Les organisations de la société civile peuvent-elles se passer de stratégie ?

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I. Les spécificités des organisations à but non lucratif

Les d’organisations de la société civile regroupent une grande diversité de structures, qui ont en commun la poursuite d’un but non lucratif. Pour autant, le contexte dans lequel elles agissent (raréfaction des ressources, développement du tissu associatif, installation de formes de « concurrence », etc.) ne leur permet plus de faire l’économie d’une démarche stratégique.

Contrairement aux entreprises, les associations ne doivent pas avoir comme objectif le partage des bénéfices. Cependant, l’absence de but lucratif n’interdit pas à une association d’avoir une activité économique, pourvu que les bénéfices qui en proviennent soient affectés à l’objet essentiel de l’association, qui demeure désintéressé. De plus, ces activités ne doivent pas concurrencer de façon déloyale les entreprises du secteur.

Dans les associations, les statuts jouent un rôle particulièrement important. Ils doivent préciser, notamment, l’objet de l’association, ses activités, les organes de direction et les modalités d’exercice du pouvoir. Souvent, les fondateurs précisent dans un préambule les motivations essentielles qui les ont conduits à créer l’association.

Les adhérents ont un droit de regard sur le fonctionnement de l’association. Ils se réunissent régulièrement en assemblée générale ordinaire, parfois en assemblée générale extraordinaire pour des événements ou des prises de décision importantes.

Exemple

Fondés par Coluche en 1985, les Restos du Cœur est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique, sous le nom officiel de « les Restaurants du Cœur – les Relais du Cœur ». L’association a pour but « d’aider et d’apporter une assistance bénévole aux personnes démunies, notamment dans le domaine alimentaire par l’accès à des repas gratuits, et par la participation à leur insertion sociale et économique, ainsi qu’à toute action contre la pauvreté sous toutes ses formes. »

II. Les orientations stratégiques des organisations à but non lucratif

Les stratégies des associations s’expriment essentiellement en termes de développement de leur structure, de mobilisation de leurs ressources financières et humaines, et d’orientation de leur activité.

1) Le développement de l'organisation

Le développement d’une organisation à but non lucratif dépend principalement de sa dimension et de son champ d’action (international, régional…) ainsi que de l’étendue de ses activités. En conséquence, elle a le choix entre s’implanter ou non dans une zone précise, diversifier ou non ses activités, se centrer ou non sur une compétence précise.

Exemple

Emmaüs a choisi progressivement de ne plus se limiter au mal-logement mais de s’intéresser aussi à l’insertion professionnelle des personnes les plus dans le besoin.

Pour développer sa structure et ses activités, une association peut, par exemple, mettre en œuvre des relations de partenariat avec d’autres structures, publiques ou privées, bâtir une politique de communication, élargir la gamme des activités proposées, etc. Le développement d’une association repose principalement sur l’accroissement de ses ressources.

2) L’optimisation des ressources

Une organisation de la société civile peut chercher à optimiser ses ressources. Les ressources financières peuvent être de 3 ordres :

  • les ressources propres de l’association qui sont les adhésions, les recettes de ventes, les recettes de spectacles ou d’animations diverses ;
  • les subventions qui peuvent être versées par une organisation publique : commune, département, région mais aussi ministère, institution européenne, etc. ;
  • les donations et les legs privés qui ne sont possibles que pour les associations reconnues d’utilité publique, c’est-à-dire ayant rempli un certain nombre de critères très stricts.

Une association peut s’engager durablement dans un partenariat avec l’État et obtenir des subventions publiques dès qu’elle exerce une activité se rattachant à un service public et qu’elle accepte un contrôle de son action stratégique et de sa gestion financière. Une association peut également accroître ses ressources financières par la recherche de sponsors ou de mécènes, l’organisation d’événements, etc.

#vidéo

Les bénévoles

 

3) La recherche de ressources humaines

La recherche de ressources humaines est souvent au cœur des stratégies des organisations de la société civile : bien souvent, les associations fonctionnent grâce à leurs bénévoles, qui constituent pour elles une ressource fondamentale. En plus des bénévoles, les associations emploient parfois des salariés, soumis au droit du travail.

On peut aussi trouver des volontaires, dont le statut est à mi-chemin entre les bénévoles et les salariés. Les volontaires perçoivent une indemnité inférieure au Smic et bénéficient d’avantages sociaux (cotisation aux régimes de retraite et chômage).

À savoir

Le mécénat d’entreprise est un soutien financier, humain ou matériel apporté sans contrepartie directe par une entreprise à une association ou activité d’intérêt général (solidarité, environnement, culture, recherche…). Le sponsoring est un contrat par lequel une entreprise finance une association en échange d’une promotion et d’une publicité de sa marque.

4) L’orientation de l’activité

Une organisation de la société civile peut choisir une stratégie visant à orienter son activité :

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III. La mise en œuvre des stratégies des organisations de la société civile

Pour réaliser leurs finalités sociales, culturelles ou sportives, les associations mettent en œuvre un plan stratégique. Il précise les actions prioritaires, les décisions fondamentales concernant les ressources de l’association ou encore l’évolution de ses missions.

Les actions spécifiques qui motivent leur existence conduisent les associations à mettre en place une organisation proche de celle des entreprises. Elles procèdent à des achats, organisent des équipes, mettent en place une logistique et gèrent des budgets. Les grandes associations ont aujourd’hui recours aux mêmes techniques avancées de management que les grandes entreprises : politique de qualité, tableaux de bords sociaux, études de marché, etc.

Comme les autres organisations, les associations sont dans l’obligation de rendre des comptes à leurs parties prenantes. Habituellement, l’assemblée générale annuelle donne lieu à l’approbation d’un rapport moral et d’un rapport financier. Des organisations font des appels publics à la générosité ou bénéficient de subventions publiques. Dès lors, s’impose une exigence de transparence de leurs objectifs et de l’affectation de leurs moyens (par exemple, publication d’un compte d’emploi annuel des ressources collectées auprès du public).

Zoom sur…

« L’ambition des Amis du musée Soulages est de faire rayonner le musée, d’accentuer son rayonnement à travers nos actions. Notre action globale s’inscrit en soutien de l’équipe du musée », explique Bernard Cayzac, le nouveau président, qui a l’ambition d’être le « développeur » de l’association pour les 4 années à venir. L’association compte aujourd’hui 750 membres. À l’aube de son mandat, Bernard Cayzac nourrit plusieurs ambitions. Parmi ses axes de travail, un renforcement de la communication en direction des membres mais également du grand public : « L’idée est d’intéresser davantage de monde à nos actions. C’est un beau challenge. » Une action d’envergure intéresse aussi le président, à savoir une démarche collective aux côtés de Conques et de Sylvanès dans le but de séduire davantage de mécènes : « L’idée est de regrouper les trois sites sous une même bannière pour une action collective en termes de mécénat », résume-t-il.