La puissance maritime, sous-marine et aéronavale, est aujourd’hui la composante essentielle de la dissuasion nucléaire et de la projection de puissance à l’échelle mondiale.
I. Le « thalassokrator » américain
Inégalée depuis 1945, la puissance maritime américaine s’appuie sur un réseau mondial de bases et facilités navales. Forte de 314 bâtiments de combat, dont 10 groupes aéronavals centrés sur des porte-avions géants de classe Nimitz, l’US Navy représente, avec 205 Mds $ de budget, 9 % des dépenses militaires mondiales. 14 SNLE de classe Ohio, embarquant 24 missiles Trident II représentant chacun 2 000 fois la bombe d’Hiroshima, assurent la permanence de la dissuasion nucléaire américaine.
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Les SNLE sont les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, dont la mission consiste à rester cachés au fond des océans en attendant un ordre de frappe nucléaire stratégique.
Les États-Unis entendent maintenir leur puissance navale. La classe de SNLE Columbia remplacera dès 2021 les SNLE Ohio. Un objectif de 350 bâtiments a été annoncé. Malgré les coûts astronomiques des armements modernes, les États-Unis demeurent la seule puissance capable de projeter victorieusement ses forces simultanément en plusieurs points du monde.
II. Les puissances maritimes occidentales
1 ) La France
La France – devant le Royaume-Uni – dispose de capacités de projection de rang mondial. Le groupe aéronaval centré sur le porte-avions Charles‑de‑Gaulle – unique porte-avions nucléaire non américain capable de lancer tous types d’avions – peut intervenir rapidement sur les théâtres d’opérations les plus lointains. Ses six sous-marins nucléaires permettent le contrôle des espaces maritimes et les frappes par missiles de croisière.
La dissuasion nucléaire française repose sur quatre SNLE, emportant des missiles nucléaires intercontinentaux. La France dispose ainsi en permanence d’une capacité de seconde frappe.
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Il s’agit de la capacité de représailles face à un adversaire qui utiliserait l’arme nucléaire en premier.
2 ) Le Royaume-Uni
Première puissance maritime au XIXe siècle, le Royaume-Uni a fait le choix de l’arrimage aux États-Unis : sa dissuasion nucléaire repose ainsi exclusivement sur les SNLE de classe Vanguard équipés de missiles Trident II américains.
Les autres pays « occidentaux » font progresser leurs marines de guerre depuis quelques années, en particulier pour contrer la menace chinoise et faire respecter leur sécurité territoriale (Japon, Australie).
III. L’affirmation des puissances maritimes émergentes
La flotte russe a nettement réduit son format depuis la fin de la guerre froide. Malgré la modernisation engagée par Vladimir Poutine, qui permet le maintien de la dissuasion nucléaire russe, la projection de puissance à partir du vieillissant porte-avions Kouznetsov est illusoire.
La Chine, en revanche, est en plein essor et est à présent la deuxième du monde en tonnage, avec plus de 600 navires de guerre . Cantonnée au plan régional dans les années 2000, sa capacité de projection s’étend progressivement à l’échelle mondiale.
L’Inde, à son tour, a entamé la modernisation de sa flotte de guerre pour construire une stratégie de sécurité et s’affirmer dans l’océan Indien. 7e au monde par le tonnage, la flotte indienne comprend notamment un SNLE pour la dissuasion nucléaire, des sous-marins français Scorpène, et bientôt deux porte-aéronefs.