La tragédie naît comme la comédie dans l’Antiquité grecque, mais elle connaît une existence plus intermittente : elle est le genre dominant du théâtre français aux XVIIe et XVIIIe siècles, avant de connaître un déclin que son timide renouveau au XXe siècle ne parvient pas à endiguer.
I La tragi-comédie
Repère
Mot cléLe mot tragi-comédie est trompeur : il ne s’agit pas d’un mélange de tragédie et de comédie, ni d’une tragédie qui finit bien, mais d’une tragédie irrégulière.
La tragi-comédie est un genre typique du théâtre baroque (fin du XVIe et début du XVIIe siècle). Elle est caractérisée par :
– des intrigues multiples ;
– une grande diversité de lieux ;
– des invraisemblances ;
– une action qui peut s’étendre sur plusieurs années ;
– un goût prononcé pour les coups de théâtre et les péripéties romanesques (enlèvements, déguisements, assassinats, reconnaissances…).
II La tragédie classique
La tragédie est un genre noble, qui s’est peu à peu codifié à partir des années 1630, en se fondant sur les principes développés par le philosophe grec Aristote dans la Poétique (IVe siècle av. J.-C.).
1 Les personnages et l’action
Qu’ils soient d’origine légendaire ou historique, les personnages sont d’un rang élevé, héros de la mythologie (Thésée dans Phèdre de Racine) ou empereurs de l’histoire romaine (Néron dans Britannicus de Racine).
Le sujet doit lui aussi être noble ; il est généralement emprunté à la mythologie (Iphigénie de Racine) ou à l’histoire (Horace de Corneille tire son intrigue d’un célèbre épisode de la tradition romaine).
Les thèmes que la tragédie aborde sont donc essentiellement politiques ou amoureux : l’héroïsme (Le Cid de Corneille), le devoir (Horace de Corneille) ou la passion (Phèdre de Racine).
Le dénouement est généralement malheureux et funeste : la tragédie s’achève souvent par la mort du héros ou de l’héroïne. Il arrive néanmoins qu’il soit heureux : à la fin de Cinna de Corneille, Auguste fait preuve de clémence et pardonne à tous.
2 Les fonctions de la tragédie
La tragédie cherche à émouvoir le spectateur, c’est pourquoi elle exploite souvent la tonalité pathétique.
Selon la définition d’Aristote, la tragédie cherche aussi à inspirer « terreur et pitié » au spectateur, pour que puisse s’effectuer la catharsis. Cette notion, traduite par « purgation des passions », laisse entendre que le spectateur se libère de ses propres passions (telles que l’orgueil ou l’ambition) par le spectacle du sort funeste qu’elles provoquent chez les personnages qui en sont habités.
La tragédie ne cherche donc pas seulement à plaire : elle a aussi pour fonction d’instruire le spectateur.
III La tragédie après le XVIIe siècle
Au XVIIIe siècle, la tragédie reste le genre majeur, celui qui consacre les plus grands auteurs. Voltaire, de son vivant, passait pour l’égal d’un Corneille ou d’un Racine ! Pourtant, la tragédie du XVIIIe siècle ne renouvelle pas le genre.
Elle connaît ensuite un lent déclin, jusqu’aux années 1930 et 1940 où l’on assiste à une sorte de retour du tragique. Des auteurs tels que Cocteau (La Machine infernale, 1934), Giraudoux (Électre, 1937), Sartre (Les Mouches, 1943) ou Anouilh (Antigone, 1944) réécrivent des tragédies antiques dans lesquelles ils semblent trouver des résonances avec l’inquiétant contexte de leur époque.