvent le gage d’une bonne copie.
II. Une introduction bien construite
Une introduction bien construite, se passe en quatre temps.
1) L’amorce ou l’accroche
Il s’agit du tout début de ta copie. Quelques lignes qui, tout de suite, donnent le ton et surtout montrent à ton correcteur que cela commence bien.
But : fais preuve de lucidité et de cohérence quant au sujet. L’objectif est d’amener la question du sujet à se poser, prouver sa pertinence, son intérêt, et aussi qu’elle soulève un vrai problème (qui sera mis au jour avec la problématique).
Niveau quantité : consacre entre 5 et 10 lignes à l’accroche. Moins, ce serait trop court pour dire quelque chose de convaincant ; pour autant, si tu en fais plus, tu risques de t’éparpiller.
Exemple d’amorce :
Le bonheur, voici un idéal pour tout un chacun, un objectif de vie immatériel vers lequel l’immense majorité des humains se tourne. Mais qui peut dire, une fois pour toutes et sans que cela puisse changer, qu’il est heureux ? Le bonheur en effet semble bien fragile, alors qu’il se veut un état de plénitude absolue qui ne souffrirait d’aucune intermittence, la vie humaine, le monde humain, semblent faits autrement, mille choses pouvant contrarier nos existences et parfois même tout remettre en question, comme si nous étions des montagnes russes.
À éviter
Les accroches débutant par : « depuis la nuit des temps [...] » On les lit partout, et elles sont majoritairement fausses. Par exemple, écrire : « depuis la nuit des temps, l’homme est en quête de bonheur [...] », c’est faire une double erreur. D’abord, l’homme n’existe pas depuis la nuit des temps, son apparition étant relativement récente par rapport à l’histoire de l’univers. De la même manière pour le bonheur : il n’existe pas sans l’homme.
Les accroches qui accumulent les définitions et ne font que cela. Elles ne réfléchissent pas ni n’amènent au sujet, mais sont trop factuelles. Par exemple : « L’homme est un être vivant doté de conscience. Le bonheur quant à lui est un état de satisfaction continu. »
On voit bien dans l’exemple d’amorce correcte qu’il y a une définition du bonheur mais que l’amorce ne s’y réduit pas. Au contraire, elle l’utilise pour avancer dans la réflexion.
2) Pose la question du sujet telle quelle
Le but de l’amorce étant d’amener la question du sujet, une fois celle-ci achevée, recopie le sujet, de manière fluide, sans aller à la ligne, comme le font les exemples suivants :
Ainsi se pose la question suivante : le bonheur est-il inaccessible aux hommes ?
ou
Ainsi se pose la question de savoir si le bonheur est inaccessible aux hommes.
3) Énonce la problématique
La problématique est un impératif. La question du sujet n’est pas une problématique mais une simple question. Le but de la dissertation est de déterminer quels problèmes soulève un sujet et d'y répondre. C’est en problématisant que tu montres au correcteur ta capacité à lire les enjeux que recèle une question.
Pour correctement problématiser, il faut centrer le questionnement autour du mot-clef et en voir les tenants et aboutissants. Ici, dans notre sujet type, le mot-clef est « inaccessible ». Il faut savoir ce que cela veut dire et se demander pourquoi il serait inaccessible, et au contraire comment il serait accessible.
Attention
Ne change pas le sens du sujet en le problématisant ! Reste bien dans un développement strict de celui-ci !
Il faut placer la problématique en troisième position, juste après le sujet et juste avant l’annonce de plan qui consiste à y répondre.
Toujours dans l’idée d’une fluidité et d’une avancée progressive de l’introduction, il est de bon ton de parfaitement relier la problématique au sujet précédemment copié, en la débutant par exemple par « autrement dit ».
Exemple :
[sujet] Ainsi se pose la question de savoir si le bonheur est inaccessible aux hommes, [problématique] autrement dit, est-il de l’ordre de l’irréalisable dans notre monde d’humains, soumis aux aléas et aux contingences, qui contrarieraient sa nature parfaite, ou peut-il être atteignable en dépit de cela, par d’autres biais ?
4) Annonce le plan
Loin d’être anodine, l’annonce du plan parachève l’introduction, qui se donnera alors à voir comme une version réduite ou un condensé de la dissertation, puisque l’annonce du plan n’est rien d’autre que le déroulé logique de cette dernière.
Pour annoncer ton plan, il faut être à la fois concis et précis : chaque grande partie annoncée devant correspondre à un argument justifié.
Attention
Il ne faut pas évoquer les sous-parties mais seulement les grandes dans l’annonce de plan.
Fais bien attention à scander les différentes étapes de ton argumentation, que le correcteur ne soit pas perdu : « dans un premier temps » ou « d’abord », « dans un second temps » ou « ensuite », « dans un dernier temps » ou « enfin », etc.
Va à la ligne pour la présenter, et débute-la par un lien logique avec la problématique, comme « pour répondre à ce questionnement ».
Exemple :
Pour répondre à ce questionnement, d’abord, il apparaît que le bonheur en effet semble bien inaccessible : il est un idéal, et par définition, l’idéal a bien du mal à exister dans la réalité qui, elle, nous soumet et nous ballotte aux hasards de la fortune. Ensuite, nous verrons aussi qu’à trop vouloir le bonheur, à l’idéaliser et à vouloir à tout prix s’en approcher, l’humain a tendance à s’en éloigner, parce qu’il réfléchit trop et oublie la spontanéité de la vie. Enfin, nous nous demanderons s’il n’est pas possible d’être heureux en décidant simplement de l’être, à l’image du stoïcien aussi imperturbable qu’un roc sur lequel viennent se briser, plus ou moins forts, les flots.
III. Exemple d’une introduction de dissertation intégralement rédigée
Rappel
Il est important que les quatre attentes soient présentes (tu les verras ici précisées entre crochets, cela ne devra évidemment pas apparaître sur ta copie) et qu’elles soient parfaitement reliées entre elles (par des formules de liaison que tu trouveras ci-dessous soulignées).
Voici l’introduction du sujet type traité, intégralement présentée ci-dessous :
[amorce] Le bonheur, voici un idéal pour tout un chacun, un objectif de vie immatériel vers lequel l’immense majorité des humains se tourne. Mais qui peut dire, une fois pour toutes et sans que cela puisse changer, qu’il est heureux ? Le bonheur en effet semble bien fragile, alors qu’il se veut un état de plénitude absolue qui ne souffrirait d’aucune intermittence, la vie humaine, le monde humain, semblent faits autrement, mille choses pouvant contrarier nos existences et parfois même tout remettre en question, comme si nous étions des montagnes russes. [sujet] Ainsi se pose la question de savoir si le bonheur est inaccessible aux hommes, [problématique] autrement dit, est-il de l’ordre de l’irréalisable dans notre monde d’humains, soumis aux aléas et aux contingences, qui contrarieraient sa nature parfaite, ou peut-il être atteignable en dépit de cela, par d’autres biais ?
[annonce du plan] Pour répondre à ce questionnement, d’abord, il apparaît que le bonheur en effet semble bien inaccessible : il est un idéal, et par définition, l’idéal a bien du mal à exister dans la réalité qui elle, nous soumet et nous ballotte aux hasards de la fortune. Ensuite, nous verrons aussi qu’à trop vouloir le bonheur, à l’idéaliser et à vouloir à tout prix s’en approcher, l’humain a tendance à s’en éloigner, parce qu’il réfléchit trop et oublie la spontanéité de la vie. Enfin, nous nous demanderons s’il n’est pas possible d’être heureux en décidant simplement de l’être, à l’image du stoïcien aussi imperturbable qu’un roc sur lequel viennent se briser, plus ou moins forts, les flots.